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mercredi 27 février 2008

Sea, sex and sun



J'avoue qu'en voyageant avec nos amis allemand et surtout Katya, j'ai, ces derniers temps, essentiellement profite de l'aubaine d'avoir un commere et que j'ai un peu delaisse les ecrits, mais me revoici chers amis puisque ma commere son mari et leur fille vont repartir demain. Nous allons les regretter et cherchons une solution pour kidnapper leur petite Ronja qui s'integre si bien a notre famille de toques et que les enfants revent de garder avec nous.

On garde tout de meme Marc l'overlander, (moins petit mais tout aussi mignon en maillot de bain) qui poursuit la route avec nous jusqu'au Vietnam.

Ces derniers temps, nous avons joue aux Robinsons avec nos coverlanders. L'avantage lorsqu'on est plusieurs c'est qu'on peut reellement s'isoler sans crainte.

Pourtant il s'en est fallu de peu encore pour que nous ne soyions definitivement horrifies par le sud de la Thailande, Nous avons passe quelques heures a Hua-Hin et ces villes touristiques faites de buildings enormes, pleines de toutes les enseignes europeennes ou americaines, et pleines d'europeens ou d'americains qui se permettent de se promener en ville en maillot de bain ou dans des tenues qui mettent en valeur leurs bourrelets et leurs coups de soleil, c'est terrible.

Mais le pire, nous le voyons encore plus a Bangkok, ce sont ces memes vieux europeens ou autres blancs/rouges, ou pas si vieux, qui emplissent les bars, quartiers chauds et que l'on croise partout en fait et qui viennent combler leurs miseres affectives aupres des jeunes thais. c'est frappant et ca me met tres mal a l'aise. Certes il s'agit d'adultes et tous y trouvent peut-etre d'une certaine maniere leur compte, se sortant mutuellement de leurs miseres mais je ne peux accepter cela. J'ai un peu honte et puis beuuuuurrrrkkkkk. Elles sont si jolies et jeunes et ils sont generalement si vilains et vieux.

Ce n'est une revelation pour personne, mais vraiment ca choque la Toquee-Candide qui voudrait tant que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Donc nous avons conserve un peu notre innocence de bons sauvages et joue les Robinsons de luxe, avec jouets de plage, grillades au feu de bois, et delicieuses choses a manger toujours faciles a degotter puisqu'en Thailande comme partout depuis l'Inde, ou que noous soyons, il y a un marchand ambulant qui passe avec sa moto et tout son attirail.

Et une fois que tout ce petit monde a ete rassasie de liberte, de coquillages, de baignades et que le Toqcar a ete bien rempli de sable et de coquillages aussi mais vide de gaz, d'eau et de vivres, nous avons file ajouter quelques toques a la cite des anges.



Et puis juste pour le plaisir : une petite interrogation etymologique de ma toquee de fille hier soir : "pourquoi crois-tu que les fraises s'appellent fraises ?" je me lance alors dans une grande explication (brillante) de semiotique vulgarisee et elle m'interrompt : "tu ne crois pas que c'est plutot a cause des fesses ? Une fraise ressemble a des fesses alors on a cherche un mot qui s'en rapproche...".
Je suis rassuree, il reste de jolies histoires de fesses dans le meilleur des mondes.


PS : nouvelles photos en ligne (attention un nouvel album a la date du 03/02) et bonne nouvelle : j'ai retrouve mon appareil-photo perdu et qui etait finalement dans la voiture de nos co-robinsons, donc je vais pouvoir de nouveau vous abreuver, vous noyer d'images d'Uysse Rachel et Gaspard dans le monde.

jeudi 21 février 2008

Chinetoqués




Je vous l'ai déjà dit et vous le savez fort bien pour certains, les passages de frontières sont parfois un vrai casse-tête, chaque pays a ses propres règles, qui peuvent changer très souvent, les frontières s'ouvrent se ferment, les formalités varient au gré... d'on ne sait trop quoi ni qui. Si on y pense, c'est un peu triste...
Alors il faut prendre une multitude d'informations, les plus récentes possibles, et puis aussi faire confiance à... on ne sait trop quoi ni qui mais rester optimiste. Nous c'est ce qu'on fait de mieux, ça tombe bien.
Nous savions depuis le début que l'entrée au Vietnam pourrait être folklorique, et comme vous l'avez peut-être compris nous devons y entrer puisque nous y avons rendez-vous avec mes parents, un de mes frères, sa douce épouse et un de leurs fils. Autant vous dire d'ailleurs qu'on commence tous à compter les jours et que ce séjour risque ne pas être triste... Mais nous savons aussi qu'il y a pas mal d'overlanders là-bas, c'est donc qu'on y entre. Sentant l'échéance prochaine, nous avons commencé à récolter des infos fraîches. Il vous faut imaginer les sms internationaux et les mails par milliers. Un ami nous a aiguillés sur un autre voyageur aguerri, qui lui-même nous a conseillé de contacter un couple français, actuellement au Vietnam. Ce couple nous a expliqué comment ils étaient entrés par le Cambodge, ce que nous comptons faire, nous détaillant toutes les démarches qu'ils ont dû effectuer. Ils nous ont aussi donné les coordonnées d'autres français qui eux, ont dû entrer via le Laos, ce que nous ferons si jamais la première frontière nous fermait les barbelés au nez. Une mine de renseignements pour nous.
Et puis... et puis Alain et Marcelle nous ont ensuite expliqué qu'ils souhaitaient faire le même trajet que nous pour leur retour en Europe, qu'ils cherchaient eux aussi une solution maritime entre Hanoi et Vladivostok, mais qu'ils avaient fait d'autres recherches et trouvé une solution très intéressante sur le plan financier mais aussi sur le plan géographique, culturel. Il leur manquait juste un second véhicule et ils nous ont proposé de nous joindre à eux.
Il s'agit tout simplement de se rendre au Laos, après le Vietnam, ce qui est déjà enthousiasmant. Et puis... de traverser la Chine jusqu'en Mongolie.
La Chine
La Chine...
La Chine !
LA CHINE !!!!!!!
On va en Chine !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
(Désolée Gabriel on n'y arrivera pas à pieds)

