A Arambol, le plus intéressant, ce ne sont pas les indiens, ce ne sont pas les paysages de cartes postales qui ne servent qu'à faire pleurer nos pauvres amis qui affrontent l'occident et sa froidure dure dure, ce sont tous ceux qui peuplent ce village pour quelques semaines, quelques mois ou quelques années.
Il y a quelques illuminés, gourous étranges, aux allures fluides colorées ou blanches, qui tous promettent au moins la "détoxification" - et y'a du boulot pour certains - si ce n'est, en toute simplicité, la Vérité. Relans de vieux hippies et de new age déjà un peu ringard, communautés souriantes et au discours ésotérico-mystico-très rigolo. Il y a aussi nos bonnes vieilles religions qui du coup se surpassent, parce que le catholicisme et le judaisme à la mode hindou-goa, c'est pas mal non plus : couleurs, processions, chants qui feraient passer les veillées scoutes les plus endiablées pour la messe dominicale à Ste Eugénie (pardon Michel c'est plus fort que moi, les sarkozystes biarrots à caniches te le diront je suis une insolente, d'un autre côté... ne sont-ce pas eux qui chantent à Ste Eugénie tous les dimanche ?...) il y a quelques piercés, bizarrement coiffés, quelques silhouettes indescriptibles se mouvant étrangement sous les cocotiers, mais surtout il y a celui que nous appellerons le babos de base.
Celui que nous fréquentons est très jeune, a donc plutôt entre 30 et 40 ans, il a les cheveux longs, ou si ce n'est plus tout à fait possible, une coiffure travaillée, à base de dreadlocks ou de rasages bizarroides. (le vieux babos blanchissant lui a les cheveux longs et une barbe assortie, on croise Antoine à chaque coin d'égout en somme) Le jeune babos a aussi des tatouages, toujours. Et plutôt grands. Le babos de base porte des bijoux : binti, collier, boucle d'oreille, bracelet, bague de pied et chaîne de cheville pour les filles. Ses tenues sont aussi très travaillées : paréo nonchalamment noué autour de la taille mais comme par hasard du plus bel effet, pantalon thai usé, couleurs vives, les filles ont de jolies jupes et robes aux motifs gais. Très franchement, on ne peut qu'aimer cette allure, surtout dans ce paysage. Le soir on se drape dans un châle ou un paréo. Le babos de base est plutôt bien fichu, il s'entretient à coup de yoga, de gym strange, sans doute aussi d'abdos qu'il doit faire en douce, parce que j'ai jamais vu un babapollon suer en faisant un footing sur la plage. Ni jouer au ballon ou aux raquettes, sans doute interdits par la religion. En revanche sur la plage si on ne médite pas, on jongle, on capoera, on bâton du diable, on diabolo et on joue du djumbe. Ou du violon (un seul). Le babos de base est doré à souhait puisqu'il passe une partie de son année sur la plage à s'activer aux choses sus-nommées.
Le babos de base prend soin de sa personne et consulte aussi des masseurs, des guérisseurs, des magnétiseurs, des acupuncteurs, ne jure que par l'homéopathie pour les plus hardis, et par les plantes en général, qu'il consomme sous toutes ses formes, et toute la journée.
Mais le babos de base malgré son jeune âge, a des enfants. Un en général. De moins de 6 ans. Qu'il porte sur le dos ou dans les bras, nu la plupart du temps et cheveux aux vents. Si c'est une fille, il a un prénom en -a. C'est d'ailleurs une fille en général. Pour l'instant elle ne va pas à l'école, après... on verra. Ces enfants sont les rois des plages, ils mangent des fruits, et puis aussi des fruits secs. Parce que la maman-babos de base ne donne pas à ses enfants des paquets de BN ou du Nutella pour le goûter, elle sort de son joli sac, une jolie petite boîte dans laquelle sont joliment posés des amandes, des galettes de riz et quelques biscuits agréés. Et les parents babos de base restent toujours calmes face ces enfants, on se sent d'ailleurs parfois un peu hystérique à côté d'eux, on doit manquer de fruits secs, de méditation et surtout de plantes.
Le babos de base qui traîne en Inde connaît aussi généralement bien la Thailande.
Mais les babos de base de Goa s'ils ne sont pas toqués sont parfois joliment barrés, rarement basiques et souvent vraiment intéressants et ont su nous faire passer d'excellentes journées en leur compagnie à découvrir encore un nouveau visage de l'Inde.
Enfin, juste retour des choses : sachez qu'en plus de tous ces personnages, il y a sur les plages de Goa des groupes d'indiens qui viennent assister au spectacle des européens. Certaines agences indiennes organisent même des excursions, en bus, vers les plages, avec pique-nique et parfois bières à gogo, "to see white wemen in bikini". La justice existe bien au pays des anciens hippies.
7 commentaires:
Y a pas de mal à se faire du bien, quoi ;-) !
La photo de Gasp avec le petit Indien est adorable : on voit qu'il aime toujours autant les bébés !
Et celles avec le zébu (zébu ?) sont trop drôles.
Merci pour cette balade dans Arambol, on a l'impression de la faire avec vous ! En avez-vous profité pour vous faire masser ??
et de quoi il vit, le babo de base?
Votre récit d'Arambol détonne et fait du bien dans la grisaille nationale ...
Je me dis que parfois je préfèrerai être babos, au moins ils ne piochent pas dans leur compte épargne temps et ne font certainement pas des heures sup pour finir l'année....
L'Inde n'est toujours pas sur notre carnet de route...dommage...
Bonne suite les Toqués.
Les Lipocampeurs
Ouh la la attention aux effluves des herbes Thérèse n'oublie pas que ton périple n'est pas fini.
Merci pour toutes ces lectures passionnantes, et les photos nous font plaisir, ainsi je n' oublie pas vos gentilles frimousses qui commencent à bien me manquer
Bisous
Ici aussi on a nos babos tatoués, amateurs de plantes et jouant du djumbé, éventuellement importés d'Indonésie ou de Thaïlande, coiffés comme tu le dis. On pense à vous quand on se baigne en ce moment, on n'est pas très loin à vol de dauphin.
Bises
Comme ils sont beaux nos babos, bronzés, détendus, heureux, dans les vaguelettes.... Et....
Ulysse, digne fils de babo, tête d'ange...
Rachel la princesse aux bijoux et aux yeux doux...
Gaspounet le phénomène, dresseur de zébus, qui grandit bien vite...
Photo impressionnante, votre bébé posé comme un agneau pascal sur un autel orné d'un swastika...
Comme quoi on a intérêt à bien connaître les cultures !
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