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samedi 29 décembre 2007

Pour qui sonne le glas ?


Le pire est arrivé.

Et quelle est la pire avarie qui puisse arriver en Inde ?
La solitude ? Laissez nous rêver.
La grisaille ? Vague et lointain souvenir.
La turista ? Bizarrement nous y avons échappé mais nous ne perdons pas espoir.
Le coup de soleil ? Déjà vécu et survécu.
La perte du sens de l'humour pourrait être fatale, mais à nous 5 nous en trouvons toujours au moins 3 chez qui il semble sans fin.
La pénurie de nans pourrait être dramatique pour Gaspard, celle de "special tea" pour nous (l'alcool est interdit à la vente hors des alcools-shops dans beaucoup d'endroits en Inde, et dans le Kérala en particulier. Mais il y a des cafés, dans lequel vous trouverez des tables d'européens buvant des meugs de thé, qu'on leur sert dans de jolies théières de grands-mères, en porcelaine et à fleurs et tout, et qui en réalité, cachent de la bière. Les enfants ont bien ri et nous aussi la première fois.) mais ce n'est rien en comparaison de ce qui nous arrive.
La pire panne mécanique qu'on puisse imaginer...

... notre klaxon est mort !
Il montrait quelques signes de faiblesse, semblait bien enroué, il faut dire qu'aucun klaxon européen ne fonctionne autant en une vie qu'un klaxon indien en une semaine.

Le Jedi se bat pour essayer d'en tirer au moins un filet de voix avant que nous puissions nous en procurer un nouveau. D'ici là, je risque me retrouver avec la lourde tâche, en plus de servir de rétroviseur très affûté (remember en Inde on conduit à gauche, je suis indispensable pour les dépassemenents de rickshaws d'éléphants de camions de charrettes de chameaux de bus), d'avoir à jouer du klaxon manuel, un peu comme les supporters de foot, puisque les indiens ignorent l'existence des rétroviseurs (parfois les camions ont bricolé un petit miroir de salle-de-bain, toujours très joliment décoré) et qu'il n'y a que leurs guirlandes de Noël qui clignotent.

On n'envisage pas encore le rapatriement sanitaire mais, au vu du motif, on pourrait presque. Sauf qu'on n'a encore aucune envie de rentrer.
Alors pour 2008, la fin de l'Inde et l'Asie du Sud-Est, souhaitez-nous surtout un nouveau klaxon. Qui eût cru qu'un jour notre famille en manquerait... Mais on n'a vraiment besoin de rien d'autre, sauf de tous vous retrouver cet été pour terminer avec vous en beauté cette année qui s'annonce.

Nous profitons de cette revue mécanique et sylvestro-accoustique pour vous souhaiter à tous, sans klaxon ni tambour, mais avec tout notre enthousiasme toqué, une très bonne année 2008. Nous y serons un peu avant vous et tâchons de vous la préparer du mieux possible. Et puisqu'on parle de bruit, tâchez de rappeler à vos sms qu'à minuit en France, il est 4h30 chez nous, et que même si les coqs se mettent à chanter sur nos fenêtres à cette heure-là, et que les réseaux téléphoniques risquent être saturés, on pourrait bien vous répondre, en fanfare, juste par amitié, lorsqu'il sera 10 ou 11h en Inde...