C'était inespéré tout simplement parce que l'entrée en Chine avec son véhicule est très chère, compliquée et que ce n'est pas un pays où on nous laisse nous ballader à notre guise. Mais c'est une agence qui organise la traversée, s'occupe de toutes les formalités (permis de conduire chinois, demandes à l'armée etc) qui nous fournit un "guide" qui reste avec nous tout le temps (voyons le bon côté des choses, on ne se perdra pas et il nous facilitera la communication, et puis espérons qu'il soit vraiment un peu "guide" et puisse nous en apprendre beaucoup sur son pays). Et comme nos futurs co-overlanders avaient fait toutes les démarches de négociations, nous n'avons plus eu qu'à envoyer une tonne de documents, qu'à payer, et le tour est joué.
Ce n'est pas la liberté totale, mais on s'en fiche, et puis en Chine, nous ne sommes pas les moins libres... On fait des économies et surtout on va en Chine avec notre Toqcar !!!!!!!!!!

Vous ne pouvez imaginer notre joie à tous. Si vous le pouvez je pense.
C'était un de nos rêves, lorsque nous avons commencé à penser l'Odyssée. Mais très vite nous avions dû renoncer.
Amis futurs voyageurs qui nous lisez (et je commence à voir à travers vos mails que vous êtes nombreux), souvenez-vous que votre itinéraire peut changer du tout au tout et surtout que rien n'est vraiment figé, ni surtout impossible.

Pour l'instant les dates ne sont pas fixées, nous partirons au mieux début mai, et du coup, sans doute devrons-nous passer plus rapidement que nous le souhaitions en Mongolie et Russie mais peu importe, cette énième (je n'ose dire dernière) surprise nous offre de nouvelles tranches de rêve. Et quelques nouvelles formalités à accomplir (juste 4 nouveaux visas à demander. Donc 20 en fait. Et c'est une vraie partie de rigolade parce qu'il y a ceux pour lesquels il faut une invitation officielle, ceux pour lesquels il faut des dates précises, ceux qui ne sont valables que trois mois après émission, ceux qui ne sont valables qu'un mois, ceux qui sont délivrés en trois jours, une semaine, deux semaines, mon excellente amie Cécile en ferait de beaux tableaux Excell je crois...).

Pour le moment nous longeons la Côte Est de la Thailande pour remonter vers Bangkok, avec nos amis allemands qui nous ont rejoints. Nous profitons des facilités et des plaisirs qu'offre la vie en communauté alliés à ceux qu'offre la Thailande, puis nous nous installerons pour une quinzaine de jours dans la capitale où nous avons déjà plusieurs rencarts.

Et puis... je ne sais pas si je vous l'ai dit... ON VA EN CHINE !

lundi 18 février 2008

"Overlanders"

C'est un mot dont on ne trouve pas d'équivalent en français et que nous ne connaissions pas avant de partir. Normal me direz-vous, vu que si nous avons parfois été oberbookés et que nous sommes généralement overtoqués, jamais auparavant nous n'avions été overlanders. Et quand on est overlanders on rencontre d'autres overlanders. Et c'est un petit monde qui se promène sur plus ou moins de roues, avec plus ou moins de chevaux dans le moteur, plus ou moins de passagers et plus ou moins de temps devant soi. Et dans ce petit monde parcourant le vaste monde, on se connaît tous.
C'est ainsi que lorsque deux overlanders se rencontrent, ils parlent (en anglais parfait) voyage, mécanique, rencontres, bons plans, visas, itinéraires. Il y a toujours un moment où les hommes se retrouvent le nez dans un des moteurs, sous un des chassis, sur un des toîts, un moment où tous les enfants se retrouvent sur une des couchettes où les jouets se mélangent autant que les têtes blondes, où les femmes peuvent enfin converser sur ces sujets essentiels et philosophiques de femmes, où tous se retrouvent autour des guides, des plans, des cartes, on fait feu commun, folle vaisselle et apéros interminables. Et puis surtout on s'échange des nouvelles d'autres qu'on a croisés et comme d'habitude on refait ce vieux monde qu'à nous tous on commence à connaître un tout petit peu et qui nous a permis de nous rencontrer et de nous enrichir mutuellement.
Il y a des gens à l'histoire folle : Marc2 et Christine, allemands, qui ont décidé un peu sur un coup de tête de partir pour 5 ans. Nous avions leur email, et devions les contacter pour prendre des informations sur la Russie, qu'ils ont traversée. C'est Marc1 (de même que tous les français s'appellent Christophe tous les allemands s'appellent-ils Marc ?) notre ami cascadeur rencontré à Cherating qui nous en avait parlé. A Ko Lanta, un soir, un couple est arrivé en 4x4 : "Nous vous avons repérés au 7Eleven - et oui chers lecteurs, y'a pas que de la poésie dans notre vie - et nous doutions que ce camion était à le vôtre" (je préfère ne pas me demander si c'est à l'odeur -d'aventure- ou à notre coiffure élaborée qu'ils l'ont deviné), nous les invitons à s'assoir avec nous, ils se présentent, nous les interrompons car nous les connaissons, le mail à leur intention attendait sagement une connexion dans mon ordinateur ! Nous avons passé un très bon moment. Ils nous ont raconté leur folle histoire. Et vous allez comprendre pourquoi nous avons bien besoin les uns des autres et pourquoi overlander est parfois un peu sorcier.
Ils ont quitté l'allemagne avec leur 4x4. A la frontière russe, on leur refuse l'entrée, il leur manque un papier pour le véhicule. Ils se le font envoyer d'allemagne, et l'attendent une semaine. Du coup ils n'ont plus que trois semaines pour traverser la Russie (le visa est daté). Ils se présentent ensuite à la frontière chinoise. On leur explique qu'il faut payer dans les 10 000 euros et prendre un guide officiel avec eux. Ils ne le savaient pas. Ils repartent donc par la Russie, qu'ils traversent donc en roulant nuit et jour. A Vladivostok, leur visa étant arrivé à expiration, ils embarquent à toute vitesse dans un ferry pour la Corée du Sud, se disant que de là ils iront prendre un bateau pour l'une ou l'autre direction. Sauf qu'en Corée du Sud, on leur explique que la circulations est interdite aux allemands dans le pays. Ils doivent donc payer une fortune pour qu'un camion emmène leur camion sur un cargo à destination de Bangkok. Là bas, pour des raisons d'économies, ils n'avaient pas pris d'agent pour assurer la réception du camion. Les douanes thai les ont fait attendre trois semaines avant d'accepter de leur rendre leur camion. Et donc il ne leur restait plus qu'une semaine de visa en Thailande, ils ont donc foncé en Malaisie pour reprendre un visa thai. C'est là que leur camion a décidé de tomber en lambeaux, et ils sont donc depuis plusieurs mois à Ko Lanta, réparant leur camion et se renseignant afin de pouvoir poursuivre leur voyage calmement.
Il y a ceux qu'on recroise parfois, qu'on suit ou précède, ceux qui deviennent de vrais amis, qu'on a l'impression de connaître depuis toujours. Le fait de vivre les mêmes expériences, et de vivre ensemble plusieurs jours intensifie les liens. On ne peut s'empêcher de se donner rendez-vous quelques pays plus loin, de s'envoyer des nouvelles régulièrement.
Et puis il y a ces hasards géniaux et ces coups de bol car ce sont aussi les rencontres qui transforment et modèlent nos itinéraires et nos odyssées. Et en ce moment, de ce côté-là, chez les Toqués, on est overgâtés.

