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jeudi 27 septembre 2007

Les Toqués à l'école d'Atatürk


Chassez le naturel, il revient au galop. Me revoilà au lycée.

En fait le parking que nous avons trouvé, est celui d'un immense et prestigieux lycée d'Ankara. Dès le lendemain de notre arrivée, une prof d'anglais me disait que nous étions leurs invités, que nous n'avions pas à payer le parking, et que nous devions aller la voir à l'école, et y manger. Dans la fameuse hospitalité turque, la bouffe et la boisson ont une place essentielle, on ne risque pas mourir de faim ! L'étudiant qui bosse au parking après ses cours nous a invités à boire le thé. Puis ce matin nous sommes allés prendre un café (et des gateaux et des bonbons et des chocolats et encore... nous refusons beaucoup de choses) au lycée. C'est un lycée public et prestigieux, dans lequel on n'entre qu'après un examen très difficile. Tous ces jeunes, nous expliquent fièrement les profs, se destinent à devenir ingénieurs, médecins, dentistes, architectes... voire prof (au pire je pense). Les élèves étaient ravis de pouvoir nous poser des questions sur nous, la France, nos impressions en Turquie. Franchement, ce sont les mêmes jeunes que chez nous, aussi impertinents et attachants mais en uniforme (je les trouve trop mignons avec leurs cravates). Inutile de vous dire qu'ils adorent tous la coiffure d'Ulysse, totalement interdite pour eux tant qu'ils sont à l'école. Ils nous demandent d'abord si nous aimons la Turquie, la nourriture turque, les turcs. Puis embrayent sur... Nicolas Sarkozy, qu'ils détestent (je vous dis que je les adore ces gens-là moi). Puis sur Zidane, et Jean-Christophe Grangé. Les questions fusent "Les bijoux Agatha c'est cher en France ?" "Le génocide arménien vous en pensez quoi ?" "Je veux aller à Toulouse pour bosser dans l'aéronautique" "Vous avez goûté les baklava ?" "Vous connaissez Atatürk, c'est un peu notre général De Gaulle à nous". On nous invite à manger, à dormir, à faire du shopping. Ils voudraient que les français aient une bonne image d'eux, ils ont l'impression qu'on les voit comme un peuple arriéré, se déplaçant à dos de chameaux, intégriste et rétrograde. Les filles sont choquées d'apprendre qu'en France certaines jeunes-filles ont voulu aller à l'école voilées, c'est interdit en Turquie. On leur explique surtout qu'on ne connaît pas la Turquie en France. Ni les Turcs, et que c'est à eux de faire bouger les choses aussi. Il est vrai qu'on se sent très très bien dans ce pays, et dans cette ville. Mais il y a d'énormes différences entre ces jeunes, de bonnes familles citadins, qui vivent exactement comme nous, et certaines femmes croisées dans des villages. C'est impressionnant ces mondes si opposés, ces siècles de décalage même, qui cohabitent. Ils veulent voyager ces jeunes, je sais que ce n'est pas simple. Deux étudiantes en littérature française rencontrées hier à l'Institut Français, m'ont expliqué les difficultés pour elles, pour venir étudier en France, difficultés essentiellement financières, nous ne sommes pas égaux, et ils le savent bien.

Ce midi nous avons mangé à la cantine, les enfants ont encore été gâtés. Sucreries, cochonneries, coca, bouffe, télé et musique à donf à tous les étages... ils trouveraient notre cantine bien austère ! Et après le repas, des étudiants reviennent bavarder avec nous. Ils sont en admiration devant nos enfants, me trouvent jeune et bien habillée (je les adore je vous dis) ils sont avides d'apprendre, de bouger, d'avancer, et se sentent européens. Nous les sentons européens aussi. Des européens plus ouverts et accueillants.

Parce que... imaginons une seconde un camping-car turc arrivant sur le parking d'Henri IV, ou même d'un autre lycée...

Heureusement Ankara est la


25/09/07 - Forcément la journée d'aujourd'hui ne pouvait que nous paraître merveilleuse, et elle l'a été. Pourquoi ? Tout simplement d'abord parce que nous ne nous sommes pas perdus une seule fois. Ensuite parce que nous avons trouvé de l'eau à profusion. De l'eau de source d'abord. Parce qu'à midi nous nous sommes arrêtés dans un bled, devant une aire de jeux (l'obsession des enfants, surtout de Rachel et Gaspard, et ça tombe bien, ici il y en a absolument partout !). Nous y avons rencontré des femmes avec leurs enfants, nous avons offert du jus d'orange aux petits, la maman a jeté un oeil dans le camping-car, puis elle m'a encouragée à acheter des fruits et légumes très beaux au marchand ambulant qui passait à ce moment-là. Elle et ses amies ne m'ont pas lâchée d'une semelle, riant de me voir faire et empêchant le marchand de m'arnaquer (j'ai encore du mal avec les prix non affichés le marchandage, difficile avec la barrière de la langue mais je vais m'y faire). Pour bien nous remettre sur pieds, nous avons fait mon cher époux et moi-même une chose délicieuse, en cachette des enfants, et en pleine journée, alors qu'ils jouaient au parc, honte à nous mais nous en avions trop envie... nous avons pris chacun une douche chaude, et la totale avec shampoing et tout, le pied... Nous savions que nous remplirions notre réservoir sans souci dans cette partie très verte de la Turquie. Parce que le bord de la mer noire, c'est quasiment tropical comme végétation !

