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mardi 12 décembre 2006

La fréquentation du grand monde et ses dramatiques conséquences

Nous avons très tôt mis les enfants au courant de notre projet. D'abord parce qu'il n'est pas dans notre habitude de leur cacher des évènements qui les concernent de près. Ensuite parce qu'on en a un qui est un vrai espion à sixième sens en plus. Et enfin, parce qu'il faut bien l'avouer, on était tellement excités et heureux de notre idée, qu'on avait envie de la partager avec eux.
Du coup, ce qui est formidable c'est qu'ils intègrent toutes les données petit à petit. Il y a eu l'enthousiasme et le n'importe quoi des premiers temps (On ira au Pôle-Nord ? On caressera des tigres blancs ? On mangera des souris ?). Puis il y a eu l'étape où ils ont compris qu'on n'allait pas transposer notre vie tout autour du monde (Qui me donnera les cours de contrebasse ? Et les cours de sport ? Et le solfège ? Et le catoche ? - devinez d'ailleurs qui était toute désignée pour les cours de solfège-catoche-musique-français-maths et qui était désigné pour les cours de nature-foot-récré ? ) Et puis le coup de cafard de notre espion, un soir, dans son lit : "Je ne veux pas quitter mes copains, Aitatxi, Amatxi et Mamie pendant une année, ils vont trop me manquer !" Et puis petit à petit, de camping-car en camping-car, d'heures passées devant notre planisphère en heures passées devant des Atlas, l'odyssée est entrée dans notre vie. Les calculs vont bon train : où Rachel perdra-t-elle sa première dent, d'ailleurs est-ce que la petite souris saura nous trouver, où ULysse fêtera-t-il ses 8 ans, où serons-nous pour Noël, à quoi ressemblera notre sapin, est-ce que les maîtres donneront autant de punitions (record à battre : une semaine et un jour sans punition... ), où Gaspard abandonnera-t-il les couches ? Et s'il n'y avait pas l'étonnement et les questions des autres, on s'étonnerait presque de leur étonnement tant finalement nous avons tous intégré l'idée de notre odyssée. Surtout les enfants en fait.
Donc quand nous leur avons annoncé que cette année nous allions passer Noël en Normandie, chez un oncle et une tante, ils étaient fous de joie. On a pensé à leur expliquer comment ça se passerait, à leur resituer tous les cousins, on a pensé à lister tous ceux pour qui ils allaient faire des (très jolis) cadeaux, à préciser que les modèles de collier qu'ils envisageaient pour les hommes (en grosses perles dans les tons de rose) n'étaient pas parfaitement adaptés, on a même pensé à remettre un peu d'ordre dans la tête de Rachel (si tant est que ce soit possible) qui avait bien enregistré qu'on partait en 2007 et qu'on passait en 2007 le 31 au soir, et qui donc nous voyait partir dans quelques jours.
Mais nous avons réalisé que nous avions oublié de leur préciser que la Normandie se situe en France. Pas très loin de chez mamie, et de Paris, tout simplement. Et pas du tout quelquepart entre le Turkoujnimékistan et l'Indinousarménie.
Nos enfants savent situer les trois-quarts des pays sur le globe. Ils en connaissent la capitale, la superficie, le nombre d'habitants, la religion officielle, quant aux drapeaux, ils sont imbattables.
Mais ils se demandent en combien d'heures d'avion on arrive en Normandie et si le décalage horaire n'est pas trop important.
On va essayer de rétablir le tir.
D'un autre côté, je suis fichue de me perdre pour aller chez Carrouf.
Mais dans Paris, je flaire un H&M à dix rues.

Mais si Monsieur l'Inspecteur de l'Education Nationale, bien sûr qu'il vont apprendre la géographie de la France ! D'ailleurs c'est leur maître de foot-natation-cerf volant-sieste qui s'en chargera. Je m'y engage.