Mais pour le moment, j'ai une surprise de thaï pour les Pénélopes Biarrotes et pour mon tonton Cristobal...
























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samedi 16 février 2008

Le mythe du bon Toqué


Bon, je vous raconte la Thailande, parce que si la Russie a bien occupe nos esprits ces derniers temps, nous avons encore deux mois d'Asie et de soleil avant d'affronter le froid.

D'abord, on a fui notre plage malaisienne, puis la Malaisie parce que le nouvel an chinois brass les foules et envoie tout le monde sur les routes.

Ceci-dit une nuit sur les autoroutes de Malaisie c'est toujours bon pour les toques, ca nous permet de prendre une bonne douche dans des sanitaires plus propres que chez Amatxi (faut pas faire de jaloux).

Il y avait longtemps que nous n'avions pas passe de frontiere terrestre, celle-ci n'etait pas tres compliquee malgre la foule. Et nous avions en plus pu prendre notre assurance dans un des bureaux qu'on trouve sur la route ce qui simplifie bien les demarches que nous avons a accomplir dans chaque nouvelle contree.

Gaspard a fait ce coup-ci pipi sur le sol devant le premier guichet des douanes, je crois qu'il a decide d'en faire une tradition qui nous embarrasse un peu.

Une fois de plus nous avons ete surpris de constater qu'en quelques metres la vie et les hommes sont totalement differents d'un pays a l'autre.

En cherchant a acheter une bouteille de gaz (autre de nos obsessions de voyageurs puisque notre frigo fonctionne – ou fonctionnait – au gaz), nous avons aussi compris que nous aurions parfois un probleme de communication car l'anglais est loin d'etre utilise par tous et l'ecriture thai est tres jolie, mais ressemble a de petits vers de terre qui se tortillent. On a du gaz, on n'est pas surs que ce soit le bon. Il ne sera pas pire que le gaz indien qui noircit les casseroles et me transforme en sioux a chaque repas et semble avoir fait du mal a notre frigo qui ne sait plus trop ce qu'il est cense faire. Il nous reste un peu de frais dans la partie congelateur que nous trouvions inutile jusque la mais qui en ce moment nous sauve la mise. Vivement la Siberie, nous n'aurons plus de souci.

En tout cas les thais ont un mode de communication qui nous correspond parfaitement : le sourire. Quel plaisir ! Leurs visages sont marques par le sourire et je dois dire qu'on adore ca et qu'on sait repondre.

Apres les courses et formalites d'usage nous avons file vers un parc naturel qui abrite une magnifique cascade a 7 etages. Puisqu'on nous souriait on a compris qu'on pouvait dormir dans le parc. Le gardien de nuit est venu nous saluer et nous faire comprendre qu'il ne fallait pas s'aventurer dans la jungle en pleine nuit, mais il faut dire que cette cacophonie extraordinaire et un peu effrayante que pas un bruit humain ne vient deranger ne donne pas envie de sortir de chez soi. Le lendemain matin Gaspard a ete pris en charge par les employees du parc, folles de lui, bien sur, d'autant plus que grace a son francais parfait, chaque fois qu'il dit « camping-car » les thais comprennent « kap kun karp » signifiant merci. Reste a esperer que « tortue » ne soit pas un gros mot... Nous avons grimpe jusqu'au 4eme etage de la cascade et mange dans le bruit et les embruns, un petit parfum de fraicheur et d'aventure qui a ravi toute la famille. En partant nous avons compris pourquoi nous etions si tranquilles et seuls sur notre joli parking au milieu de la jungle : une barriere empechait tous les autres vehicules d'entrer... Coup de bol, malentendu, gentillesse de nos hotes ?..

Puis cap sur Ko Lanta. Revanche de mes pauvres enfants qui n'ont jamais vu l'emission du meme nom a cause du snobisme intellectuel de leur vieille mere et surtout du fait qu'elle aime etre tranquille le soir, mais qui l'auront foulee des pieds (l'ile).