jeudi 27 décembre 2007

Minuit chretien


Etrangement, même si c'est la vie de Krishna en dessin animé que les enfants regardaient le 24 après-midi, malgré la chaleur, malgré nos vêtements légers, malgré ce dîner de réveillon en bord d'océan, les adaptations indiennes de tubes ancestraux sur lesquels nous avons dansé, les moustiques envahissants, le buffet un chouilla un peu trop épicé et l'absence de champagne, lorsqu'on fête Noël sans tout notre tralala habituel, on se souvient un peu mieux de ce que l'on fête. Même si dans le tralala, il nous manquait quand même la famille.
Mais nous avions celle que nous nous sommes construite pour la circonstance et qui est loin d'être triste. Nos amis anglais, Penny et Brian, rencontrés en Iran et avec qui nous avons vécu l'épopée pakistanaise, nous ont reçu dans leur grande maison de Cochin où ils venaient de poser leur 4x4 depuis quelques jours, encore quasiment vide et au milieu des peintres, mais nous avons apprécié de nous installer dans une maison pour un moment et surtout en si bonne compagnie.
La présence de trois dalmatiens et d'un chaton ont en plus ravi les enfants, pas toujours les parents ou les maîtres...
Pour en revenir à ce Noël hors du commun, le moment que nous attendions avec impatience était la messe de minuit dans la basilique (déformation odyssesque, Ulysse parle désormais de "temples chrétiens" pour les églises...). Il faut dire que contrairement à ce que l'on peut imaginer, du moins ici, à Cochin, Noël est vraiment célébrée. Les rues sont décorées, les maisons aussi, mais pas comme chez nous : le tout est en papier, fait d'étoiles colorées immenses et de petites guirlandes toutes simples. ( D'ailleurs, nos villes feraient bien d'adopter ce genre de décoration ) Les maisons résonnent de chants de Noël, quelques pauvres Pères-Noël transpirants parcourent les rues, mais surtout les crêches et nativités sont fleuries et innombrables.
La basilique était pleine. Mais en fait ici ce n'est pas exceptionnel.
Décorée à l'indienne en revanche, c'est quand même beaucoup plus gai que chez nous, des guirlandes clignotent, à l'intérieur et l'extérieur de l'église, et même l'évêque et les prêtres ont des aubes brillantes et dorées. Nous nous sommes retrouvés assis devant l'autel, sur le sol, pieds-nus, au milieu des femmes. Pour l'occasion elles avaient toutes leur plus beau sari et étaient magnifiques.
Et pourtant, de mémoire de Toqué, jamais on n'a vu messe plus ennuyeuse, plus triste, plus terne. Une horreur. Seule la chorale chante, en anglais ou latin. La messe est dite en anglais et latin. Cherchez l'erreur quand on sait que la majorité de l'assemblée ne parle ni l'une ni bien sûr l'autre langue. Le sermon était en dessous du raz des pâquerettes et plutôt cucul-hors sujet et interminable.
Mais pourtant j'ai été subjuguée par la ferveur de l'assistance. On sentait un recueillement, une foi sincère et profonde bien que très simple. Et c'est ce qui est merveilleux en Inde la ferveur religieuse, et le mélange des religions. Je crois que c'est surtout une des caractéristiques du Kérala. Toute la journée ce sont des chants des processions, des prières de toutes les communautés. A l'heure où je vous parle, on entend la messe diffusée par les hauts-parleurs de la basilique, comme chaque soir. Le matin ce sont les muezzins puis certains temples qui nous réveillent. Dans chaque maison on trouve un autel, une pièce de prière.
Il n'a pas été facile pour nous de rester éveillés durant les deux heures qu'a duré la messe, d'ailleurs vous constaterez sur les photos que certains d'entre nous ont lâché prise au bout de quelques minutes, et comme par hasard ce sont les 3 mêmes qui nous ont réveillés le lendemain matin, pressés de constater si le Père Noël nous avait bien trouvés.
Je vous rassure : il nous a trouvés, et les enfants ont été très gâtés. Finalement un peu trop même, comme toujours. Et nous aussi.

Alors merci à tous pour vos messages, merci à la familia pour son blog-dédicace et ses colis, et promis, l'an prochain, nous serons tous réunis.

lundi 24 décembre 2007

JOYEUX NOEL !!!

Rabani* se joint à nous tous pour vous souhaiter un TRES TRES JOYEUX NOEL (avec 4h30 d'avance pour vous, petits veinards !!!)
Photo prise ce soir vers 20h, sur le petit rond-point en bas de l'avenue de Tamamès.
(*haut personnage du comité des fêtes de Biarritz pour les non-initiés)

"Un mélimélo de notre sapin de noël de Tamamès... pour souhaiter à nos cinq aventuriers un magnifique Noël"
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JOYEUX NOËL à mes Toqués préférés. Je suis par la pensée en liaison constante avec vous. Vos photos m’accompagnent en permanence pendant mes longues journées d’immobilité. Racontez nous Noël en Inde. Bisous par milliers pour Ulysse la malice, Rachel la belle, Gaspard le malabar ! sans oublier mon fils préféré (et unique) et ma jolie-fille. JP, Mélanie, Lucie (et Naomie) vous embrassent ainsi qu’Alexis qui lui est en vacances au Maroc.
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Ah malheureux Toqués !
Loin de tout confort matériel, de toute source de culture civilisée, livrés à eux mêmes et au bon vouloir d'indigènes peu orthodoxes aux moeurs inquiétantes. Ils nous exhibent fièrement des quantités indécentes de clichés de ces trois bambins, partis mignons, blancs, propres et polis, destinés aux plus hautes sphères sous nos lattitudes respectables, et devenus en quelques mois des sauvageons décadents au visage buriné, aux cheveux dans les yeux, et aux ongles crasseux.

Alors joyeux Noël tout de même, espérons que les lumières chrétiennes sauront aider à la reconnexion synaptique de vos parents dégénérés, et que les voies de la raison vous feront revenir au plus vite vers nos contrées policées. Je pense qu'un stage chez leur oncle à Paris sera alors nécessaire à la réinsertion de vos trois rejetons, afin d'économiser de pénibles années de pension à Bétharram.