samedi 9 décembre 2006

On avance, on avance on avance


C'est une évidence.
Boulot, gosses, Noël, rhumes, grèves SNCF obligent, c'est la vie sédentaire qui a un peu repris le dessus sur le rêve ces derniers temps chez les Toqués.
Mais on avance tout de même sur des points cruciaux.
Nous avons l'essentiel : 900 albums de musique numérisés.
Nous avons la liste des libraires francophiles dans le monde qui pourront nous sauver la vie en cas de panne sèche de littérature (merci à notre amie Catherine, celle qui lit entre les lignes).
Nous commençons à semer des disques durs pour récupérer des films, séries et dessins animés, je mets même mes élèves à contribution (ils imaginent sans doute qu'ils y gagneront quelques points sur leur moyenne, d'autant plus que la quantité de films numérisés qu'ils possèdent semblent inversement proportionnelle au nombre de points de leur moyenne. Je les laisse imaginer, c'est bon l'imagination, puis je leur expliquerai la notion de gratuité...).
Nous avons aussi, grâce à des indics dont nous préserverons l'anonymat, un super contact au Vietnam qui nous permettra sans doute de trouver la liaison cargot de nos rêves entre le Vietnam et Panama ou Vancouver, pendant que nous nous installerons quelques semaines dans le pays avec nos fameux indics que seront heureux de retrouver leurs petits enfants. Et qui se renseignent sur les modalités pour entrer au Vietnam avec notre maison sur roues, ce qui ne semble pas évident au premier abord.
Nous commandons aussi au Père Noël des choses utiles à l'Odyssée : couteau-suisse et bouquins pour Ulysse, jeux de société pour tous, feutres et poupées Winx pour Rachel (sisi, indispensable !), lecture lecture et lecture pour tous.
Et puis maintenant chaque évènement est le dernier avant l'Odyssée. Quel régal de nous imaginer l'an prochain à Noël, en Inde vraisemblablement !
Et dans l'équipe des Toqués, y'a toujours autant de nouilles, mais presque plus de jambe de bois : le plus grand pas vers notre Odyssée, c'est Gaspard qui est en train de le faire, un pied devant l'autre, et recommencer...

samedi 25 novembre 2006

"Au pire...



... ce ne sera pas la dernière connerie de notre vie" a solennellement déclaré mon cher époux, avant la poignée de main qui scellait notre décision de commander ce camping-car.
C'est fait.
C'est parti.
On est partis !!!
PS : pleure pas maman, on reviendra...

jeudi 23 novembre 2006

Administrativons-nous un peu...

Je sais, ce mot, dans ma bouche, a de quoi de surprendre. Mais il y a des situations où je suis capable d'affronter mon pire cauchemar et même de le gérer.
Mon boulot : alors là, fastoche, l'aubaine, je prends une année de congé parental, puisqu'au moment du départ Gaspard n'aura pas trois ans. Ainsi je touche quelques euros et surtout je conserve mon poste. Merci monsieur ministre !
Le boulot du Jedi : beaucoup moins fastoche à bord de son vaisseau. Certes, étant son propre administrateur, il n'a de comptes à rendre à personne. Mais ensuite la question administrative se pose : doit-il juste suspendre son activité en conservant sa boîte ouverte, la fermer pour la réouvrir ensuite ? (et tous ceux qui l'ont déjà fait savent l'énergie et la paperasse que cela nécessite) Normalement il aura une mission dès son retour, la valeur n'attend pas la durée d'un tour du monde. Ou un truc comme ça. J'avais envie de faire un jeu de mot subtil mais j'ai du mal.
Les assurances : Il va falloir suspendre celle de la voiture je pense. Et puis en prendre une pour nous. Une assurance béton qui nous couvre dans tous les pays du monde. A priori des assurances correspondant à notre projet commencent à fleurir ça et là, comme Avi qui propose des contrats familiaux. Mon administré préféré commence à s'en charger. Nous aurons aussi des cartes bleues avec assurance, en jonglant avec deux, nous pourrions tenir un an. Enfin... mille bidouilles à faire dans ce domaine, qui me comblent déjà de bonheur vous l'imaginez.

Concernant toutes nos autres joies administratives, nous avons trouvé la parfaite alliée en la personne de Mamie Monique, qui en plus a la bonne idée de prendre sa retraite après une longue carrière dans ce domaine. Nous allons lui faire parvenir tous nos courriers, toutes nos factures, et elle s'en chargera. C'est pas beau la vie ? Je me demande si on ne va pas finir par l'embaucher à vie justement parce qu'on risque y prendre goût...
Donc en cas de réclamations, vous savez à qui vous adresser !

mercredi 22 novembre 2006

22 novembre 2006

Et maintenant...
Maintenant ça part dans tous les sens.
On a les passeports biométriques. Ce ne fut pas une mince affaire que de prendre des photos, sans lunettes, sans barettes, sans pencher la tête et surtout sans sourire, mission impossible pour une famille d'imbéciles-heureux pas très bio ni métriques.
On se penche sur la question des visas, mais ce sera sans doute l'occasion d'une semaine parisienne à Pâques, je me sens prête à me sacrifier pour le bien de la famille, vous connaissez ma désormais célèbre devise... (pour ceux qui ont loupé des épisodes) IL faut qu'on se renseigne sur les liaisons maritimes qui vont déterminer certaines parties de notre trajet.
Il faudra convaincre les inspecteurs qu'on peut partir sans le Cned.
Il faut rassurer notre banquière (qu'on embrasse en passant, vous inquiétez pas, on reviendra et mon mari bossera très dur)
IL faut contacter la presse internationale. Bon... disons la locale au moins. Ou au moins la gazette du quartier.
Il faut rassembler le matériel, faire des réserves de films, dessins-animés, musique, de matos informatique et photographique.
Il faut continuer les vaccinations, faire la liste des médocs à emporter.
IL faudra équiper le camping-car, s'occuper des assurances et de toutes les formalités archi-pénibles. Vendre une voiture, garer l'autre, ranger la maison.
Il faut continuer à commander des guides de voyage et rêver, rêver, rêver...
Bon. Y'a presque rien à faire en fait.