Forcement, la cote thailandaise et les iles ce sont les plages de sable fin, la mer transparente, la vegetation de carte-postale. Mais a vrai dire c'est un petit choc pour nous parce que la contrepartie ce sont les installation touristiques, les restaus, les foules d'europeens sur leurs scooters, en maillot de bain dans les rues. Gros gates que nous sommes, nous devenons des snobs du voyage et supportons difficilement ce spectacle pas toujours rejouissant. On s'est un peu eloignes de l'agitation, mais certains chemins nous sont inaccessibles nous interdisant les endroits les plus recules. On a tout de meme degotte un petit coin parfait pour toques, tranquille, joli mais suffisamment pres d'une liaison internet, necessaire pour nous en ce moment pour regler mille formalites et prevoir la suite du voyage. Ce sera l'objet d'un futur message, celui-ci est deja trop long et nous fuyons dans quelques moments vers la Cote Est de l'ile, voire du pays, plus sauvage, a notre nouvelle image.


PS : Monsieur le Proviseur, Monsieur l'Inspecteur, promis je n'ai pas perdu tout mon français mais je tape désormais sur claver anglais. Les accents me reviendront dès le mois d'août. Si je reviens.

mardi 12 février 2008

Ko Lanta, le temps s'accelere




Qu'en ce 13 fevrier, l'eau ne soit pas trop chaude, le sable pas trop fin, tes enfants pas trop sages (bizarrement je suis assez confiante), ta delicieuse epouse pas trop delicieuse (ce sera dur mais elle fera un effort) et que l'an fini nous soyions toujours reunis.
Ulysse te fera sans doute de grandes declarations d'amour sinceres et des demonstrations de plongeons heroiques. Rachel pourrait bien declamer une de ces verites dont elle a le secret comme ce soir : "C'est complique quand on a 6 yeux parce que quand on louche on voit beaucoup de mains" ou t'ecrire un roman, sa nouvelle lubie. Gaspard pourrait te chanter quelques tortues et meme que tortue. Et moi je serai modestement la premiere au monde a te souhaiter un tres joyeux anniversaire et a reveler a tes admiratrices secretes que pour l'occasion, et accessoirement en raison d'une erreur de manip de ta tondeuse, tu es totalement chauve, mais toujours aussi beau et bronze a la fois.

PS : Notre ligne telephonique francaise semble vouloir rendre l'ame, mais vous pouvez nous joindre ou nous smser sur notre numero thailandais :
06 66 862 768 205
Edit : les deux numeros fonctionnent

Syllogisme toqué

Seuls les imbéciles ne changent jamais d'avis.

Les Toqués sont toqués mais pas imbéciles.
Donc les Toqués ont changé d'avis.

L'Odyssée change de cap.

A vrai dire ces derniers temps sur notre plage, pas vraiment abandonnés, plutôt bien entourés même, nous avons beaucoup cogité. Nous avons réalisé que les traversées d'océans étaient compliquées, coûteuses en temps et en argent, nous avons réalisé qu'il était plutôt idiot d'emmener, pour 3 mois, notre Toqcar dans des pays où il est si simple d'en louer un. Nous avons réalisé que nous avions la vie entière pour aller aux USA et au Canada, pays où il est si simple de voyager. Nous avons réalisé que l'aventure fait partie de l'Odyssée, et que nous en avons fait notre routine. Nous avons beaucoup échangé avec des voyageurs aguerris. Nous avons passé du temps au dessus de notre planisphère, le doigt sur Hanoi où se termine notre route le 15 avril, ignorant la Chine, qui nous est fermée pour des raisons financières et politiques.

Et nous avons vu un immense pays, le plus grand du monde, plein d'histoires terribles et d'échos littéraires, un pays que l'on ne peut traverser qu'à partir d'avril, un pays qui fait peut-être rêver mon tonton Cristobal mais qui en tous cas nous fait rêver tous les 5, bon, au moins 4 en tous cas : la Russie.

Faire expédier le Toqcar à Vladivostok, traverser la Sibérie, faire un détour par la Mongolie, pourquoi pas le Kazakhstan, envie d'Ulysse, et revenir vers notre vieille Europe par la route, choisissant selon le temps qui nous reste, notre inspiration et nos rencontres, le Nord ou l'Est.

It's now or never.

Ulysse a déjà étudié la question dans ses livres et est fou de joie. Rachel a déjà les yeux qui brillent à l'évocation des steppes. Gasparov a toujours un peu parlé russe. Moi je veux du Dostoievski et du Tolstoi et Michel Strogoff et le Docteur Jivago. Le Toqué en chef a un début d'itinéraire en tête et la migraine en pensant au Docteur Jivago.

Un revirement qui nous ravit, l'Odyssée prend un nouveau tournant et sera finalement très terrestre mais toujours aussi toquée.

Seule question qui hante Ulysse : puisque nous ne pouvons plus dire que nous faisons le tour du monde, comment pourrait-on appeler notre itinéraire ? Le tour de l'Eurasie ? Le tour de la question ? Le tour de taille ? Le tour de main ? Le Tour malais ? Le Tournesol ? Le tourne en rond ? Le tour sans fond ? Le Tourniquet ?

jeudi 7 février 2008

Nos belles années


Pour la quatrième fois en trois mois, nous fêtons le nouvel an, le chinois ce coup-ci.

Bonne année à vous tous les amis, année du rat, nous espérons tout de même qu'ils continueront à éviter notre navire et à épargner notre odyssée.