Puis les paysages des plateaux de l'Anatolie nous ont ravis. C'est incroyable parce qu'on se retrouve à des altitudes qu'on n'atteint que rarement chez nous, mais on a l'impression d'être en plaine. De vrais décors de cinéma, à perte de vue. Ces montagnes ressemblent pour moi à celles que l'on voit sur les cartes en relief des salles de classe, vous voyez ? Et si j'ai toujours été nulle en géographie (mon prof d'hypokagne doit se souvenir de mes exploits en cartographie), ne voyant même pas à quoi pouvait servir le fait de connaître les divers climats, les divers reliefs, les diverses roches, les diverses sortes de végétation à part à faire de jolis dessins de sapins et tout, la vivant en direct, je vois beaucoup mieux. Et je l'apprécie. (Mais il faut dire que c'est toujours le même souci : dans la vie j'aime faire les choses, les éprouver, ou alors les lire mais attention hein, faut qu'elles soient très bien romancées. Les essais, photos, documentaires ne m'accrochent pas le moins du monde. Mon dieu... qu'est-ce que je vous inflige alors ?) (et le premier qui me fait remarquer ma petite tendance à l'abus de parenthèses est prié de garder pour lui l'explication psychanalytique grave qu'il pourrait en faire).

Mais ce qui est fou, c'est que sur une autoroute splendide, toute neuve et vide, au milieu d'une espèce de désert de western, on trouve Ankara, capitale de la Turquie.

Nous y installons notre camp pour quelques jours afin de visiter, de faire quelques courses, quelques lessives, quelques visites aux ambassades. Et comble du bonheur : nous sommes entrés dans la ville sans encombre, et avons trouvé en moins d'une heure un bon parking surveillé qui nous accepte pour la nuit. Et avec le sourire s'il vous plaît. Et en plein centre visiblement, dans un quartier sympa et commerçant (mais attendons demain pour vérification). Et les Kepabs du voisin sont délicieux. Et il nous reste une saison de Desperate House Wife à regarder.

Je vous le dis, chez les Toqués, on n'a pas de maison, mais on est loin d'être desespérés !

Bonne nuit bande d'occidentaux !

lundi 24 septembre 2007

Mer Noire... et journée noire


Si Istambul nous enchante, les turcs aussi et surtout.

Alors que nous nous faisions embêter dans tous les musées grecs dès que Gaspard ouvrait la bouche, voire carrément pousser dehors, ici les gardiens se jettent sur lui... pour l'embrasser, le chatouiller, le faire crier. Rachel se fait haper jeter en l'air caliner et Ulysse se fait gratouiller la tête en permanence. Et du coup, nous, qui avons fait ces trois choses merveilleuses, sommes accueillis très chaleureusement partout.

Nous avons logé à Sultanhamet, puis à Taksim, sur des parkings surveillés. Nous rechargé les réserves de livres des enfants à la librairie du consulat (merci à la jumelle turque d'ULysse qui se reconnaîtra et qui recevra comme promis une carte postale), seulement... seulement depuis que nous sommes arrivés il pleut. Et comme nous l'a dit une baroudeuse expérimentée : les deux ennemis du voyageur sont la pluie et les insectes. Dieu nous garde encore un moment des seconds, quant à la première, si les turcs l'attendaient depuis longtemps, nous on n'en peut plus.

Nous avons donc décidé, alors que nous rentrions une fois de plus trempés au Toq'car ce midi, que nous allions agir. Nous avons plié le camp : objectif : des grands magasins pour repérer des cadeaux d'anniversaire pour nos octobrets, trouver un moyen de remplir nos réserves d'eau(ironique je sais) - même si je peux vous dire qu'avec une bassine nous faisons 3 shampoings, 5 douches et pas mal de ménage. Mais il faut vous imaginer qu'en plus de la récession en eau à laquelle nous oblige un long stationnement, la pluie nous oblige à une récession en matière d'électricité parce que le solaire fonctionne très bien... sous le soleil. Toutefois on est bons en autonomie et le soir pour faire quelques économies, nous faisons vrombir nos lampes-dynamo et vivons en lumière tamisées (merci JP pour ces excellentes idées)-. A ce rythme, le moral des chefs commençait à vrombir aussi (pas celui des soldats toujours aussi enthousiastes).

Donc nous avons décidé de trouver un camping pour pouvoir prendre de vraies douches (on demande même pas à ce qu'elles soient chaudes hein) nous brancher sur secteur faire le plein d'énergie en attendant le soleil.

Après avoir quitté l'Europe, la fleur au camping-car, parce que malgré le repos que procure le fait de s'arrêter quelques jours dans un endroit, chaque départ est une fête, nous nous sommes donc retrouvés en Asie et... dans des embouteillages abominables. Mais inimaginables. Comme sur le périph un 24 décembre. Ou au rond-point de l'Europe après une victoire du BO (j'adapte mes références à tout mon lectorat) Et la pluie formait des rivières sur la route, dégoulinait en torrent par la porte du camping-car, et nous ne trouvions pas le magasin qu'on nous avait indiqué... Quand nous le trouvâmes, alors que nous remettions nos pantalons (toujours mouillés que nous avions troqué contre nos bas de pyjama, oui parce qu'en plus la pluie nous conduit à l'élégance), le Jedi surprit trois gamins essayant tranquillement de détacher nos vélos. Et sans doute pas pour nous rendre service. Renseignements pris auprès d'un pompiste du coin : il ne fallait pas du tout laisser le camping-car sans surveillance à cet endroit. Nous remballâmes nos jeans et chaussettes mouillés, nos idées foireuses, et décidâmes d'aller décider plus loin ce que nous allions décider de faire (et sous ce déluge nous n'avions toujours pas trouvé d'eau).
A ce moment-là le téléphone sonne : ma belle-maman, à la retraite depuis quelques jours, qui nous annonce qu'elle est devant chez elle, qu'elle vient de tomber, qu'elle a un os qui sort de la jambe. Nous sentons que c'est grave (n'oubliez pas que je suis quasiment docteur) nous nous sentons très impuissants, Ulysse pleure ("parce qu'à son âge quand même ça peut être grave", on le rassure, mamie est TRES jeune et ce n'est pas le col du fémur).