Pour le moment c'est mercredi, mercredi c'est sacrifice, dévouement et taxi, la vie continue ! (poil au nez)

samedi 18 novembre 2006

Un itinéraire de Toqués

Bien sûr à l'heure actuelle, notre itinéraire n'est qu'un projet, un rêve.
Nous avons déjà modifié notre projet initial qui prenait en compte toutes nos envies, sauf la lune peut-être.
Nous essayons petit à petit d'être objectifs, raisonnables, et de concilier notre coeur et notre raison, nos coeurs et notre raison. Parce que si pour la partie coeur nous sommes 5, pour la partie raison, si nous parvenons à en reconstituer une seule à nous tous ce sera déjà beaucoup.
Toutefois les grandes lignes sont tracées, nous partons vers l'Est, nous revenons par l'Ouest. La route de la Soie pour commencer, puis l'Asie du Sud-Est, et au retour un passage par l'Amérique centrale et l'Amérique du Nord. Ulysse et Rachel veulent finir par la statue de la liberté. On verra.
Un tour de l'hémisphère Nord. Quand on le trace sur un globe c'est jouissif. Et on le fait chacun dix fois par jours je crois. Parce que forcément le globe a migré au salon et une planisphère tient la place d'honneur dans notre cuisine.
Il a fallu opérer des choix, éliminer l'Afrique et l'Amérique du Sud. Eliminer aussi notre rêve de Moyen-Orient. Mais nous aurons la vie devant nous pour repartir.
De toute façon, nous partons avec un grand principe : sauf les rendez-vous que nous aurons avec les uns et les autres, nous sommes libres. Libres de nous arrêter en fonction des rencontres, des envies des coups de coeur. Libres de modifier notre itinéraire, libre d'écourter l'odyssée même. Pas de la rallonger malheureusement. La raison a ses raisons.

Le camping-car

Le camping-car s'est vite imposé.
D'abord à cause des enfants. Ils sont trois, ils sont petits. Avoir notre maison, de quoi cuisiner, notre salle de bain, nos couchettes et surtout nos livres et nos ordis, c'est quand même important.
Mais ce n'est pas qu'une question de confort c'est aussi un choix : celui de parcourir le monde. Nous voulons voir défiler le monde par nos fenêtre, nous voulons réellement faire le tour du monde. Nous avons toujours aimé rouler, les enfants aussi. Les trajets, c'est l'occasion de grandes discussions métaphysiques, de découvertes inattendues, d'aventures. Ce sera l'occasion aussi de travailler, d'écrire, de lire.
Et puis le camping-car nous permet d'improviser. De décider, au gré de nos coups de coeur, de nos envies, de nos coups de cafard, de partir, bouger, rester, tracer, de changer d'itinéraire, de nous installer un peu ou même de rentrer.