Nous sommes débordés entre la plage et nos nouveaux amis voyageurs allemands, voisins de camions, avec qui nous passons une semaine difficile à nager, surfer, jouer, parler, rêver, manger et reviendrons bientôt vous assaillir de récits et photos.

samedi 2 février 2008

Le Roman de Toq'car

Le Meilleur des Mondes
Depuis 6 mois on attend la journee de pluie, celle qui nous donnera l'occasion de faire toutes sortes de choses que le beau temps nous interdit de mener a bien comme les comptes, souligner en rouge, bleu, vert, les titres dans le torchon – pardon : le cahier – de mon cochon – pardon : de mon fils – de faire un petit carnet avec toutes les regles de grammaire, conjugaison et orthographe que le cochon a apprises (cod place avant le verbe) cette annee, d'ecrire toutes nos cartes postales en souffrance, de sortir nettoyer a fond les panneaux solaires sur le toit du Toqcar, de trouver les accents sur le clavier anglais de mon nouveau jouet de geekette : un eee, mini ordi tout vert que je promene partout dans mon sac mais qui, comme les autres petits trucs un peu moins verts que je promene partout, me resiste encore un peu. Je ne perds espoir ni pour les uns ni pour les autres.
Il pleut ! Il faut dire que nous avons mis toutes les chances de notre cote en venant sur la cote Est de la Malaisie a la fin de la saison des pluies. Nous avons eu peur un instant d'avoir loupe notre coup car hormis quelques averses qui rendent la baignade encore meilleure et ondulent joliment les flots et les pages de nos romans, nous avons passe la journee d'hier au soleil et dans l'eau bouillante de la mer de Chine.
Aujourd'hui il pleut vraiment mais celui qui devait faire les comptes et monter sur le toit lit au lit, ayant decrete qu'il pleuvait trop, les cartes postalese n'ont pas l'air de trop souffrir, le cochon revise ses tables de multiplication, la princesse reve devant son bilan de maths et Gasparov regarde un dessin anime, qu'il commente inlassablement, en chinois, comme toujours.
Alors pour faire plaisir a mon tonton Cristobal, meme sans accents (vous pouvez donner ce texte a un CE2 avec pour consigne de retablir tous les accents et les cedilles), et avant que le soleil ne nous chasse de nouveau vers d'autres aventures, bercee par le bruit de la pluie (qui pourrait bien faire office de karsher sur nos panneaux solaires finalement vu son intensite) je vous raconte un peu notre quotidien. Meme s'il y a les journees ou nous roulons ou nous cherchons ou nous installer, celles ou nous changeons de pays, celles ou nous galerons, et tant d'autres journees extraordinaires, il y a tout meme un quotidien de l'Odyssee.
Il ressemble un peu a un dimanche ordinaire. Et la semaine des 7 dimanches on aime assez...

Tous les matins du Monde
Longtemps nous nous sommes leves de bonne heure mais cette anne nous trainons. Nous pouvons de toute facon compter sur Gaspatate affame pour nous reveiller. En general il grimpe se rendormir entre ses chers parents et de preference sur le dos ou les fesses ou les pieds de sa chere mere qui du coup est bien reveillee mais n'ose plus bouger. Mais si Ulysse est lui aussi reveille et qu'il n'est pas plonge dans un roman, il occupe gentiment et calmement son frere en jouant avec lui a la lutte, au rugby, a la guerre des animaux ou au cricket (assez spectaculaire a voir puisque Gaspard fait la balle et Ulysse la bat, mais au reveil on aime moyen...). Rachel s'etire pendant une heure ou rale parce que ses freres l'ont reveillee. La routine de toute famille un dimanche matin sauf que dans quelques metres carres, on est assez synchrones sur les horaires.
Mais c'est sans compter sur le jour ou on se reveille au milieu du marche aux poissons, d'un chantier, sous la mosquee un jour de fete, devant une ecole, un camp militaire celui ou les villageois viennent frapper a la porte pour dire bonjour ou les marchands ambulants nous appellent pour nous proposer de quoi manger... Nous sommes maintenant habitues a dormir au milieu de tous les bruits : ceux des mariages, des folles villes indiennes, de l'autoroute, des feux d'artifice, des muezzins en voix, des militaires en arme, de la jungle, de la mer, des amimaux en tous genres.
Mais hors de question, lorsqu'on vit dans une vitrine au milieu du monde, de trainer en pyjama. Sauf dans les periodes benies et maritimes generalement ou les enfants peuvent vivre a moitie nus du matin au soir tandis que leur pauvre et sainte mere se baigne toute habillee.
Puis Ulysse, Rachel et moi nous mettons au travail, tandis que Gasp le bienheureux et Xtophe (bienheureux aussi finalement) vont promener, faire des courses, bricoler.

Un An de Vacances
En ce qui concerne l'ecole je pense qu'en moyenne Rachel travaille 1h et Ulysse 1h30 par jour. Je crois que ca se passe bien, je ralentis un peu car nous arrivons a la fin du programme pour tous les deux dans toutes les matieres. Chaque jour j'essaie de leur faire faire au moins un peu de maths et de francais que ce soit dans leurs manuels ou a travers l'ecriture de leur journal. Ils sont tres autonomes, surtout Ulysse. Rachel a essentiellement besoin qu'on la houspille car elle est capable d'etre d'une lenteur horripilante. Ulysse lui, a besoin d'etre freine car il est capable d'etre d'une rapidite baclante. Il y a quand meme des jours ou ils ne travaillent pas, parce qu'on roule, parce qu'on visite, parce que j'ai la flemme. Je dois avouer que si je trouve magique de les voir progresser, je ne prends pas vraiment de plaisir a la partie scolaire de notre aventure, c'est une corvee pour moi beaucoup plus que pour eux. Je dois prendre sur moi pour ne pas hurler face a l'orthographe de mon cochon de ce2, face a ma fille qui s'emmele en comptant sur ses doigts ridicules pour additionner 3 et 4. J'essaie de ne pas etre trop exigente et de me souvenir qu'ils sont petits. En revanche ils lisent beaucoup tous les deux. Et puis quel plaisir lorsque leurs manuels rejoignent notre voyage (comme Ulysse en ce moment en francais dans l'unite 8, les maitresses comprendront), quant a l'anglais, ils commencent a le comprendre tres bien et Ulysse se debrouille pour le parler, avec un accent franco-indo-malais, mais beaucoup de bonne volonte.
Je suis convaincue qu'ils n'auront aucun retard mais j'ai tout de meme un peu peur qu'ils trouvent difficile de revenir au rythme scolaire classique, ces longues journees + les devoirs, surtout pour Rachel qui fera sa vraie rentree au primaire et reste sur des souvenirs de maternelle...
Enfin je dis ca et le plus dur ce sera pour nous. Pour moi je crois car malgre les deceptions et deconvenues, qui sont sans doute le lot de chacun au bout de dix ans de carriere (entrecoupes de trois conges maternite, certes monsieur le proviseur), mais qui m'ont un peu gache certains plaisirs et enleve pas mal d'illusions sur ce metier, je ne pensais pas pouvoir me passer aussi facilement d'un travail que je continue a adorer et a juger de plus en plus essentiel au fur et a mesure que je cotoie le monde...