Je vous embrasse malgré tout très fort en espérant que le souvenir du tonton Simon raisonnable et parfait en tous points vous aidera à limiter les déviances inhérentes à vos ridicules tribulations rastaquouéresques.
Joyeux Noël les sauvages !

ps : Pour illustration une photo de ce fameux oncle accompagné d'une brillante scientifique au petit matin dans les transports en commun après une nuit de réunion dans un cercle universitaire.
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JOYEUX NOEL, les amis !!
Vous nous avez donné des idées... Cette année, nous aussi, on passe un Noël zen !
Mille bisous !
(J'ai abusé de mon statut de ouebmistress et du fait que je détiens les codes secrets du blog pour me taper l'incruste dans les messages de Noël de la famille ;-))

dimanche 23 décembre 2007

Bons baisers de Fort Cochin


On vous l'avait raconté, il y a parfois quelques moments difficiles, quelques plans un peu foireux au cours de notre odyssée. Mais nous en sommes désormais certains : après la pluie vient le beau temps, après un ratage vient systématiquement une bonne surprise (si si c'est scientifique), même si après les cocotiers viennent encore et toujours les cocotiers.

Lorsque nous avons quitté notre petit coin de paradis de Gokarna, toujours accompagnés de Pavlo et Ivan, deux jeunes ukrainiens charmants voyageants en auto-stop, nous avons trouvé un nouveau coin très tranquille, si l'on excepte nos admirateurs plutôt nombreux à la sortie de l'école. Nouveauté toutefois pour la Toquée : la baignade habillée. En territoire musulman et hindou, inutile d'en rajouter au spectacle. Nous y avons passé une soirée sympa, dans les charmes du voyage il y a ces moments où on se retrouve dans le Toqcar à regarder des photos d'Ouzbékhistan, avec des ukrainiens, sur une plage du Sud de l'Inde.

Le lendemain nous avions l'intention de camper sur une plage qu'on nous avait indiquée dans le Kerala. Il faut tout de même dire que cette région d'Inde est splendide : une nature foisonnante verte, colorée, tropicale, des canaux - les backwaters - absolument partout, ce qui vous laisse tout de même imaginer le climat, très chaud et très humide et les bestioles, très envahissantes. Arrivés à l'endroit prévu en beaucoup plus de temps que prévu, nous avons réalisé que la plage en question était en bord de route, ce qui signifie très exposée aux passants et avons, avec l'optimisme qui nous caractérise, décidé de poursuivre notre chemin afin de trouver mieux. C'est ainsi qu'en pleine nuit, après une route un peu compliquée, que n'ont pas arrangé les vomissements d'Ulysse, la diarrhée de Gaspard ni le semi-enlisement du Toqcar dans un endroit que nous serions bien incapable de placer sur une carte d'Inde mais où en moins d'une minute nous ont rejoint plus de 60 personnes (on les a comptés), nous nous sommes posés, non loin de la mer, dans un champ, apparemment désert que son propriétaire nous prêtait. En moins d'une minute c'était 100 jeunes surexcités qui entouraient le Toqcar, frappant à la porte, aux fenêtre, riant, criant, nous obligeant à nous calfeutrer à l'intérieur. C'est là que nous apprécions l'air conditionné et nos volets. J'ai cru que j'allais péter une durite même si je ne sais pas ce que c'est, et que mon doux époux allait étrangler quelque indien et lui enseigner la non-non-violence. Nos courageux ukrainiens sont partis nous chercher un remède alcoolisé à la première ville, nous avons organisé une de nos fameuses soirées vidéo pour les enfants, et avons fini par beaucoup rire et nous coucher un peu trop tard.

De toute façon, vu que toute la nuit, les rickshaws, les motos et tous les environs ont défilé à notre porte, nous ne risquions pas beaucoup dormir. Nos jeunes invités ont quand même monté leur tente sur la plage.

A 6h30 le matin, enfants et adultes étaient déjà très nombreux autour du camping-car, et très bruyants (dans ces cas-là beaucoup ont leur brosse à dents à la bouche, ils viennent faire leur toilette en nous regardant), et nous avons vu nos amis campeurs arriver, une demie-heure plus tard, entourés d'une troupe de 50 enfants, qui leur ont fait l'honneur de leur chanter une chanson devant la tente pour les réveiller...

Nous avons pris la fuite, la route nous a conduits à un bac, moment réjouissant pour tous, et après avoir de nouveau quitté de nouveaux amis, nous avons filé dans la direction de Cochin.

C'était la pluie.

