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lundi 24 mars 2008

Casse-tête vietnamien (très long)


Sachant que le passage de frontière pour le Vietnam pouvait être compliqué avec un véhicule, au point que de nombreux voyageurs doivent renoncer à ce pays, nous sommes partis, avec notre ami allemand Marc, de Phnom Penh pour nous installer pour la nuit avant le poste frontière afin d'essayer d'arriver le matin lorsque les officiers sont bien disposés et qu'on a encore une longue journée devant nous pour régler les éventuels problèmes. Nous ne pouvions nous présenter avant parce que notre visa est daté.
Nous sommes partis dans la matinée, pour nous laisser le temps de trouver un lieu de bivouac. Pour avoir fréquenté maintenant un certain nombre de villes frontières, nous savons qu'elles peuvent être les endroits les plus sordides du monde. C'est pour cela que nous nous sommes retrouvés en début d'après midi, le 19, garés sur le parking d'un Casino, à Bavet à deux-cents mètres de la frontière. Là, on a tué le temps. Restaurant climatisé, café climatisé, coiffeur afin de rafraîchir la tête d'Ulysse, boissons rafraîchissantes, DVD pour les enfants, et même casino pour les grands le soir, scènes assez surréalistes et journée vraiment étrange... Nous avons élaboré mille plans pour le lendemain, comment vaut-il mieux procéder, dans quel ordre, qui s'en charge, combien sommes-nous prêts à payer si c'est la seule solution... Nous étions prêts à tout puisque nous devons être le 30 à Hanoi pour récupérer une partie de la famille. Nous avions bien sûr quelques plans B et C mais il n'étaient pas simples...
Le matin, frais et dispos, et un peu plus riches pour certains, nous avons expédié les formalités de sortie du Cambodge puis nous sommes garés devant les bâtiments vietnamiens. Nous n'avons pas fait valider nos visas, voulant d'abord être certains que le Toqcar pouvait entrer (un visa validé est grillé donc si nous devions rebrousser chemin il nous fallait en reprendre et repayer), les hommes se sont présentés dans le bureau du chef de la police, habilité à donner une autorisation d'importation temporaire pour le véhicule. Ils lui ont présenté tous nos papiers, qui suffisent pour tous les autres pays du monde. Pas pour le Vietnam. (imaginez que ce monsieur ne parle pas un mot d'anglais donc les explications ont été longues et ont nécessité de trouver un des rares employés du poste-frontière capable de traduire) Il nous a demandé de nous rendre à Ho Chi Minh Ville pour aller demander à nos consulats respectifs, un papier dans lequel ils se portent garants de nous durant notre séjour au Vietnam... On se doutait qu'ils n'aimeraient pas trop mais on savait qu'ils l'avaient déjà fait pour d'autres overlanders.
Christophe préférant ne pas me laisser seule avec les enfants à la frontière, et préférant aussi peut-être mes compétences diplomatiques, c'est moi qui suis partie avec Marc en bus, entrant au Vietnam avant le reste de la famille et les laissant dans le no man's land. Sautant d'un bus sur une moto-taxi nous avons tracé vers nos consulats, voisins, c'est pratique. Marc pense alors que son consul refusera de signer le moindre papier pour lui. Moi je pense que mon consulat m'aidera forcément, ce n'est pas grand-chose et ils l'ont déjà fait, ils connaissent la procédure.
Le consulat de France est énorme. A l'entrée, une cahute dans laquelle une dame me parle par l'intermédiaire d'un micro qui fonctionne si mal, qu'allié à la circulation sur le boulevard, je ne comprends rien. Elle accepte de sortir me parler à travers une grille, me demande d'abord de revenir le lendemain matin. Je lui explique que c'est impossible, mais que je souhaite rencontrer quelqu'un. Elle me dit que c'est impossible car l'après-midi on n'entre au consulat que sur rendez-vous. Je lui explique que je n'ai pas de rendez-vous. Elle me dit que je dois téléphoner pour prendre rendez-vous. Mais que tout est fermé jusqu'à 14h.
Bon.
Je sens déjà que ça ne va pas être simple.
Nous filons en Allemagne. Le consulat, minuscule, est fermé, et le lendemain est ferié, c'est vendredi saint. La tuile. Mais un gardien demande si nous avons besoin d'aide. Aux explications de mon compère, il ouvre la grille et dit que bien sûr il va être reçu. 5 minutes après, le consul ou vice-consul ou adjoint je ne sais plus, lui dit qu'il ne peut se porter garant,mais qu'il va faire tout ce qu'il peut pour l'aider et donc rédiger un courrier dans lequel il le recommande auprès des autorités. Marc ressort avec son papier à la main, pas celui que nous demandaient les douaniers mais qui sait, ça fonctionnera peut-être. Et je me dis que si l'Allemagne procède ainsi, il en sera de même pour moi.