A la Recherche du Temps perdu
Nous partons ensuite promener. Selon le lieu et la periode il s'agit plutot de randonnees de visites culturelles de ballades de courses. Les enfants marchent tres bien, tres longuement, ont une resistance a toute epreuve et sont surtout toujours avides et curieux de ce que nous allons faire et decouvrir. Ulysse adore les musees, Rachel les randonnees. Chaque matin ils nous demandent les yeux brillants : « alors quel est le programme aujourd'hui ? » et nous suivent aveuglement et gaiment, ne realisant jamais vraiment que nous sommes aussi aveugles qu'eux cette annee.
Ils sont heureux nos grands. Epanouis. Prendre le temps de jouer, de trainer, de rever, de bouquiner, de game boyer, de discuter, de faire du feu, de sculpter du bois, de cuisiner, de partager totalement notre vie, habituellement si compartimentee, les rend heureux. Et puis, ils sont la aussi a toutes les etapes du voyage et se regalent a prendre part a l'organisation de l'odyssee, a nos hesitations et nos plantages, a nos rigolades et nos emerveillements. Ils gagnent en autonomie aussi, parce que finalement en etant tout le temps avec eux, nous leur laisson plus de liberte et de responsabilites, sans etre jamais bien loin...

Le Monde selon Gasp
Gasparov nous suit, faisant son tour du monde en poussette, dans notre dos. Il pourrait marcher lui aussi et le fait souvent sauf qu'il court. Et pas toujours dans la direction que nous souhaitons. Et qu'il passe son temps a aller serrer les mains des autochtones qui en sont fous, et donc a recolter sucreries et cadeaux. Pour lui aussi le retour sera dur...
Il grandit bien, fait l'affreux jojo et est horrible et adorable avec moi, comme peuvent l'etre les garcons de deux ans. Il se revele veritablement adroit et tres physique, drole et tetu comme deux mules. Il n'a pas encore choisi son camp : souvent il est un grand garcon, et veut tout faire comme les autres, mais parfois il decrete qu'il est un bebe, voire une fille ou un petit garcon quand aucune situation ne lui semble confortable.
Il reclame des nans de la noix de coco de la papaye ou de la mangue. Il veut aller se baigner dans la piscine des tours ( de Kuala Lumpur ) cherche les singes et les elephants, est convaincu que l'eau de la mer est toujours a 30 degres, dit « mamie crrr crrrr » quand il parle de sa grand-mere (nous avons compris que c'etait a cause de Skype et du mauvais micro de ma belle-maman quand nous nous parlons par ordinateurs interposes !), a beaucoup de mal a porter ses chaussures et a tendance a se deshabiller quand il a chaud, ou que nous soyions. Son mot prefere est "tortue" qu'il emploie comme exclamation, comme insulte, comme compliment et chante sur tous les tons. Il faut le comprendre : c'est un des rares mots qu'il prononce parfaitement. Il aime nous avoir tous dans son champ de vision et si l'un d'entre nous s'eloigne trop longtemps, il le cherche immediatement « L'est ou papa ? L'est ou Ulysse ? » y compris lorsque l'un d'entre nous est a la salle de bain.
Il veut rentrer a Biarritz parce qu'on lui a dit qu'il a un velo la-bas. Et il veut aller a l'ecole pour jouer au ballon et peindre la maitresse. Ne vous inquietez pas Isabelle, on fait en sorte de retablir le tir d'ici septembre (puisse Dieu et toutes les tortues de la terre nous venir en aide).

La Fete chez Therese
Concernant les repas, la plupart du temps c'est la Toque qui met la main a la pate. Pour plusieurs raisons, economiques mais surtout digestives et sanitaires. Et je deviens la reine de la world food. Forcement je suis influencee par le pays dans lequel on est, par les produits qu'on trouve, les epices, les conditionnements, les prix. C'est quand meme a base de riz, de pates depuis qu'on vit un peu a l'heure chinoise et de fruits et legumes. Les oeufs constituent la plus grande part de nos proteines et les soirees crepes sont tres prisees.
Mais on aime aussi aller au restau, surtout dans les petits restau-cuisines de bord de route, on aime gouter des plats dont on ne sait pas prononcer le nom ou qu'on a designe plus ou moins au hasard, qu'on nous sert dans des recipients etranges et qu'on mange un peu comme on peut en serrant les dents lorsque c'est trop epice. En general vu qu'on (les enfants) plait beaucoup a nos hotes, ils nous gatent et nous font gouter de bonnes choses. Et comme en Malaisie il n'y a pas de pbs sanitaires et que l'eau est generalement potable, on en profite. Surtout la cuisiniere. Parce que ce qui ne surprendra pas mon tonton Cristobal ni les autres parents de famille nombreuse mais que je decouvre, ce sont les quantites que commencent a ingurgiter mes bebes grandissants.