Le beau-temps le voici : après avoir visité un lieu où les cornacs chouchoutent les éléphants consacrés à des cérémonies religieuses, nous nous sommes retrouvés par le plus grand des hasards et beaucoup de culot (il en faut en matière de météo), dans un village de pêcheurs à une soixantaine de kilomètres au Nord de Cochin. En plus des paysages idylliques, les habitants ont été plutôt discrets et totalement absents de nos parrages dès la tombée de la nuit, et surtout nous y avons fait des rencontres passionnantes. Sree, lycéenne de 17 ans, qui avec sa famille nous a expliqué leur vie et la façon dont les cocotiers servent à tout : nourriture, fabrication de la corde, des murs, des nattes, des toitures, de jouets, de balais etc etc. Vraiment formidable pour nous européens empotés de voir à quel point on peut vivre en totale harmonie avec la nature et dans la plus grande simplicité (mais pour certains aussi quand même une grande pauvreté). Christophe s'est aussi fait un ami avec qui il a passé de longues soirées à bavarder et qui nous a invités à partager un petit-déjeuner chez lui, sous les portraits de Gandhi et de Marx, puisqu'il faut savoir que le Kerala est un état marxiste. Mais d'une belle mixité religieuse : les temples cotoient les églises qui jouxtent les mosquées (et tous s'en donnent à coeur joie le matin dès 5h, le bonheur).Nous avons pu découvrir la fabrication de bateaux et avons été invités à l'inauguration d'un festival de musique qui aura lieu en janvier (ils voulaient tous qu'on revienne), nous avions pour une fois une excuse pour ne pas écouter les discours des officiels, les enfants ont fait des parties endiablées de bouée de pêche sur les filets des pêcheurs, le tout sur un fond de soleil couchant avec bancs de dauphins qui passent au loin... comment vous dire... tout simplement de quoi faire rêver mon tonton Cristobal.

Nous sommes repartis totalement réconciliés avec les indiens et l'Inde, qui est vraiment comme ses saisons, sans nuance aucune, capable du pire et du meilleur.

Nous aurions beaucoup à vous raconter sur tout ce que nous avons appris, découvert sur l'Inde, sur nous, sur les réactions des enfants, le succès de Babar qui parle Mayalaram et est propre (dieu merci car les couches indiennes sont trop petites pour lui), sur Ulysse et Rachel qui parlent de mieux en mieux anglais, mais nous avons un nouvel objectif : nous mettre enfin dans le bain de Noel. Nous sommes chez nos amis anglais rencontrés en Iran, à Fort Cochin. C'est beau, c'est reposant. Nous allons décorer la maison, faire quelques courses top-secrètes, demain soir nous dînons au restaurant en bord de mer, puis messe de minuit à la basilique et le 25 nous mijotons tous ensemble un festin anglo-franco-indien et qui sait... peut-être le Père Noel nous aura-t-il trouvés. Mais avant de partir il devra se découvrir, dehors il fait très très chaud.

Joyeux Noël à tous !

lundi 17 décembre 2007

Notre cabane au Karnata


"Moi je la trouve super votre cabane !" s'est écriée Kayla, 5 ans, princesse d'Arambol, après avoir passé un moment à jouer avec les enfants dans le Toqcar. Il faut dire qu'elle en a vu des enfants ces derniers temps notre cabane. Les rencontres sont encore allées bon-train à Goa. Il y avait les autochtones et leur ribambelle de filles, qui, après de folles baignades, se sont régalées de projections d'épisodes des Winx (merci Christian !) tandis que nous refaisions encore et toujours le monde à notre image avec leurs parents et puis il y avait, pour notre plus grande joie à tous, deux autres familles de camping-caristes. Samuel et Céline et leurs filles de 8 et 2 ans, Ilda et Zélie, + quelques souris clandestines, de vraies voyageurs avertis puisqu'ils ont déjà parcourus pas mal de continents, qu'ils sont les pros de l'école en voyage pour l'avoir fait régulièrement jusqu'en troisième pour leur fille aînée... Pénélope ! Ils en ramènent textes et dessins qui leur permettent de faire de beaux carnets de voyage, agréables à lire pour grands et petits, colorés, drôles, intéressants, que vous pouvez admirer ici et acheter sans modération. Mais aussi Roland et Catherine avec Patrick, Sarah, Mathilde et Samuel (17, 14, 11 et 7 ans), voyageurs novices et baignants dans les affres du CNED. Puis Richard et Marithé, retraités voyageurs heureux.
Echanges de bouquins, de mécanique, de connecteurs logiques, de poèmes, de tables de multiplications, d'infos, d'anecdotes, d'ouvres-boîtes, de bons plans et d'enfants nous ont vraiment reposés.
Mais comme toujours, c'est le principe de l'Odyssée, il a fallu quitter tout ce beau monde, et c'est Ulysse qui a eu le plus de mal à quitter son amie Ilda même s'il sait comme nous que nous allons encore vers de belles et nouvelles aventures.
Grâce à eux, nous avons eu les indications pour parvenir dans ce petit coin de paradis du Karnataka où pour deux jours nous posons nos nattes (et nos auto-stoppeurs ukrainiens, on ne s'ennuie jamais en voyage), même si nous ne savons pas encore vraiment comment nous allons pouvoir nous extirper de ce chemin qui nous promet une belle marche-arrière, et où nous pensons bien fort à notre vieille et bedonnante NdeB préférée, sans l'assistance de laquelle ce blog aurait du mal à tourner et qui fête aujourd'hui ses tdeux ans.
Joyeux anniversaire Nathalie, prépare-nous un beau bébé pour notre retour !