Nous inspirons alors un bon coup. Et décidons de tenter une échappée salvatrice vers la mer noire. Visiblement il y a des campings et ça fera forcément venir le soleil. Nous nous retrouvons vite à notre point de départ - et c'est pas uniquement ma faute cette fois - et rererepartons courageusement affronter la pluie ininterrompue et les embouteillages. Direction : Sile, station balnéaire adorée des Stambouliotes. On rebrousse plusieurs fois chemin, on se paume, on cherche des campings qu'on ne trouve pas, on tombe sur les premières mauvaises volontés turques, on ne trouve ni eau, ni camping, ni anglo-franco- ou germanophone et enfin, en pleine nuit (elle tombe tôt je vous rassure), nos réserves d'eau vides, nos toilettes pleines (je vous épargne ce détail mais il a son importance), notre moral pas très haut et les larmes pas très loin chez votre reportrice qui a failli éclater en sanglot face à l'hôtelier qui lui refusait son parking, et a fini par lui en indiquer un autre face à la détresse qu'il a dû détecter chez elle, quelle finesse d'analyse chez luli, nous trouvons un hôtel qui nous accepte devant sa porte. (l'Odyssée n'est jamais bien loin de la Bible chez les Toqués).
Bon.
Nous avons notre bidon de secours d'eau qui va nous sauver la mise, des buissons qui fleuriront grâce à notre engrais familial, nous avons eu des nouvelles de Mamie qui a une méga double fracture mais bon moral et surtout un bon soutien, encore merci JP (oui parce que c'est bête mais en plus mes parents sont aussi en Asie, au Vietnam, certes ils préparent notre futur séjour mais ne peuvent jouer notre rôle auprès de jolie-maman), les enfants sont toujours aussi en forme (et confondent mer noire et mer morte, persuadés visiblement de flotter sans bouger demain, et nous n'avons pas le courage de leur dire la vérité ce soir, on repassera demain matin pour l'honnêteté intellectuelle, vive le rêve...), les batteries se sont rechargées grâce à nos kilomètres de bouchons, le camping-car est propre (il pleut toujours des cordes), le frigo est plein, on a même de quoi s'offrir un apéro de consolation et... nous captons le wifi de l'hôtel qui nous a acceptés ! Finalement Dieu existe. Ceci-dit, la mosquée visiblement très proche, vient de nous le rappeler.
Si la nuit qui vient n'est pas blanche, nous effacerons vite cette journée noire de nos mémoires vives.

PS : Gros gros bisous pour Mamie à la patte folle. Justement dans l'équipe des Toqués, nous n'avions pas de jambe de bois...

samedi 22 septembre 2007

Loin du chant des sirènes


"Les paroles j'aime bien, mais la musique est vraiment pas terrible" a déclaré très sérieusement Ulysse à l'heure de la prière, au milieu du grand Bazar tandis que Gaspard pouvait s'en donner à coeur joie et jouer les Muezzin avec toutes les mosquées d'Istambul - je crois d'ailleurs que notre Basquard s'est découvert une nouvelle vocation depuis notre arrivée en Turquie-. Il faut dire que nous sommes gâtés, ramaddan oblige, il y a une prière de plus qu'à l'habitude.

C'est tout de même magique, surtout au milieu de la nuit, d'entendre toutes ces voix raisonner dans la ville, et lorsque de notre lit on admire Sainte Sophie et le Topkapi, je vous raconte même pas... c'est Bysance, tout simplement.

mercredi 19 septembre 2007

Les douze travaux des Toqués


En bref : une malédiction nous a empêchés de visiter le théâtre d'Epidaure. D'abord nous avons voulu y aller à vélo, puisque le patron du camping nous a assurés que le site n'était qu'à dix kilomètres et qui montaient à peine... humhum... au bout de 8, en plein soleil et en pleine montée et en pleine route nationale, face à un panneau nous indiquant le site à 13kms, et connaissant maintenant les difficultés arithmétiques des grecs du moins en évalutation des distances, nous avons fait demi-tour. Prévoyant de revenir le lendemain en toq'car avant de filer pour Athènes. C'était sans compter sur les élections qui visiblement entraînent la fermeture de tous les sites... y compris de l'Acropole.
Nous avons installé nos appartements à deux pas du célèbre rocher et le lendemain (après une nuit un peu mouvementée, rien de grave, on vous racontera si on a le temps)nous sommes noyés dans la foule. La suite vous la connaissez : l'Acropole blablabla superbe mais quelle foule, l'agora blablabla on a adoré, puis Delphes blablabla somptueux paisible grandiose.
Je voudrais juste aujourd'hui apporter quelques explications quant à notre mythologie personnelle.
Avant notre départ, si nous n'avons pas consulté la pythie, nous avons toutefois consulté nos amis qui nous ont offert un somptueux classeur comprenant des pages personnelles faites de jeux divers et variés, certains très culturels, de collages, de mémory, de devinettes, de photos-souvenirs, d'un agenda perpétuel, d'un carnet d'adresse, de plein de folies comme nous les aimons.
La première page de ce classeur, faite par nos cousins tourdumondiste sur le retour Arnaud et Véro, comporte douze épreuves. Les douze travaux des Toqués. A réaliser et photographier dans 12 pays au cours de notre périple. Nous nous employons à relever le défi et vous en livrerons donc les preuves en image tout au long du voyage d'où certaines bizarreries. Mais si vous vous replongez dans la mythologie, vous ne vous étonnerez plus du tout de la nôtre, bien sage finalement.
Demain nous entamons notre remontée vers la Turquie, où nous comptons passer trois bonnes semaines.