Nous nous offrons un bon déjeuner en face du consulat français, puis je téléphone. On me demande de rappeler, de rappeler, de joindre madame machin, de rappeler. Je demande si je peux entrer afin d'attendre à l'intérieur et de pouvoir rencontrer quelqu'un. "non on ne rentre que sur rendez-vous l'après-midi". Je précise que je suis citoyenne française que j'aimerais rencontrer quelqu'un au consulat français, mais non, je reste sur le trottoir. Quand enfin j'arrive à joindre Madame Machin, elle me dit qu'elle n'a jamais entendu parler de cette situation, que ce n'est pas elle qui s'en occupe que je dois rappeler sa collègue, consul adjoint, mais qu'elle ne pourra sans doute rien faire pour moi. Le tout sur un ton assez détestable.
La consul adjointe que j'ai plus tard au téléphone, est elle, vraiment charmante mais aussi très embêtée. Inutile pour moi de rester à Ho Chi Minh, je n'obtiendrai aucun papier d'aucune sorte de la part du consulat parce que les autorités vietnamiennes n'ont pas à exiger ce genre de formulaires. Certes. Merci.
Retour à la case-départ. Trop tard pour le bus en plus, on s'offre un taxi (climatisé c'est déjà ça).
Au retour, il fait nuit, notre officier n'est plus là, nous repartirons à l'attaque le lendemain, un peu reposés.
Christophe a occupé les enfants comme un chef toute la journée, il a nettoyé le ccar de fond en comble et tué le temps (et quelques paquets de cigarettes...). Nous nous consolons devant une bouteille de rouge et une boîte de pâté, bercés par le cri des rats (derrière notre ccar ils sont innombrables et énormes) et accompagnés de temps en temps d'un douanier anglophone charmant mais qui ne peut rien pour nous.
Le lendemain, les autorités acceptent le papier de notre ami allemand qui peut entrer au Vietnam avec son camion.
Et nous, nous restons coincés. L'officier ne veut rien entendre. Nous savons que cette procédure est anormale mais il ne veut rien entendre. Le consulat non plus ne veut rien entendre, mais la consul adjointe se démène, elle essaie de contacter les autorités vietnamiennes pour qu'elles cèdent sans ce papier, dont l'existence n'apparaît dans aucune loi.
Marc file, c'est préférable. Il nous dit qu'il nous réserve une place près de la mer, nous sommes sceptiques.
Je vous passe les nombreux coups de fil, les multiples cartes de téléphone, les fax, les heures passées devant l'officier dans son bureau pour essayer de l'avoir à l'usure, les larmes aussi, la peine de notre amie douanier qui nous voit nous liquéfier au soleil, et l'impassibilité de l'officier, pourtant gentil, m'offrant de l'eau régulièrement afin de remplir mes glandes lacrimales sans doute.
Nous envisageons de filer la nuit sans papiers. Nous envisageons de faire un faux, puisque les douaniers ne font apparemment pas la différence entre la France et l'Allemagne, entre une lettre de garantie et de recommandation. Mais si on est toqués on n'est pas malhonnêtes et pas totalement fous surtout. On veut voir le Vietnam, mais pas ses prisons.
La consul adjointe reste très disponible et accessible mais l'ambassade de France est décidée à rester ferme.
La situation est critique, on meurt de chaud et si on n'a pas ce papier ce soir-là c'est fichu puisqu'ensuite c'est le we de Paques et qu'il n'y aura personne au consulat. Il nous faudra donc reprendre des visas cambodgiens, aller à Phnom Penh, attendre la fin du we (donc deux jours de plus à tuer le temps) pour prendre 5 visas pour le Laos et un pour le Vietnam, monter au Laos et prier pour que le passage de frontière là-bas soit plus facile (mais on sait qu'il ne l'est pas forcément) puis rejoindre Hanoi, le tout en quelques jours... Hors de question de laisser le Toqcar, pour lequel nous sommes engagés financièrement, où que ce soit, sans nous. On envisage aussi de se séparer, que j'aille à Hanoi avec les enfants, et que Xtophe se débrouille pour nous rejoindre. Ou pas. Les glandes lacrimales familiales se remettent à fonctionner à cette évocation.
C'est la première fois qu'on se demande vraiment ce qu'on est venu faire dans cette galère.
Finalement, la consul adjointe accepte de faire une dernière exception et de signer un papier, ou elle demande simplement "veuillez éclaircir la situation de Madame blablabla...". Autant dire un papier qui ne les engage à rien. Mais que le chef de la police a accepté de recevoir sur son fax, et a trouvé satisfaisant, je crois surtout qu'il était pressé que je quitte son bureau. Du coup ils sont tous prévenants, efficaces, tous les papiers sont faits à toute vitesse, nous avons un nouveau numéro d'immatriculation, notre douanier anglophone nous aide énormément, le Toqcar n'est même pas visité ni fouillé et nous franchissons cette satanée ou sacro-sainte frontière, on ne sait plus trop, et filons vers la Côte vers un peu de fraîcheur et d'eau.