ps : toujours soucieux de nous tenir informes de l'actualite internationale, nous remercions celle de mes amies qui vient de se reabonner a Voici - elle s'appelle N, est marraine d'un de mes enfants mais ne vit pas a B n'insistez pas je n'en dirai pas davantage - de se debrouiller pour me garder le prochain au chaud puisque c'est quelqu'un qui m' a dit que les babos de Goa n'etaient pas les seuls a aimer les prenoms en -a...

samedi 15 décembre 2007

Let's Goa


A Arambol, le plus intéressant, ce ne sont pas les indiens, ce ne sont pas les paysages de cartes postales qui ne servent qu'à faire pleurer nos pauvres amis qui affrontent l'occident et sa froidure dure dure, ce sont tous ceux qui peuplent ce village pour quelques semaines, quelques mois ou quelques années.

Il y a quelques illuminés, gourous étranges, aux allures fluides colorées ou blanches, qui tous promettent au moins la "détoxification" - et y'a du boulot pour certains - si ce n'est, en toute simplicité, la Vérité. Relans de vieux hippies et de new age déjà un peu ringard, communautés souriantes et au discours ésotérico-mystico-très rigolo. Il y a aussi nos bonnes vieilles religions qui du coup se surpassent, parce que le catholicisme et le judaisme à la mode hindou-goa, c'est pas mal non plus : couleurs, processions, chants qui feraient passer les veillées scoutes les plus endiablées pour la messe dominicale à Ste Eugénie (pardon Michel c'est plus fort que moi, les sarkozystes biarrots à caniches te le diront je suis une insolente, d'un autre côté... ne sont-ce pas eux qui chantent à Ste Eugénie tous les dimanche ?...) il y a quelques piercés, bizarrement coiffés, quelques silhouettes indescriptibles se mouvant étrangement sous les cocotiers, mais surtout il y a celui que nous appellerons le babos de base.

Celui que nous fréquentons est très jeune, a donc plutôt entre 30 et 40 ans, il a les cheveux longs, ou si ce n'est plus tout à fait possible, une coiffure travaillée, à base de dreadlocks ou de rasages bizarroides. (le vieux babos blanchissant lui a les cheveux longs et une barbe assortie, on croise Antoine à chaque coin d'égout en somme) Le jeune babos a aussi des tatouages, toujours. Et plutôt grands. Le babos de base porte des bijoux : binti, collier, boucle d'oreille, bracelet, bague de pied et chaîne de cheville pour les filles. Ses tenues sont aussi très travaillées : paréo nonchalamment noué autour de la taille mais comme par hasard du plus bel effet, pantalon thai usé, couleurs vives, les filles ont de jolies jupes et robes aux motifs gais. Très franchement, on ne peut qu'aimer cette allure, surtout dans ce paysage. Le soir on se drape dans un châle ou un paréo. Le babos de base est plutôt bien fichu, il s'entretient à coup de yoga, de gym strange, sans doute aussi d'abdos qu'il doit faire en douce, parce que j'ai jamais vu un babapollon suer en faisant un footing sur la plage. Ni jouer au ballon ou aux raquettes, sans doute interdits par la religion. En revanche sur la plage si on ne médite pas, on jongle, on capoera, on bâton du diable, on diabolo et on joue du djumbe. Ou du violon (un seul). Le babos de base est doré à souhait puisqu'il passe une partie de son année sur la plage à s'activer aux choses sus-nommées.

Le babos de base prend soin de sa personne et consulte aussi des masseurs, des guérisseurs, des magnétiseurs, des acupuncteurs, ne jure que par l'homéopathie pour les plus hardis, et par les plantes en général, qu'il consomme sous toutes ses formes, et toute la journée.