Photos de vieilles pierres et de jeunes et vieux Toqués en ligne.

samedi 15 septembre 2007

Passage de relais à Olympie


Dans notre camping plus si désert, après une visite du fameux site qui a enchanté les enfants, nous sommes tombés sur deux familles françaises : Xavier, Anne et Gauthier - 5 ans-, et Laurent, Caroline et Ruben - 3ans-. Ces derniers préparent un tour d'Afrique et d'Amérique du Sud qu'ils feront en 4x4 avec leurs deux fils (l'aîné a 7 ans), et les premiers passaient là leur dernier jour d'un périple de 15 mois en 4x4 également, tout autour du monde.
Ce monde si petit finalement.
Ils nous ont invités à prendre l'apéro, qui s'est éternisé, les enfants terminant pour certains dormant, pour d'autres regardant des DVD dans leur 4x4.
Les voir, les entendre, tout ce qu'ils nous ont raconté nous a enchantés. Laurent et Caroline sont une mine d'infos, quant à Xavier et Anne, nous ne manquerons pas de potasser leur site qui nous sera très utile.
Ils étaient vraiment très peu enthousiastes à l'idée de rentrer chez eux, au bord de la déprime que nous avons tous noyée dans tout ce que nos maisons sur roues comptaient d'alcool. Leurs mines, le matin, avant de prendre un dernier bateau, faisait peine à voir et je crois qu'ils auraient payé cher pour être à notre place.
Courage à vous pour le retour à la vie sédentaire Xavier et Anne, nous reprenons vaillamment le flambeau et prenons des notes pour vos futures expéditions. Bons préparatifs à Laurent et Caroline, le départ arrive vite, et il faut croire que le retour aussi...

jeudi 13 septembre 2007

Toquades en cascade près d'Ithaque


On ne va pas vous raconter la Grèce, beaucoup d'entre vous connaissent. Ne vous réjouissez pas trop vite, vous aurez qd même droit à des déferlantes de photos des enfants se baignant dans des eaux claires, de pierres blanches et de ciel bleu et de votre prof de français préférée à moitié-nue sur des plages de sable fin, une oeuvre littéraire majeure dans les mains. Ou un bon polar. Ou un magazine débile. (Qu'est-ce qu'on ferait pas pour édifier les foules et amener la belle-jeunesse aux belles-lettres).
La nouveauté malheureusement cette année en Grèce, ce sont les paysages rouge et noir. Le Péloponèse a flambé. Ce qui est incroyable, c'est que toute la campagne a brûlé, mais qu'au milieu de champs cramés, de moignons d'arbres calcinés, la plupart des maisons semble avoir été préservée.
Il y a maintenant un peu plus d'un mois que nous sommes partis et pour le moment, tout se passe encore mieux que je ne l'avais imaginé.
D'abord, c'est la première fois que je pars hors vacances scolaires, et chers amis profs et/ou parents, sachez-le, ça change vraiment tout ! Là par exemple, nous sommes dans un camping à Olympie, où il n'y a qu'un autre campeur. Camping immense avec immense piscine qui donne sur l'immense campagne... on aurait presque la trouille.
Les amis, je crois qu'on va se régaler à la retraite.
On va se régaler doublement en fait parce que la vie sans travail, c'est quand même beaucoup plus léger et facile. Je me demandais pourquoi mes soirées étaient si agréables, outre le fait d'avoir un mari avec moi ce qui n'est pas mal déjà, mais tout simplement je n'ai rien à faire, pas de copies à corriger ni cours à préparer ni discussions pédagogico-psychologico-politico-amicales, ni courriers à rédiger, ni problèmes à éclaircir, ni situations à débloquer, ni soucis, déceptions, projets, angoisses, et comme par hasard je n'ai jamais aussi bien dormi de ma vie.
On va se régaler triplement quand j'y pense à la retraite, parce qu'il y a d'autres choses que je n'ai pas à faire le soir en ce moment : je n'ai pas à préparer les cartables, appeler les baby-mamies-voisines-amies sitter pour faire le point, à préparer les tickets de cantine, les cartes de garderie, les cahiers de solfège, les affaires de piscines, les sous pour la sortie, cadeau pour l'anniversaire de Toto, carnets de santé pour la visite médicale récite-moi ta poésie, comment ça tu n'as déjà plus de colle, non tu n'apportes pas tes cartes machins yoh à l'école, mais pourquoi ne m'as-tu pas dit avant que tes chaussures étaient trouées ? Vous avez enregistré le planning ? Voyons, rappelle-moi qui vient te chercher quand avec qui où ?... Rien de tout ça. Et puis être en tenue-coiffure-maquillage de vacances tous les jours, ne pas avoir à se demander si c'est trop court/long/coloré/stricte/décontracté, ni ce que voient des troupeaux de rugbymen quand on écrit au tableau, ça détend.
Il y a une dernière chose qui est beaucoup plus facile pour moi en ce moment : cet élément de ma vie que j'essaie d'occulter mais qui, je dois le reconnaître, occupe forcément une (trop) grande partie de mon temps dans ma vie (trop) normale de (trop) bonne-femme normale : les tâches (trop) ménagères. Parce que ranger et nettoyer un 15 m2, et à deux qui plus est, j'aime autant vous dire que ça paraîtrait presque amusant. ça me rappelle un peu ma jeunesse étudiante. Sauf qu'on était vachement moins de toqués dans les 15m2.
Moralité : pour passer une retraite heureuse il nous faudra beaucoup voyager en dehors des vacances scolaires, s'assurer que les enfants sont bel et bien partis (moi j'ai calculé large, y'aura aucun problème pour ça) et vivre dans un studio ou un camping-car. Ainsi on a le temps de lire, de parler, d'écrire, de lire, et de regarder enfin les saisons de séries intellectuelles et littéraires que les copines nous ont préparées avant notre départ (DHW en ce moment). J'avoue qu'il est jouissif de regarder Desperate House Wife dans une capucine de camping-car au milieu de la pampa albanaise ou grecque.
J'ai un peu moins le temps de lire que je ne l'aurais espéré. Mais il faut dire que c'est toujours le même principe : j'ai toujours beaucoup plus lu dans les périodes où j'ai beaucoup de travail, d'ailleurs c'est l'année des concours que j'ai dévoré la moitié des polars français. Face au devoir, rien de tel que la fuite et quelle meilleure fuite que les livres ? (question rhétorique merci de ne pas répondre). Quand en plus je peux y trouver une vague justification professionnelle ou intellectuelle, j'en abuse : courage, fuyons ! Je dois dire aussi que je savoure ce temps de lecture et ces livres qui m'attendent. Et aussi que j'ai qd même trois petits trucs qui occupent une partie de mon temps. La dernière fois que je suis venue en Grèce, j'avais 14 ou 15 ans, 2 petits frères, des parents qui me gonflaient, forcément, des amoureux éperdus que je venais de rencontrer et ne reverrais jamais mais je ne le savais pas dieu-merci, et j'ai lu en moyenne 3 livres par jour. Désormais mes petits frères sont grands et vivent loin (en tout cas ne dorment plus à côté de moi sous une tente), mes parents ne me gonflent plus, ou si peu, je n'ai plus qu'un amoureux (déclaré au moins), je ne sais pas s'il est éperdu mais je le retrouve chaque jour, seulement je ne lis plus que 3 livres par semaine. Les voyages forment la jeunesse mais aussi les profs de français finalement.
Par ailleurs merci aussi papa et maman de m'avoir laissé choisir allemand première langue. Je l'ai souvent regretté puisque ça m'a empêché d'apprendre l'espagnol et qu'ayant passé plus de temps en Allemagne qu'en Angleterre, j'ai un accent basque terrible quand je m'emploie à parler la langue de Shakespeare. N'empêche, quand on voyage en Mediterranée, on ne regrette plus du tout de pratiquer celle de Goethe.
Toutefois pour être totalement honnête, je dois dire que le meilleur dans cette odyssée, ce sont tout de même notre Ulysse et nos deux autre petits toqués. Voir le plaisir du grand au mille ruses face aux guides, aux cartes, l'entendre raconter Olympie à sa soeur avant même de l'avoir visitée et trépigner d'impatience face au site dont il rêve depuis longtemps, les voir s'extasier face à tout ou trouver naturel ce qui nous étonne, se réjouir de chaque endroit, de chaque départ et de chaque arrivée, les voir adopter avec tant de naturel cette vie de nomades et se faire si facilement une habitude du changement, voilà le vrai bonheur.
En vérité je vous le dis, c'est ici et aujourd'hui qu'on se régale.
La sagesse n'attend pas le nombre des années, ni les Toqués.