Les Liseurs
Puis vient un des meilleurs moments de la journee : la sieste. Elle est obligatoire pour tous. C'est le moment ou on lit, on ecrit, on dort, on rale, mais en silence.
Avant notre depart nos amis nous ont offert une valise de livres, je n'ai pas eu le temps d'en parler mais sachez qu'elle se vide, se remplit, qu'elle vit et que vos livres voyagent ! La recherche de lecture est d'ailleurs une de nos activites favorite. Nous sautons sur le moindre francais pour lui demander s'il est interesse par un echange de litterature, Nous echangeons nos livres chez les bouquinistes, les restaurateurs francais, nous les vendons dans les librairies, nous marchandons, evaluons : une biographie de Gandhi contre deux polars ordinaires, le messager d'Athenes vaut bien deux clubs des cinq, contre un Harlan Coben d'accord, une vieille bande dessinee abimee pour les enfants, le guide de Turquie un peu annote ne vous interesse pas ? Le Pakistan je vous promets va devenir une destination prisee... On lit des choses imprevues de droles de romans polonais, Tintin en anglais, Ulysse decouvre le livre dont vous etes le heros, Rachel les Picsou Geant. Mois je passe de mauvais polars, d'ailleurs je deviens difficile et supporte de plus en plus mal les ecritures mediocres et les intrigues convenues, a de tres bons romans qui trouvent des resonnances parfois inattendues dans notre voyage. Christophe lit des romans biographies et essais plus en rapport direct avec notre periple et les enfants lisent tout ce qui leur passe par la main. Quant a Gasparov, s'il se decidait a parler un peu correctement francais nous en serions deja tres heureux !

Les Heures
Apres le gouter (je vous le dis : ils ne pensent qu'a manger) si on n'est pas sur la plage ce qui nous oblige a aller nous baigner en regardant le coucher du soleil ou en l'imaginant si on vous tourne le dos, comme en ce moment) on repart promener, visiter, trouver un parc, une aire de jeux, mais plus generalement faire les courses, et trainer. Le club des toques c'est pas le club med malgre les super GO, il y a tout le quotidien a gerer, les fomalites, la mecanique etc, mais toutes ces corvees prennent des allures de fete, ou de cauchemar, puisque nous les faisons, la plupart du temps, tous ensemble. Dans nos grands favoris : la recherche d'eau, la lessive, internet. Le moindre magasin, le moindre supermarche est terra incognita. On acheterait tout, on se rejouit dans les rayons de quincaillerie, on s'extasie face aux bizarrerries, on renifle et on touche a tout au rayon fruits et legumes, on reve au rayon sucreries, on pouffe dans les rayons de vetements, on fait rire les commercants en tentant de repeter le nom des produits et on craque pour des choses dont on ne sait pas trop si on va les manger, les exposer ou, dans le doute, vous les offrir.
On fait en sorte de rentrer tot dans nos penates pour plusieurs raisons : d'abord parce qu'on tache de conserver un rythme regulier et sain pour les enfants. Ensuite parce que, selon les pays et les fuseaux horaires, vers les 18h generalement, c'est le mosquito time. On allume les tourbillons qui nous enfument, on branche les prises anti-moustiques, on verifie nos moustiquaires, on enfile des vetements couvrants et on se parfume au spray (plus ou moins odorant selon les pays). Et on repousse au maximum le moment d'allumer les lumieres, ce qui est egalement necessaire puisque nos reserves en electricite ne sont pas illimitees. Mais nous avons deux atouts formidables contre les moustiques : Gaspard et Rachel qu'ils adorent et sur qui ils jettent en general leur devolu. Poil au nez.

Voyage au bout de la Nuit
L'obscurite nous est tres utile. Nous en avons besoin pour nos livrer a des activites secretes et obscures et parfois honteuses.
Mon tendre epoux, souvenez-vous, des la nuit tombee, parcourt le monde, les villes, les buissons, sa cassette a excrements sous le bras. Nous devons aussi vider nos eaux usees, il suffit pour cela d'ouvrir le reservoir qui est sous le Toqcar, sauf que c'est parfois delicat, selon l'endroit ou nous nous trouvons. J'ai deja couru dehors en pleine nuit, dans la cour d'un hotel, afin de profiter d'une averse torrentielle pour repandre nos eaux sales au milieu de ces eaux providentielles. Et puis nous exloitons tous les points d'eaux que nous trouvons. La nuit venue nous foncons parfois laver un Gaspard sous un robinet miraculeux. A KL, nous etions installes devant chez l'eveque mais aussi devant un appartement temoin d'un builing de luxe qui etait en construction non loin. Le gardien avait propose a Xtophe que nous profitions de la salle de bain rutilante de l'appart en question qd les visites seraient termines, mais on n'a pas ose et les enfants avaient deja profite des douches publiques du KLCC Park. Il faut dire qu'ici les toilettes impeccables munies de douches ou douchettes nous sont tres utiles. De meme que les mosquees devant lesquelles on trouve toujours des robinets pour que les fideles se lavent avant d'aller prier. A Kuala Tahan, lors des prieres dans la mosquee, je suis allee, dans la nuit, y laver le Gasp puis m'y laver les cheveux, en profitant comme toujours pour laver du linge (une douche = une journee de lessive) le tout etant de demeurer digne et souriante lorsque, trempee, le linge degoulinant sous le bras on croise quelques voisins etonnes, de prendre un air naturel de celle qui fait cela tous les jours dans son pays. Il faut dire que nous faisons tout pour deranger le moins possible, et en Malaisie, c'est formidable, personne ne nous a jamais pose de questions, de problemes, il semble que nous puissions nous installer partout et le pays regorge d'endroits de reve pour Toques.