Mais le babos de base malgré son jeune âge, a des enfants. Un en général. De moins de 6 ans. Qu'il porte sur le dos ou dans les bras, nu la plupart du temps et cheveux aux vents. Si c'est une fille, il a un prénom en -a. C'est d'ailleurs une fille en général. Pour l'instant elle ne va pas à l'école, après... on verra. Ces enfants sont les rois des plages, ils mangent des fruits, et puis aussi des fruits secs. Parce que la maman-babos de base ne donne pas à ses enfants des paquets de BN ou du Nutella pour le goûter, elle sort de son joli sac, une jolie petite boîte dans laquelle sont joliment posés des amandes, des galettes de riz et quelques biscuits agréés. Et les parents babos de base restent toujours calmes face ces enfants, on se sent d'ailleurs parfois un peu hystérique à côté d'eux, on doit manquer de fruits secs, de méditation et surtout de plantes.

Le babos de base qui traîne en Inde connaît aussi généralement bien la Thailande.

Mais les babos de base de Goa s'ils ne sont pas toqués sont parfois joliment barrés, rarement basiques et souvent vraiment intéressants et ont su nous faire passer d'excellentes journées en leur compagnie à découvrir encore un nouveau visage de l'Inde.

Enfin, juste retour des choses : sachez qu'en plus de tous ces personnages, il y a sur les plages de Goa des groupes d'indiens qui viennent assister au spectacle des européens. Certaines agences indiennes organisent même des excursions, en bus, vers les plages, avec pique-nique et parfois bières à gogo, "to see white wemen in bikini". La justice existe bien au pays des anciens hippies.

mardi 11 décembre 2007

Mort aux vaches !


C'est pas tellement qu'elles sont partout, dans les rues, sur la plage, autour du Toqcar, que certaines nous font peur avec leurs énormes cornes et leurs bosses bizarroides, sans parler du fait qu'à force de manger le plastique et tous les détritus qu'elles trouvent elles ont sans doute un peu muté, pas tellement le fait qu'elles nous chargent de temps en temps - à ce propos autant vous dire que les vachettes basques vont nous faire rire - mais chez les Toqués on vendrait tongs et saris pour un bon steak.
Un steak. De vache moche, de vache folle, de vache avec ou sans tâche, de vache à lait, de vache qui rit, de veau mignon, on n'est pas difficiles.
Rachel rêve d'une virée à l'Entrecôte et son récit ému, détaillé de chaque saveur, de ce jour où elle y a mangé avec ses grands-parents a de quoi faire pleurer dans les camping-cars.
Christophe et moi on irait bien déjeuner chez nos parents pour manger une entrecôte, bien grillée avec du poivre dessus mais saignante à l'intérieur, au barbecue dimanche prochain. Remarque... peut-être que ce n'est pas tout à fait la saison des barbecues chez vous...
Ulysse est prêt à manger n'importe quelle viande.
Et Gaspard lui rêve de yaourts au chocolat. N'empêche qu'il y a deux jours il m'a mordu les fesses et j'ose espérer qu'elles ressemblent tout de même davantage à de la viande qu'à de la Danette.

Certes depuis notre arrivée en Inde, on a réfléchi à la question, et à l'intelligence du régime végétarien pour lutter contre la famine : des universitaires ont calculé qu'en diminuant de 10% notre consommation de viande, on pourrait nourrir 60 millions de personnes dans le monde grâce à la culture des légumes et céréales. Mais bon, nous on l'a diminuée de 100% et on va diminuer ce pourcentage dès ce soir.

Pour fêter nos 4 mois d'Odyssée nous nous offrons de la viande.

Et la viande sur une plage de Goa, à la nuit tonbée, je pense que ça peut aussi faire pleurer au coin des cheminées.

dimanche 9 décembre 2007

Jouez avec les Toqués


Parmi les bizarreries indiennes, nous avons remarqué ce panneau, assez fréquent sur les grandes routes (je n'ose les appeler autoroutes parce que vous devez imaginer des autoroutes que traversent tous les animaux, que parcourent toutes sortes de charettes, de rickshaws, de deux-roues, trois-roues, piétons, et le tout même en sens inverse, dont les barrières sont jonchées de linge qui sèche grâce au passage des véhicules, sans compter que toutes ces routes sont sans cesse en travaux ; il y a tout de même des péages, mais en général, on nous laisse passer gratos avec un sourire et un "welcome !" qui font chaud au coeur).
Alors jouez avec nous et essayez de trouver la signification de ce panneau.