lundi 10 septembre 2007

Albanie, c'est deja fini...

En Albanie, au bord des routes, outre les stations-service toutes neuves et les "Lavazh" (cette activité se justifie aussi par l'abondance de l'eau, que les albanais puisent directement dans le sol, d'où les réservoirs sur tous les toits des maisons, et ce qui fait qu'à nous aussi on nous fournit l'eau gracieusement et en quantité), il y a aussi les magasins de meubles. Innombrables et immenses. Et puis, dans la campagne et la montagne, ce sont les tombes qui fleurissent. Au début nous pensions qu'il s'agissait, comme chez nous, de marquer le lieu d'un accident mortel. A priori, ici, on choisit son coin et on installe sa tombe en bord de route de manière à pouvoir venir la fleurir facilement. Parce que certaines sont superbes. D'ailleurs les cimetières sont très beaux, tout fleuris, et en général entourés de tas d'ordures impressionnants... contraste caractéristique de ce pays. Et il y a aussi les boucheries. De petites cahutes cracras, dans lesquelles les morceaux de bidoche sont accrochés, et à laquelle est accrochée aussi une vache, la prochaine victime sans doute. Parfois des poissonneries aussi, près des rivières. La conservation des poissons est plus simples : ils nagent dans un aquarium et on vous les pêche en direct. Le long de la route il y a aussi ceux qui vendent des trucs grillés : viande, mais ou choses non-identifiées par nous. Et puis les trucs pas grillés comme les sacs d'olives que nous brandissent les enfants. Sans parler de tous les étals de fruits et légumes et de produits variés, des cigarettes aux sacro-saints produits pour faire briller les voitures. Et puis il y a tous ces gens. Au milieu de la montagne, il y a toujours un type assis au bord de la route, un gamin qui traîne, une femme qui rentre des champs.
Parce qu'il faut quand même noter cet élément qui nous a frappés à Tirana, outre la jeunesse de la population : dans tous les commerces ce sont des jeunes filles, charmantes, qui bossent. Les employés de la ville sont des employées. Hormis les chauffeurs et policiers, ce sont les femmes qui travaillent. Et les hommes traînent, partout. Ils jouent aux dés, envahissent les cafés, refont le monde, mais ne le font sans doute pas beaucoup avancer (je veux rassurer mes anciens élèves : vous voyez, je n'ai pas abandonné ce féminisme que vous aimez tant chez moi).
En bord de route il y a aussi les ordures, mais elles deviennent utiles en montagne : elles servent à remblayer les routes qui tombent en ruine. Le manque de moyens, les éboulements, les écoulements d'eau, jamais en France nous n'avons vu une route aussi mauvaise que la plus belle route albanaise. On nous avait prévenus, nous n'imaginions pas à quel point c'était vrai. Et rouler est une épreuve. Surtout avec un si gros et si lourd camping-car. Cette épreuve est double parce qu'en plus de l'état des routes, et de la signalisation pas toujours évidente, il faut affronter les chauffeurs albanais. Il y a sans doute une fonction de défoulement dans la conduite des albanais, que nous trouvons si agréables par ailleurs, un défi à toutes les lois de bienséance et de prudence. Il faut les voir, tels des gosses lorsque le maître écrit au tableau, s'avancer dans tous les sens lorsque le policier qui vient de nous faire signe de nous arrêter (avec le sourire !), tourne le dos. Il faut les voir doubler à toute vitesse en montagne, au bord des précipices, leurs Mercedes (j'ai oublié de vous dire : 4 voitures sur 5 sont des Mercedes, Rachel nous a d'ailleurs demandé ce matin : "Mais pourquoi les voitures en Albanie ont toutes un petit truc devant le capot de la voiture ?") sautant sur les nids de poule, quitte à créer une troisième file, et bien des émotions chez votre pauvre dévouée reportrice. D'autant plus qu'ils sont plus discrets que leurs voisins du Montenegro, dont je viens à regretter les klaxons qui au moins nous prévenaient un peu.
Je suis rassurée, notre camping-car tient le coup (même s'il a un peu changé de couleur), et notre chauffeur aussi (il change également parfois de couleur sur la route). Les enfants ont pris l'habitude de ranger leurs affaires qui ne volent plus, nous allons prendre l'habitude de revisser les portières et autres pièces qui sous les vibrations (je me demande si à ce stade ça n'a pas d'autre nom) se dévissent, pour me détendre je mets un écouteur de mp3 dans mes oreilles, je ne crie presque plus quand arrivent en face de nous deux poids-lourds qui se doublent alors qu'à gauche nous avons un ravin et à droite un immense fossé. C'est sportif pour le chauffeur qui se fait les abdos, et pour moi. Parce que je ne sais pas si vous connaissez ces machines hyper à la mode dans les salles de gym, sur lesquelles vous montez, debout, qui vous secouent dans tous les sens de manière à vous déséquilibrer et à faire travailler tous vos muscles, mais s'occuper des devoirs, des goûters, des "j'ai soif !" "Gaspard a attrapé ma game-boy !""pipi !" tout en roulant en camping-car et en Albanie, je peux vous dire que ça fait travailler l'équilibre et tous les muscles.
Là, après avoir traversé des paysages incroyables de champs pétrolifères, et des villages d'une immense pauvreté, nous sommes dans les montagnes à Girokaster. Nous cherchions un endroit où passer la nuit, un peu paumés dans la ville, quand dans une petite route, un automobiliste souriant nous a fait signe de ne pas continuer, que nous ne passerions pas. A grands renforts de signes (ici les albanais ne parlent plus anglais ni français), nous lui avons expliqué que nous cherchions un endroit où dormir. Il nous a fait signe de le suivre et nous a accompagnés sur la place de la vieille ville. Et, après nous avoir promis juré sur tous les saints de la terre que nous pouvions dormir sur nos deux oreilles, nous a confiés à l'hôtelier de la place qui a, comme tous ceux que nous rencontrons, été charmant. Et encore plus quand il a vu les enfants.
Les albanais sont un peuple vraiment accueillant et souriant. Tous sur notre route nous sourient, nous saluent, nous aident. Les policiers qui, dans la plupart des pays, y compris chez nous, (sans parler de la méchante qui nous a verbalisés en Croatie pour une histoire de phares éteints en plein jour) jouent les gros durs, sont archi souriants, bavardent, plaisantent, rigolent. On a cette impression qu'entre tous les relations sont bienveillantes. Sauf sur la route. Et ce sont les routes qui vont nous forcer à quitter ce pays beaucoup plus tôt que nous ne l'avions prévu ( parce que le problème en plus, c'est qu'une route défoncée est pire qu'une piste, on les souhaite les chemins de terre ici ). Les enfants ne rêvent que de la Grèce, nous allons les écouter. Nous espérions pouvoir faire la côte albanaise, qui paraît-il est grandiose, sauvage. La route qui la longe est déconseillée en camping-car, une conductrice aguerrie et baroudeuse nous l'a vraiment interdite, nous pensions pouvoir passer outre. Toutefois sans être particulièrement frileux (surtout qu'on se caille nous en ce moment), mais après avoir testé une partie du réseau routier albanais, nous déclarons forfait. Une route dans cet état, en altitude avec la mer en contrebas et toujours les mêmes poids-lourds et chauffards, nous ne voulons pas tenter le diable. En voiture, et surtout en 4x4 nous l'aurions fait. Nous le ferons un jour. Nous reviendrons en Albanie (méthode Toquée pour éviter les regrets). Même si nous savons qu'elle aura beaucoup changé d'ici-là. Et nous le lui souhaitons car ce pays est tout de même immensément pauvre, mais plein de ressources naturelles, humaines, culturelles, ce mélange, cette jeunesse, ce modernisme dans l'islam sont une force et on sent que le pays est en plein essor. Pourvu qu'il sache se développer et s'organiser avec tous et sans laisser trop de monde sur ces bords de route foisonnants.


PS Photos toujours au même endroit, à noter que le chateau de Girokaster est magique à visiter car on vous donne un ticket d'entrée, puis vous vous promenez librement et faites tout ce que vous voulez dans des ruines immenses et surplombant toute la vallée.

mercredi 5 septembre 2007

Toutes bloggueries mises à part


Nous sommes à Tirana.

Tout simplement dans un très bel hôtel.

Enfin... sur son parking au milieu des Rolls et autres énormes voitures que je ne sais identifier.

En plein centre de la ville, nous avons été aiguillés ici et nous voilà garés, gardés et même connectés ! Grâce à nos panneaux solaires, à nos deux réservoirs d'eau et à nos WC écolos, nous sommes totalement autonomes.