Conclusion (tout vient à temps à qui sait attendre, nos papiers, et ma conclusion)
Certes l'accueil reçu au consulat, si l'on peut parler d'accueil puisque je n'ai pu y mettre un pied, est inadmissible. Certes il est anormal que ce problème de passage de frontière ne soit pas réglé une fois pour toutes puisqu'officiellement on peut entrer avec un véhicule mais qu'en fait c'est quasiment impossible. Mais je tiens à remercier Madame la consule adjointe que j'ai harcelée, qui a tout fait pour nous aider, est toujours restée disponible et charmante et nous a permis de mener à bien nos projets.
Toutefois, elle nous a précisé de prévenir les futurs overlanders français : le consulat et l'ambassade ne rédigeront plus aucun papier d'aucune sorte pour des voyageurs. Ils vont tenter de résoudre le problème avec le Vietnam et je lui ai demandé de prévenir officiellement les voyageurs sur la page "conseils aux voyageurs" pour que nous sachions exactement à quoi nous en tenir.
Et je tiens aussi à dire que les officiers vietnamiens sont toujours restés charmants. Qu'ils ont refusé nos propositions d'argent. Et qu'ils n'ont fait qu'obéir aux ordres qu'ils reçoivent, et nous le savons, eux n'ont certainement pas la possibilité de prendre la moindre initiative.

dimanche 23 mars 2008

Viêtnam !

Quelques nouvelles fraîches (reçues aujourd'hui par e-mail) pour vous dire que les Toqués ont réussi à entrer au Viêtnam, non sans mal, et sont à présent dans un endroit de rêve à Nha Trang, sur la route d'Hanoï...
Dans l'immédiat, ils n'ont pas accès au blog (censure ?), mais souhaitent de Joyeuses Pâques à tous - ils devaient même organiser une chasse aux oeufs aujourd'hui sur la plage avec un couple franco-vietnamien et leurs enfants rencontrés à Nha Trang !
Nathalie