On a pensé à :

"Ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier"
"Mais non mais non le BO n'est pas fichu"
"Pierre qui roule n'amasse pas chili"
"La nuit tous les pois sont rouges"

A vos hypothèses.
Celui qui en trouvera le vrai sens gagnera un peu de sable de Goa, une étoile de mer séchée ou une carte postale écrite par Babar le roi des plages.

vendredi 7 décembre 2007

Roulez Toqués


L'Inde est merveilleuse mais fatigante. Il faut y être allé pour imaginer le niveau sonore des villes, la circulation, les klaxons permanents, sans parler des mariages, visiblement quotidiens à cette époque, assortis de feux d'artifices (pluri-nocturnes donc). Et puis les indiens sont trèèèèèèès nombreux et trèèèèèèèès curieux et trèèèèèèèès tactiles. Bref, notre séjour a Udaipur s'est soldé par la certitude qu'il nous fallait de l'air. Et comme notre planning est tenu par cette fameuse traversée maritime, pas encore bookée vers la mi-janvier et Noël à Cochin avec nos amis anglais (le coeur toqué a ses raisons), nous avons décidé de tracer vers le Sud. Le principe est simple quand on a un Toqcar que l'on peut garer n'importe où pour passer la nuit. Franchement après notre épopée pakistanaise la route ne nous fait plus peur, même sans escorte !

Nous souhaitions tout de même passer quelques jours à Hampi, visiblement joyaux architectural dans une nature incroyable, et lieu encore assez préservé du tourisme. Tu m'étonnes Simone... Nous devions y arriver hier soir. Et nous croyions avoir tout vu en matière de routes pourries. Que nenni Marie. Je peux vous dire que notre chauffeur est très doué - d'ailleurs un de ces quatre je composerai un poème épico-romantique à sa gloire - mais vers les 16h, après avoir parcouru les derniers 20 kilomètres en plus de deux heures et voyant qu'il nous en retait toujours 150 à faire, nous avons eu le même moment de lucidité : il valait mieux faire demi-tour, pour la seconde fois de notre odyssée. Rachel s'est mise à pleurer, désespérée. Nous avons été émus de voir qu'elle tenait tant à visiter ce site... en fait elle croyait qu'on rentrait à la maison, que faire demi-tour signifiait la fin de notre périple. Elle s'est vite consolée quand elle a compris que notre plan était de nous rendre à Goa, et de faire une petite surprise à Nicolas-Mochton, Marina et Kayla qui viennent d'y ouvrir un restau, dans le Nord de l'état.

Nous avons calculé que nous devrions pouvoir y arriver vers les 21h.

A 1h du matin, nous arrivions dans ce que nous pensions pouvoir être leur ville, Arambol, et remontions en marche arrière, et un peu sur les nerfs, une ruelle pas du tout adaptée à notre Toqcar et qui s'avérait être un beau cul de sac dans lequel nous nous serions arrêtés pour une nuit porte-conseil si d'une part la rue n'était pas totalement en pente, d'autre part elle n'était composée que d'échoppes qui rendraient tout mouvement de notre part impossible le lendemain. Heureusement un boulanger du coin nous a montré où nous pouvions nous installer, coup de bol parce que les rues sont archi-vides à cette heure-là. Nous avons couché nos troupes bien bercées par la route mais que nous ne pouvions pas détacher vu les turbulences, épuisés mais ravis d'être arrivés, et d'en avoir fini avec ces routes incroyables qui deviennent carrément affolantes la nuit.

Ulysse et Rachel avaient pour consigne de ne réveiller personne le matin. Nous devons avoir un réel problème temporel parce qu'à 7h30 ils ont eu la bonne idée d'ouvrir leur volet... et là... comment ne pas partager leur joie avec toute la famille...

Et comme le monde est petit, à 8h, c'est notre Mochton qui passant de son restau à sa maison, nous a repérés. Jour de fête, il a fermé le restau mais nous a déjà un peu régalés.

Pour le reste pas besoin de grands discours. Ulysse a encore déclaré que c'était le plus beau jour de sa vie. L'océan indien c'est chaud mais faut faire attention aux crabes poissons et dauphins. Faut quand même aussi faire attention aux noix de coco qui tombent des arbres. Goa c'est un monde à part dans l'Inde, le côté touristique - tout est relatif on évite les pires endroits - est pour nous très reposant, le côté baba-cool hilarant, on va pouvoir manger de la viande et des gateaux au chocolat et des yaourts.

Bref, le vert paradis des amours enfantines (ou vieillissantes) n'est pas plus loin, je crois, que l'Inde et que la Chine.

PS : pour les photos promis on y va doucement, âmes sensibles ou jalouses s'abstenir tout de même.

PPS : Avis aux amateurs : on reste dans les environs sans doute 2 semaines, d'abord un peu ici au Nord, puis tout au Sud, dans des contrées encore désertiques.

lundi 3 décembre 2007

La vie continue...

Même sans nous, si c'est pas fou, ça...

Certains de nos aïeux nous quittent, mais certains de nos amis se multiplient.
Bienvenue au petit Léonard né à Tahiti le 28 novembre et à Maia pas si petite née le 2 decembre à Bayonne ! Puissiez-vous être aussi fous que vos mères, aussi mignons que vos aînés et puissions-nous passer avec vous d'aussi bons moments que ceux que nous avons partagés avec vos parents avant votre naissance !
Les Cécile et leurs familles, on vous embrasse fort.