Malgré ses routes et ses chauffeur(/ard)s, nous sommes toujours aussi séduits par l'Albanie et les albanais. (Et malgré ses orages, cette nuit nous avons cru mourir de peur, mais les enfants n'ont rien entendu eux, toujours est-il que nous nous sommes réjouis de n'avoir pas dormi dans un endroit désert) Nous nous sentons bien dans ce pays, dans cette ville, pourtant immense et folle. Si nous apprenons à traverser en courant (surtout en fin de journée quand les coupures d'électricité éteignent les feux) et que nous avons renoncé à nous déplacer en vélo, nous bavardons avec tous ceux que nous rencontrons, les enfants retrouvent leur place de rois, les biscuits sont bons, les cafés archi-nombreux, et si les muezzins ne sont pas trop matinaux (juste qd nos enfants décident de dormir jusqu'à 8h le matin) on pourra dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (remarque, ce sont plutôt les klaxons qui risquent nous réveiller).


Je profite de cette connection pour vous prévenir : ce blog nous sert aussi de chronique familiale et d'album-photo. Donc mes posts ne seront pas du tout des fiches culturelles sur les pays que nous visitons, mais plutôt ma salade habituelle faite d'anecdotes familiales, de remarques personnelles et de tout ce qui me passe par la tête au moment où j'écris. Et nos albums photos ne seront pas artistiques mais seront juste les images que j'ai envie de partager avec vous et beaucoup beaucoup de photos de mes trois plus belles oeuvres, avouons-le.

Les Toqués chez les Albanais


mardi 4 septembre 2007, Milot, Albanie
Lundi matin à Dubrovnik, le roi avait fini son bricolage, la reine avait profité d'une connection internet quasi à volonté, et surtout les petits princes étaient rétablis, il était temps pour les Toqués de reprendre la route, direction : le Monténégro, grâce aux indications de notre voisine de camping : une italienne qui parcourt le monde.
ça fait drôle de passer dans un pays qui vient juste d'acquérir son indépendance. Il a fallu expliquer aux enfants que non ce pays n'était pas "neuf", ils imaginaient un endroit absolument vierge, comme une planète, qu'un peuple serait venu occuper depuis quelques mois. Route splendide dans les gorges de Kotor, sorte de Fjord Norvégien bien plus bas que la Norvège, une baie immense au pied de la montagne, toujours. Nous avons eu une pensée pour nos amis prêtres biarrots puisque l'église que vous apercevez sur une île s'appelle "Notre Dame du Récif" (NDLR : la paroisse biarrote s'appelle Notre Dame du Rocher) Et au bout d'une longue route le long d'une côte miraculeusement un peu préservée du tourisme, Kotor : une ville fortifiée absolument charmante, avec ces sols clairs qu'on aimerait trouver dans son salon, une ville parfaitement conservée (et restaurée), une ville vivante pourtant et pleine d'églises ! Là c'est pour mon père que nous avons eu une pensée émue face à la cathédrale : Saint Tryphon et aux restes (les enfants étaient ravis mais un peu déçus qu'ils aient été enfermés dans des boîtes) du dit-Saint. Notez que les églises commencent à se parer d'or et d'argent, à la russe. Notez également la présence, en plus des pigeons, de dizaines et dizaines de chats dans ces villes... notre ami des bêtes Gaspard ne sait plus où donner de la tête.
Nous ne savions pas trop où nous allions dormir, nous nous sommes d'abord concentrés sur la route parce que comment vous dire... au Montenegro, il y un grand principe : il faut rouler très vite, et surtout doubler partout tout le temps en klaxonnant bien fort, ce qui nous a valu quelques belles frayeurs. Il y a aussi des gens sur la route, des petites familles qui apparaissent sur ce qui nous semblait presque une autoroute. Partout le long des routes, sur la côte, ce sont des centaines de petites boutiques faites de bric et de broc, entre les maisons qui proposent toutes des chambres à louer. Et puis partout, des détritus, des poubelles, des ordures. N'importe où. D'ailleurs l'état entreprend visiblement une grande campagne pour encourager les gens à utiliser les poubelles qu'on voit fleurir à certains endroits.
Nous avions envisagé de demander l'asil dans un des nombreux monastères du coin et de cette côte grandiose, mais qui dit monastère dit souvent montagne et petite route escarpée, ce qui nous a fait peur.
Finalement nous avons trouvé, au fond d'un chemin, un camping, totalement improbable, sur la plage de beaux galets. Devant nous la mer, derrière la montagne. Enfin... devant nous des tas d'ordures, puis la mer. (il est d'ailleurs étonnant pour nous de voir une petite famille avec enfants et tout qui part de la plage laissant derrière elle, naturellement, bouteilles vides, couches sales, sachets de chips et autres détritus de la journée) Paysage splendide et d'un autre monde. Et d'une autre époque. Des campements incroyables, de vieilles vieilles caravanes, et des regards intrigués par notre camping-car, qui devient un nouveau laisser-passer et nous vaut bien des compliments. Nous aurions voulu prendre une photo des sanitaires, la douche : un tuyau d'arrosage quant au reste... Nous sommes heureux d'avoir notre Toq'car.