mardi 18 mars 2008

Toqués complexés et décomplexifiés


Dans notre vieille Europe, tout semble compliqué. Emmener les enfants à l'école, s'occuper de tous les trajets footdansemusiquescoutsdessinanglaisthéâtrepelotejudo est un vrai casse-tête pour le parent français moyen alors qu'au Cambodge, c'est simple : les écoliers parcourent des kilomètres le plus souvent à deux par vélo. Mais je vous rassure, ils vont plus vite au retour qu'à l'aller, c'est international bizarrement.
Chez nous l'arrivée du troisième enfant, voire du 4ème ou plus (je dois penser à toutes les catégories de mon lectorat) donne lieu à de longues réflexions sur le véhicule nécessaire (pour pouvoir ensuite faire tous ces passionnants trajets dont je vous parlais). Que de complications. Une bonne petite moto ou un scooter suffisent puisqu'on y entre facilement à 5, et plus s'il n'y a qu'un seul adulte.
Cosi, maxi-cosi, nacelle, étude des crash test, de la poussette, les nouveaux-parents connaissent la chanson, mais pourquoi ? Un panier de vélo ou de moto un peu rembourré fait parfaitement l'affaire s'il n'y a pas de passager pour le porter dans les bras.
On s'arrache aussi les cheveux, dans nos contrées, pour savoir qui va s'occuper de nos chères têtes blondes, on jongle entre nounous baby-sitters amies et grands-parents. Au Cambodge, tout enfant de plus de 1m (difficile de juger de l'âge), porte systématiquement un bébé ou un plus petit dans les bras et il s'en occupe comme un chef.
Autre tradition bien de chez nous : la virée chez Ikéa, source de joie mêlée d'angoisse. Comment allons-nous transporter l'armoire Kasprung ref.43T678 en bleu océan d'automne et les 6 verres Sprüngli incassables (pour compléter le service puisqu'on a cassé tous les précédents) ains que la housse de couette "Nounours en folie vert anis" (qui n'est même pas à la bonne taille mais tant pis elle est si jolie) pour compléter la déco de la chambre du petit dernier plus le milliard de petites choses indisnutiles qu'on y trouve toujours ? On appelle Kiloutou et on loue un Van ? Ou peut-être que si on emprunte le monospace de Marie-Machine qui a 5 enfants, en enlevant les maxi-cosi et sièges-auto (et les miettes de BN), ça rentrera vraiment ? Mais je me demande si justement dimanche ce n'est pas la compétition de judo-danse d'Hortense, ils risquent avoir besoin de leur cathomobile, ils y vont toujours en famille... Là encore, au Cambodge, une motobylette et le tour est joué (cf photos).
Transporter des armoires, un cochon vivant (ou mort), quelques poules, des paniers, des bidons, des bouteilles, des poubelles, un restaurant, une buvette ? Une moto, un vélo et le tour est joué. Ouvrir une laverie, un salon de coiffure, une boulangerie, une librairie ? Une moto, un vélo, et le tour est joué.

Les cambodgiens, comme beaucoup de leurs voisins, n'ont peur de rien, ils sont courageux, débrouillards et gardent toujours le sourire. Et pourtant leur histoire et leurs histoires sont édifiantes. Et si le pays est sorti de la guerre, il est loin d'être tiré d'affaire.
A chacun de nos bivouacs, nous repérons les enfants à qui nous allons confier nos ordures (et quelques victuailles tant qu'à faire). Ils passent matin et soir, sur des vélos mille fois trop grands et trop lourds pour eux, équipés de grands sacs et récoltent bouteilles, plastiques, cannettes et autres. A Siem Reap mon chouchou avait 12 ans. Crasseux à souhait, il en paraissait 5 et n'arrivait même pas à esquisser un sourire... Le dernier jour nous avions fait un grand ménage et avons pu lui donner des tonnes de choses et des biscuits. Ce jour-là, et pourtant on a dû l'aider à relever son vélo devenu trop lourd, il a souri. Et moi j'ai sangloté comme une grosse madeleine nantie en regardant mes enfants insouciants, trop nourris et propres (pas trop), râlant (trop) devant leurs devoirs parce qu'ils voulaient aller visiter les temples ou se baigner dans la piscine.
Ici à Phnom Pehn (où nous logeons dans la rue devant l'ambassade britannique messieurs-dames) notre chauffeur de Tuk-tuk est militaire en réalité. Son salaire est de 25 US dollars par mois (16 euros). Comme ça suffit juste pour acheter le riz, après le boulot il est chauffeur de Tuk tuk. Et puis s'il a une grosse course (pour la journée, nous le payons 15 dollars), ce n'est pas compliqué, il appelle son chef, il lui suffira de lui reverser une partie de cette somme et il a le droit de sécher le travail... ils sont conciliants et gentils dans l'armée cambodgienne n'est-ce pas ?
Nous rencontrons aussi de nombreux francophones, parlant un excellent français, et pourtant pour les plus vieux d'entre eux, ils ont dû, pendant la période des kmehrs rouges, oublier le français et toutes leurs connaissances, "oublier tout mon savoir, pour garder la vie" nous a confié un homme rencontré à Chlong dans le Temple où nous dormions.