Les Mots
Les enfants se couchent tot. Ouf. Bien joue grands Toques.
Ce que nous preferons bien sur, c'est lorsque nous sommes dans un endroit ou nous pouvons prendre nos aises et nous installer un peu dehors. Si en plus la vue est agreable, comme en ce moment sur notre plage presque deserte, c'est encore mieux. Dans ce cas, bravant les moustiques, le conseil des chefs peut se reunir tranquillement, boire un apero, diner aux chandelles, etudier les cartes, les guides, les agendas, et surtout refaire le monde qu'on decouvre. Parce qu'il y a des choses qu'on ne releve pas devant les enfants, parce qu'il y a la misere dont je vous reparlerai, dont je ne ferai pas un roman parce que c'est difficile de ne pas etre banale ou basique, mais qui nous oblige a revoir pas mal de nos certitudes et a essayer de trouver des solutions mais aussi a mettre en avant les beautes du monde, qui cotoient toujours de si pres les pires horreurs.
C'est aussi le moment ou nous recevons des voisins, d'autres voyageurs, des curieux.Les enfants adorent ca, parce que comme nous ils aiment les rencontres mais aussi parce que parfois, pour gagner de la place et de la tranquillite, nous leur organisons une seance video dans notre lit.
Et il faut avouer que ne plus entendre les enfants, ne plus les voir et pouvoir parler, entre adultes consentants, sans etre interrompus ou sans qu'un quelconque espion en herbe au prenom heroique s'en mele, c'est tres appreciable.
Et puis on pense a vous, chers amis, Penelopes et lecteurs, et meme si je sais que beaucoup d'entre vous n'ont aucune envie de vivre ce genre d'aventure, nous regrettons souvent de ne pouvoir mieux vous faire partager ces journees ordinaires hors du commun, dont l'essentiel est invisible pour les mots.


Les Toqués chez les Orang-Asli



Ulysse en rêvait depuis longtemps. Nous on ne savait pas trop à quoi s'attendre et on redoutait un peu.
Forcément, aller rencontrer un peuple, qui malgré la modernisation effrénée du pays, continue de vivre comme toujours, de vrais indigènes, chasseurs à la sarbacane, vivant de la récolte du miel et de la cueillette, se déplaçant sans cesse dans la jungle, quel garçon de 8 ans n'en rêverait pas ? Mais comme, avec ce même garçon de 8 ans son frère et sa soeur, il est impossible de marcher plusieurs jours dans la jungle en espérant une rencontre fortuite, de celles que nous vivons depuis 6 mois et qui sont les plus belles, il nous fallait nous contenter de la visite touristique classique et c'est là que les réticences des adultes se réveillent.
Mais nos craintes étaient totalement injustifiées.
C'est incroyable.
Le village où nous nous sommes rendus, composé de 8 familles, d'une cinquantaine de personnes en tout (c'est le chiffre qu'on nous a donné mais je me demande s'ils n'oublient pas quelques enfants en route, dans leur comptage) est sédentaire depuis deux ans. Mais ils peuvent partir du jour au lendemain nous a expliqué notre guide. D'ailleurs heureusement qu'il était là ce guide, on nous avait prévenus, les Orang-Asli (hommes naturels) sont très timides et très silencieux. Bien sûr nous avons eu la démonstration de l'allumage de feu, de la confection des sarbacanes et des flèches empoisonnées, mais ce qui nous a frappés, nous, c'est leur totale indifférence à l'égard du monde qu'ils côtoient pourtant. Ils ne nous ont rien demandé, on sait que le guide leur fait des cadeaux lorsqu'il emmène des touristes, mais hormis quelques sacs de riz, traces d'emballages de produits industriels (et quels ravages nous faisons : forcément, ils les laissent traîner partout) et quelques vêtement, les femmes continuent à partir à la cueillette dans la jungle avec les enfants, pour rechercher le frais et le repas du soir, les hommes continuent à fumer toute la journée, et les enfants aussi, pour brouiller toute trace de leur odeur lorsqu'ils vont chasser, à la nuit tombée, dans la jungle, armés de leur sarbacane. Et dans la journée, bein on va un peu pêcher à la rivière, on dort, on fume, on dort, on joue. L'école ? Il y a dix ans, l'état a décidé d'intégrer les Orang-Asli (pour des raisons notamment politiques car quelle meilleure cachette pour des opposants politiques, que cette immense jungle, et quel meilleur soutien que ceux qui y vivent depuis toujours, c'est ce qu'ont compris à une époque les communistes malaisiens), d'ailleurs ceux des Cameron Highlands sont presque totalement assimilés aujourd'hui. A ce moment-là, les petits Orang-Asli du Taman Negara ont enfilé leur joli uniforme et sont partis remplir les bancs de l'école, comme les autres malaisiens. Et puis... et puis ils ont arrêté. D'abord ce sont des peuples nomades, qui peuvent vivre très loin des villages. Ensuite ils ont leur propre langue. Et surtout, ils n'ont plus envie d'y aller et ils se fichent de l'état comme de notre première chemise.
Ulysse qui aurait bien voulu acheter une sarbacane ou un souvenir, a été déçu : les Orang-Asli ne font pas de commerce, ne veulent pas de notre argent, ne profitent pas de la curiosité qu'ils suscitent chez nous, hommes compliqués. Recevoir des touristes leur permet simplement un petit confort supplémentaire (et quelques cigarettes américaines), une petite distraction aussi, mais ils ne veulent rien de plus, et s'ils en ont marre, ils partiront plus loin dans la jungle. Les hommes naturels ont tout de même offert deux flèches (pas empoisonnées maman, t'inquiète pas) à notre fils surnaturel (et parfois empoisonnant), fou de joie de cette expérience.
Et nous sommes nous aussi repartis, sur la pointe des pieds, encore plus heureux de savoir que de tels hommes existent.