Nous nous sommes régalés de la vue, endormis au son de la mer, et réveillés tard car rien ne vaut le bercement de la mer dans un endroit silencieux et sombre (ni le camping ni la plage ne sont éclairés, du coup que d'étoiles !).
Nous avons tout de même décidé de partir pour l'Albanie après avoir fait un détour par Celsinj, dont la côte ne nous a finalement pas attirés, et nous sommes remontés, suivant les conseils d'un internaute, passer la frontière à Sokobin.
Si nous devons avouer, sans vouloir faire de généralisation débile, ne pas avoir été globalement séduits par les croates relativement distants et peu avenants, dès la frontière abanaise nous sommes tombés sur de grands sourires et un accueil royal. Et là : le choc. Un autre monde, l'aventure. Au bout de quelques kilomètres (d'une route toute neuve, dieu merci car les albanais conduisent encore plus dangereusement que leurs voisins), nous croisions un cavalier lancé au galop sur sa monture, des carioles, des femmes portant le rateau sur l'épaule et semblant sortir d'un livre d'histoire, des ânes, vaches et autres animaux partout, des échopes et boui-bouis hallucinants, des vélos, scooter surpeuplés, et partout des saluts, des sourires, des mots gentils, des indications.
Un mélange de communisme, d'orient (la majorité des albanais sont musulmans) et de pays en pleine ouverture et construction. Détonnant. Et réjouissant.
Les ponts ressemblent à celui de la rivière Kwaï, aussi prompts à s'écrouler semble-t-il, les routes principales, hormis une, sont dans un état pitoyable, mais il y a une station service toute neuve tous les kilomètres, des maisons en construction partout (mais aussi une autre particularité : visiblement on se laisse toujours la possibilité de pouvoir construire un étage supplémentaire un jour), des hôtels super modernes et immenses au milieu de nulle part. Les plus grosses voitures côtoient les charrettes et le sport national, outre l'ouverture de station service (il doit y avoir une affaire de subvention là-derrière, je vous promets qu'il y en a tous les kilomètres), est visiblement le lavage automobile. La ville ressemble à la campagne et inversement, et les mosquées côtoient les publicités immenses pour la bière.
Nous nous sommes un peu paumés dans Skröder et ses multiples boutiques de tout. En route pour Tirana, nous nous sommes arrêtés au hasard dans un de ces hôtels tout neufs pour tenter de trouver un guide touristique (dans nos préparatifs on a oublié celui de l'Albanie). Xtophe est descendu. Au bout de quelques minutes, j'ai vu arriver à moi un serveur en grande tenue me portant un café, tout sourire, le ton était donné. Le Toqué était tombé sur un cuistot ayant vécu 20 ans en France et un patron d'hôtel ravi de connaître des français. Après nous avoir offert le café, ils nous ont donné plein de pistes et nous ont encouragés à venir dormir derrière l'hôtel-restaurant, "pour notre sécurité". Après nous avoir envoyés vers la "plus belle plage de sable fin de l'Albanie".
Quand elle a vu cette plage, Rachel n'a plus voulu partir (nous n'étions pas sûrs de pouvoir en repartir vu les chemins par lesquels nous y étions arrivés de toute façon). Pas un chat, au milieu de la pampa, des kilomètres de sable fin... et noir. ça et là, quelques bars-discothèques archi branchés sur pilotis dans la mer. Vides. Il fait mauvais et la saison est terminée. Les enfants étaient fous de joie. Il nous fallait juste empêcher Gaspard de jouer dans les ordures, c'est si tentant. Nous avons pu aussi échanger quelques infos avec deux français baroudeurs qui étaient là avec leurs camions.
Nous sommes tout de même revenus dormir devant l'hôtel, accueillis par les patrons, notre ami cuistot qui nous a un peu raconté l'Albanie le communisme le peuple, et pour la plus grande joie des enfants puisqu'il y a devant notre porte une aire de jeux de rêve (à côté de la cahute du gardien de nuit, tout est paradoxal et fou vous dis-je) peuplée par plein d'enfants avec lesquels ils ont vite fait de jouer et de bavarder en franco-italo-anglo-albanais. Pour les remercier et pour le plaisir nous avons mangé au restau de l'hôtel, servis comme des rois (des pachas même... nous étions les seuls à qui on a dressé une nappe blanche) et nous nous sommes régalés. Dans la salle du bas : une fête baptême ? Anniversaire ? Musique albanaise à fond les ballons et enfants qui jouent partout. Tous ceux que nous croisons viennent nous parler.
C'est notre premier jour en Albanie mais nous aimons déjà ce pays, si longtemps mal-aimé.