Heureusement qu'ils sont débrouillards et souriants ces cambodgiens et que finalement quand on a rien, rien ne semble compliqué...

vendredi 14 mars 2008

Pays d'élection



free music


Un dimanche, à Bangkok, nous avons voulu aller acheter quelques bières pour fêter la fin de la semaine, les bricolages du jour, les rencontres du mois, le campement de rêve, l'amour l'amitié la joie, bref nous offrir un apéro bien mérité.
Et là, dans tous les magasins de Sukhumvit Soi4, blindée de bars à hôtesses (et la nuit, elles dansent en string phosporescents avec des numéros affichés sur la poitrine... mais dans la journée, elles sont en uniforme d'écolières, et elles tricotent et fond du crochet devant les bars, c'est vraiment touchant en fait...)donc dans toutes les épiceries et les Seven-Eleven (aussi nombreux quasiment que les bars à hôtesses), les vitrines de bières étaient condamnées, et on nous annonçait très fermement qu'on ne vendait pas d'alcool ce jour-là.
Passée la première surprise nous nous sommes renseignés : il y a vait des élections ce jour-là, et les jours d'élection, en Thailande, la vente d'alcool est interdite !

Et là, l'illumination pour moi.
C'est peut-être ce que nous aurions dû faire, ce que nous devrions faire...

Tout ça pour dire qu'en approchant de ce second tour des municipales, on pense fort à tous nos amis et nos proches engagés sur des listes. Que votre travail et vos convictions soient récompensés et que le peuple aviné reste lucide.

Vive la République, vive la France !

jeudi 13 mars 2008

Angkor des Toqués


Comme pas mal d'entre vous connaissent, que les autres en ont entendu parler ou connaîtront un jour, je le leur souhaite, je ne vais pas vous parler de la beauté d'Angkor, de ces temples bizarroides épousés par des arbres splendides ni de certains émerveillements au détour d'un chemin ou en haut d'un escalier abrupte. Sachez juste qu'Ulysse est en train de revoir la hiérarchie de ses sites favoris.
Je vais plutôt vous raconter ce qui nous a étonnés. Angkor ce sont quasiment 300 monuments mis à jour, sur 400km2. Mais nous on imaginait que le site principal était fermé, et accessible seulement à certains véhicules. Que nenni. Le bon côté des choses, c'est que les sites sont habités, cet espace n'est pas mis sous cloche. Le mauvais, c'est qu'il faut imaginer des bus et des bus et des bus allant d'un temple à l'autre. Il faut imaginer des groupes immenses, asiatiques pour beaucoup en descendant, souvent très jolis avec le même tee-shirt à fleurs, la même casquette rose fluo, et parfois même accompagnés de leur guide et son micro. Nous savions que le site était archi fréquenté, et c'est légitime, mais il va certainement falloir que l'état revoit un peu l'organisation et la préservation de ces merveilles. Et pour qui nous n'avions pas encore vécu le tourisme à l'asiatique, c'est un peu un choc.
Il en faut plus pour nous décourager, nous avons rusé, sommes partis un matin à 5h, pour la plus grande joie de tous, sommes arrivés les premiers, dans la nuit noire (après avoir déplacé la barrière de la police qui nous gênait sur la route), dans ce temple merveilleux envahi d'arbres, quelle impression extraordinaire quand on se retrouve, lampe à la main, arrivant dans ce lieu féérique au milieu des bruits des animaux. Et quelle lumière le matin... Et puis les autres jours on doit dire qu'on a plutôt eu de la chance, parce qu'il suffit de tomber entre deux groupes sur un site pour y être seuls. Et surtout, je n'ose vous le dire, mais on a une semaine ici nous, alors on prend notre temps et quand on sature, on rentre dans notre campement de luxe.
Je ne peux pas vraiment vous parler du Cambodge, Siem Reap n'est pas le Cambodge c'est sûr. Mais les cambodgiens n'ont rien à envier aux Thai point de vue sourire et beauté des femmes et des enfants. En revanche, il est évident qu'on en revient à une grande pauvreté et à ce sujet, la frontière Thailande/Cambodge est très éloquente, sans parler de la route qui s'ensuit, volontairement entretenue dans un état pourri par les autorités, afin de faire fonctionner l'aéroport de Siem Reap. Les enfants sont partout ici (presque aussi nombreux que les hamacs) et sont irrésistibles, nous avons déjà nos petits habitués pour qui nous réservons nos déchets recyclables et à qui nous offrons petit déj ou goûter. Gaspard est très doué et les aide (à fouiller les poubelles et à manger.
On est bien au Cambodge, on y reste encore une semaine mais on doit dire qu'on a déjà les yeux bien tournés vers le Vietnam et les retrouvailles familiales qui approchent à grands pas...