Vive la vie !

samedi 1 décembre 2007

Aux Toqués les mains pleines


Le moment crucial, durant l'odyssée, c'est, lorsque nous arrivons dans la ville où nous avons prévu de nous arrêter, la recherche d'un bon lieu où poser nos 4 roues. Moment toujours un peu tendu. D'abord parce que nous avons la route dans les pattes, et Ulysse qui, invariablement, vient se coller entre nous, sur nos épaules, et commente commente commente nous crie dans les oreilles se mêle de nos affaires bouge dans tous les sens, invariablement. Sans compter que parfois le timing n'a pas été parfait et nous arrivons après la nuit tombée...

En fait la difficulté est certes de trouver un lieu sûr, mais surtout un lieu tranquille, un peu à l'écart de la foule et des curieux, si possible un lieu où les enfants peuvent sortir pour jouer devant la porte, un lieu assez central pour nous permettre toutes les visites que nous souhaitons, et suffisamment agréable pour que nous puissions y vivre un peu mais avant toute chose un lieu où on nous accepte. Et où on ne nous demande pas le prix d'une suite royale juste pour jouir d'un parking poucrave.

J'ai parfois, mais rarement, des pistes. Plus généralement je repère sur le plan de la ville (oui c'est une autre difficulté que de m'avoir comme copilote) le ou les quartiers où nous pourrions nous installer, je repère quelques hôtels bien placés et dont la description laisse penser qu'ils ont un parking, un jardin, de la place. Ensuite il faut se frayer un chemin dans la ville (on s'est déjà paumés dans le grand bazar d'Istambul, engagés dans les petites rues de nombreuses villes sans être sûrs que nous allions pouvoir en sortir), et puis on s'arrête devant les hôtels, les parkings, on tourne autour des parcs, des musées, on demande, on retourne, nos espoirs sont parfois déçus, et à chaque fois que nous nous arrêtons pour prospecter (et ce peut être long parce que nous sommes en Inde et parce que notre demande interloque souvent) l'ambiance dans le Toq'car va crescendo puisque les enfants finissent par tous se détacher, par envahir nos sièges, les couchettes, par avoir envie de descendre, sans compter qu'à chaque fois nous sommes encerclés en quelques minutes par une troupe de curieux, le pire étant si nous nous trouvons à proximité d'une école à l'heure de la sortie...

Il y a des périodes de loose totale, où on cherche longuement et on finit par se rabattre sur un pauvre parking moche et noir et cher et mal placé et bruyant.

Mais il y a des périodes comme celle que nous vivons où nous avons de la chance.

A Jaipur, déjà nous n'étions pas mal installés du tout. Puis arrivés à Chittaurgarh, nous ne savions pas du tout comment étaient faits les lieux, nous nous sommes trouvés face à un barrage de police nous disant que l'accès au site nous était interdit ou quelque chose dans le genre. Nous avons pris une autre route, sans nous émouvoir, puis avons commencé à monter vers la forteresse en priant pour que la route reste suffisamment large, de même que ces très belles portes sculptées sous lesquelles nous passions. En haut de nouveau on nous arrête à l'entrée du site, on essaie de demander si on peut dormir à l'intérieur, on a du mal à se comprendre, ils nous disent qu'ils ferment une demie-heure plus tard, on finit par leur demander juste de nous laisser aller voir. Et on tombe sur un parking, parfait et vide, en face de la Tour de la victoire. J'avais lu dans le guide que le lieu méritait un détour, mais nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre. Personne ne nous demande rien, on ne demande rien à personne, on se pose, on fonce et on a droit au plus beau des couchers de soleil, sur des temples comme nous n'en avions encore jamais vus, envahis par les singes et par une musique mi techno-mi mystique, on assiste, seuls, à une cérémonie étrange, au milieu des fumées d'encens, du tintement de clochettes et sous le regard inquiétant d'une immense statue de Shiva.

Ulysse et Rachel se croyait aux cités d'or, nous en plein Indiana Jones.

Franchement, il ne manquait qu'Harrison et mon bonheur était parfait.

Nous avons pu dormir là, visiter le site entier, superbe, le lendemain.

Et à Udaipur, hier soir, nous sommes tombés, par hasard, après quelques errances infructueuses mais pas trop longues en ville, sur un hôtel parfait pour nous, dont les employés se sont mis en quatre, y compris sur le toit du Toqcar, poussant les branches des arbres, pour nous faire rentrer dans la cour. Nous nous sommes rendus compte ensuite que c'était un hôtel que j'avais pré-sélectionné, c'est fou comme les grands esprits se rencontrent, surtout lorsqu'ils sont toqués !