Photos toutes fraîches et très très nombreuses ici

samedi 1 septembre 2007

les perles de l'Adriatique



Nous sommes immobilisés à Dubrovnik par les microbes bronchiquo-fiévreux des garçons et les travaux du Toqué en chef (je vous laisse imaginer comme c'est simple les travaux dans un camping-car) qui a enfin trouvé le réservoir d'eau supplémentaire de ses rêves. Du coup nous profitons de tout le confort du lieu avant de commencer un peu l'aventure en Albanie. Et comme le dit Rachel avec les yeux qui brillent : "Alors en ce moment on est un peu croates, on vit en Croatie !".
Je ne vais pas vous faire un immense topo sur Dubrovnik, c'est vrai que c'est splendide, majestueux mais surtout on dirait que ces remparts et cette ville viennent d'être construits tant tout a été conservé. Pourtant il y eu un séisme, pourtant je ne peux même pas vous dire le nombre de peuples qui se sont succédés dans cette ville, ils y sont tous passés, y compris Napoléon, pourtant la ville a connu un siège terrible des Serbes en 91, mais elle est magnifique.
On réalise assez facilement à travers nos visites, et je pense que ce n'est que le début, que l'Histoire est folle. Je ne suis pas du tout historienne et je suis même vraiment vraiment inculte en la matière mais toutes ces guerres, ces peuples incapables de vivre ensemble rassemblés dissociés assemblés reséparés et ces découpages bizarres de territoires (par exemple, nous sommes passés en Bosnie. Si vous regardez une carte de la Croatie, il y a quelques kilomètres de la Côte qui ont été concédés à la Bosnie, donc on passe deux douanes en moins d'un quart d'heure), l'influence du communisme qu'on sent bien chez les gens, dans l'architecture, alors que les arbres sentent la méditerranée et que les cigales chantent très fort, ces côtes superbes défigurées par un tourisme explosif et désordonné...
Bref, une certitude demeure finalement : nous ne sommes pas les seuls toqués au monde !