edit : merci Jean-François de m'avoir aidée à rendre cette photo si belle, à moi l'écriture, à toi la photo...

vendredi 7 mars 2008

Nos amis, nos amours, nos emmerdes


Au cours de l'Odyssée, plus que les paysages ou les sites, ce sont les rencontres qui nous marquent et nous enchantent.
Ces derniers temps elles sont très riches.
Il y a nos lost satellites allemands avec qui nous avons lié des liens vraiment très forts, et Marc et son beau camion avec qui nous poursuivons la route.
Et puis il y a tous ceux qui nous ouvrent leur porte. Stéphane, le fils de la cousine d'une cousine de ma grand-mère, tout simplement, jamais rencontré, qui nous avait aidé lors de nos recherches de bateaux et qui nous a reçus chez lui à Bangkok, nous offrant un dîner royal et une compagnie des plus agréables.
Il y a Philippe, l'ami tourangeau pas vu depuis des siècles et qui a retardé son départ dans le Nord en famille pour passer une soirée avec nous, nous offrir une bonne douche, de bons dessins animés, et des heures de discussion. Rachel et moi nous sommes même offert une coupe de cheveux thai à côté de chez lui, jamais nos cheveux ont été si lisses et brillants, de la magie à petit prix, avec le sourire de la coiffeuse en prime(pardon Juanito, promis on ne t'oublie pas hein).
Philippe que nous avons planté parce que parmi nos petits amours il y en a un qui avait visiblement, alors que nous avions quitté le centre de Bangkok pour filer au Cambodge, besoin d'un arrachage de dent. Bien sûr juste quelques jours avant l'expiration de notre visa. Ni une ni deux, face à sa douleur, à l'aspect étrange-dégueu de son chicot, au conseil du pédiatre des stars, j'ai téléphoné à Cathy.
Cathy, nous l'avions croisée quelques heures avant notre départ de Bangkok-centre. Elle rentrait de l'école avec ses 3 enfants puisqu'elle vit à deux pas de notre impasse préférée, elle regrettait tellement notre départ, et nous aussi. On a juste eu le temps d'échanger nos coordonnées, au cas où...
Elle m'a conseillé pour le dentiste, a libéré sa journée, et nous attendait de pied ferme. Elle nous a reçus dans son appart au milieu des nuages de Bangkok. Elle nous a régalés, nourris, gâtés, a lavé notre linge, a gardé les enfants qui ont en une seconde trouvé un milliard de terrains d'entente et de bêtises avec les nôtres, de même que nous avons l'impression de la connaître elle aussi depuis longtemps. Cette journée qui aurait dû être un peu galère a été un régal.
Du coup on avait un peu envie de rester une journée de plus pour rencontrer son mari qui est en déplacement et pour profiter de leur compagnie. Et c'est ce que nous faisons, grâce à notre indic Marc, qui a démêlé les complications de passage de frontière en avant-première ce qui nous permet d'aller quasiment au bout de notre visa sans inquiétude.
Il faut en plus de tout cela imaginer les employées de l'école voisine qui viennent chercher notre petit amour édenté pour lui offrir mille sucreries, qui nous proposent d'utiliser leurs douches, les petits français du quatier qui passent leurs soirées à jouer avec les enfants et les invitent à dîner, les recycleurs de poubelle qui apprennent le français grâce à Gaspard et crient "tortue !" quand ils le voient.