Oui, mais quel camping-car choisir ?
Nous sommes totalement novices. Christophe s'est fait une joie de se lancer dans la lecture de tous les magazines spécialisés qui existent. Notre boîte aux lettres s'est vite remplie de documentations commandées chez tous les constructeurs, je pense qu'il est désormais capable d'écrire une thèse sur le sujet. Et moi d'entamer une carrière d'hôtesse d'accueil sur le salon du camping-car.
Nous avions lu, sur les sites des familles vivant le même genre d'aventure, quelques témoignages et en avions tiré des conclusions. Nous savions le véhicule qu'il nous aurait fallu dans l'idéal. Le problème de l'idéal, c'est qu'il a un prix. Il nous fallait donc décider de nos priorités et faire des concessions.
Nous avons alors passé plusieurs samedi à visiter toutes les concessions de camping-car du coin, et d'ailleurs. Nous avons pu nous faire une idée sur place. Moi j'ai été séduite par ces petites maisons confortables et si bien aménagées, les enfants ont laissé leurs empreintes sur toutes les vitres de tous les modèles d'exposition, choisissant leur siège, leur couchette.
Notre choix s'est vite porté sur une implantation précise : avec capucine (couchette au dessus des sièges conducteur), double dînette (deux tables avec sièges, une de 4 places et une de 2), bien sûr 5 places homologuées, et surtout les couchettes superposées au fond, dans la largeur du camping-car. Parce qu'ainsi les couchettes sont beaucoup plus larges, ce qui nous arrange vu que nous comptons faire dormir deux enfants tête-bêche sur une des couchettes, afin de ne pas avoir à effectuer d'opération de dépliage de banquette tous les soirs, et pour que les enfants aient leur coin à eux. De plus, cette disposition nous a séduits par son côté convivial.
C'est le McLouis Tandy 640 qui a remporté nos suffrages. Il offre un parfait compromis de tout ce que nous recherchons, moi j'apprécie l'implantation intérieure, la décoration plutôt réussie (on voit de tout dans les camping-car), la couleur me plaît (en vrai l'intérieur sera dans les tons orange, ce qui ne nous dépaysera pas trop de notre cuisine), en parlant de cuisine, celle du camping-car est beaucoup mieux équipée que la mienne, je crois que je vais devoir me mettre à cuisiner.
Et Christophe me demande de préciser qu'il a un moteur, ce qui l'arrange. Son défaut majeur : il n'a pas de roues jumelées à l'arrière, ce qui obligera Christophe à changer plus souvent les pneus. Tant pis, on l'encouragera. Et je râlerai aussi sans doute un peu.
Le concessionnaire et le service commercial de Mac Louis semblent intéressés par notre projet, et prêts à nous aider. Contact est pris, nous devons finaliser la commande. Parce que notre camping-car devra recevoir quelques aménagements particuliers et un certain nombre d'options nous sauveront la mise.
Christophe se fera un plaisir de vous raconter les aspects techniques de la chose.
Moi je vous montrerai les photos de l'aménagement intérieur.
C'est une étape importante que nous sommes en train de franchir, dès que la commande sera signée, nous serons un peu partis. Comme si souvent nous ne l'étions pas déjà...

Le point de départ

Un coup de tête tout simplement.
Comme beaucoup de choses dans notre vie et comme ça nous a toujours réussi...
Un soir nous étions, tous les deux, chose exceptionnelle, en voiture, sans enfants. A discuter d'éventuels projets d'agrandissement de notre maison. Et puis du film qu'on allait peut-être aller voir ce soir-là. Et puis de l'avenir proche, et puis l'idée a jailli : "Et si finalement on partait plutôt une année tous ensemble faire le tour du monde ?". En une heure le projet était bouclé et voté.
Voyager on a toujours aimé, mais il faut bien reconnaître que la fin de mes études, nos boulots, la vie parisienne, les naissances successives des enfants, les amis, le déménagement pour Biarritz, le nouveau métier de Christophe, ses déplacements professionnels, mes divers engagements... tout cela nous a bien occupé ces dernières années, qui ont filé à une allure folle. Pendant tout ce temps-là on a regardé les autres partir et voyager, en bavant un peu. Maintenant qu'ils se mettent à leur tour à croître et se multiplier, à déménager, changer de métier, pourquoi ne pas nous mettre nous, à rattraper le temps perdu et à voyager à notre tour ?
Et comme un bon Toqué n'est pas un Toqué modéré...
Les enfants justement, en toute objectivité, on les a plutôt réussis. Ils sont ouverts, curieux, aiment aussi bouger et s'adaptent à tout, très vite, on a envie de voir le monde à travers leurs yeux, et de leur offrir cette chance. Outre des images, des rencontres et une expérience unique, on veut surtout leur donner surtout une ouverture d'esprit précieuse. On a la prétention de croire que grâce à notre Odyssée, ils seront un peu moins fermés et cons que nous. Ulysse rêve face aux bouquins, il veut parler anglais, se faire des copains du bout du monde, caresser un éléphant (à tous les coups il y sera allergique, mais ne le lui dites pas) et il a trois destinations qui lui tiennent à coeur : l'Inde, le Népal et les Etats-Unis. Rachel veut manger du chien, des insectes, et est surtout heureuse d'avoir sa maman comme maîtresse (pourvu que ça dure). Gaspard, indolent compagnon de voyage, aura le plus beau des terrains de jeu.
Ce voyage sera aussi le moyen, pendant une année de nous alléger (aucun rapport avec Gaspard), de nous défaire de nos dépendances matérielles, de nous simplifier la vie. Laisser derrière nous notre fatras superflu, c'est un luxe !
Et enfin, nous allons vivre tous les 5 ensemble pendant un an. Pas éclatés chacun à son travail, son école, ses soucis, sa vie. Nous allons nous resserrer, et profiter les uns des autres, à cette période si douce de la vie des enfants. Tant que nous sommes en forme, tant que nous nous aimons, nous allons savourer la vie.
Nous nous offrons le monde. Tout simplement.