Comme quoi les emmerdes de nos amours nous amènent des amis...

Il va falloir lever le camp demain, nous regretterons un peu la Thailande, mais beaucoup les thais et leur sourire - que nous rappellera encore pendant quelques années celui de notre Gascadeur - et surtout nos amis Bangkokais (bangkokois ? Bangkokos ?).
Mais vous savez quoi ?...

..Nous reviendrons !

lundi 3 mars 2008

De la souris verte à Jean Tardieu en passant par Bangkok


Bangkok, on adore.
C'est énorme, immense, fou, on y trouve tout ce qu'on veut et les toqués en tous genres y trouvent des coins tranquilles pour installer leur camp, c'est parfait.
Certes il y a les chauffeurs de taxi (roses pour la plupart !), qui parfois refusent de vous prendre parce qu'il y a des embouteillages, ou que c'est trop loin, ou qu'ils n'ont pas envie, ou qui vous conseillent de prendre un bateau ou un métro. Mais il y a les tuk-tuk qui sont les meilleurs manèges du monde, garants de sensations fortes, mieux que tous les jeux vidéo, pour le plus grand plaisir des enfants. Il y a des centres commerciaux immenses, remplis d'informatique, de téléphones portables, de technologies qui ravissent le grand Toqué, et puis des marchés des quartiers entiers pleins de magasins de poissons séchés, d'animaux séchés et trucs bizarres pour la médecine chinoise, de bondieuseries pas très catholiques, de babioles, fleurs, jouets, gadgets, stickers, bijoux, qui font tourner la tête des petits toqués et de la toquée en chef. Il y a aussi tous ces marchands ambulants de brochettes, de riz, de fruits, de glaces, de légumes très épicés, de guirlandes de fleurs, tous ces petits restaurants de rue où on se régale de plats dont on ne sait pas toujours le nom, pleins d'épices et d'herbes et de verdures, pour la plus grande joie de notre souris verte, qui devrait peut-être arrêter la verdure si elle veut un jour commencer à perdre ses dents de lait.
Surtout maintenant qu'elle se fait griller par son petit frère.
Et oui, Gaspard a décidé de s'offrir un nouveau sourire. En courant, puisque de toute manière il ne sait pas marcher, il est tombé et a réussi à abîmer une de ses dents, et à se casser magnifiquement l'autre. Il a été soigné dans une magnifique clinique par une douce et très efficace dentiste et surtout chouchouté par une armada d'assistantes toutes plus charmantes les unes que les autres.
Et maintenant on attend que le petit morceau tombe et la petite souris pourra repasser puisqu'elle est déjà venue à Bangkok pour ce dadais d'Ulysse qui perd lentement mais sûrement ses dents de bébé.
Ce matin d'ailleurs, pour terminer sa dernière évaluation de français, il a choisi d'apprendre une poésie de Jean Tardieu, le hasard fait bien les choses au pays des Toqués :


Conversation

Comment ça va sur la terre ?
- ça va ça va, ça va bien.

Les petits chiens sont-ils prospères ?
- Mon Dieu oui merci bien.

Et les nuages ?
- ça flotte.

Et les volcans ?
- ça mijote

Et les fleuves ?
- ça s'écoule.

Et le temps ?
- ça déroule.

Et votre âme ?
- Elle est malade
le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade.