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mercredi 28 novembre 2007

Des Toqs des singes et des rickshaws


Au parc de Sariska, nous avons pu dormir dans le calme des paysages de Kipling, redécouvrir le silence et l'odeur de la nature et surtout admirer des animaux sauvages et rares pour nous, dans un cadre enchanteur. Je vous laisse les découvrir sur les photos et en trouver le nom. Notre plus grand régal a été de nous lancer à la poursuite d'un léopard, repéré par notre guide à son cri, très proche, un moment incroyable pour tous qui fait qu'Ulysse ne sait plus s'il veut être archéologue, vulcanologue, journaliste, grand reporter, guide au Taj Mahal, conducteur de jeep ou zoologiste (Rachel veut toujours être peintre ou écrivain, on aurait dû l'appeler Constance ou Tête de mule).

Pour y parvenir depuis Agra, nous n'avons sans doute pas emprunté la route la plus directe et nous sommes perdus dans des villages incroyables. Nous avons souvent demandé notre route, ce qui n'est pas toujours très efficace en Inde : les indiens ne sont pas contrariants et même lorsqu'ils ne savent pas répondre, ils disent oui (de leur petit hochement de tête latéral). Il est donc indispensable de bien formuler la question : "Sariska ?" - pas de mots inutiles, pas de phrases, de sujet de verbe, surtout pas de coordonnées, aucun de ces ornements dont raffolent habituellement les profs, même pas de formule de politesse, ça complique trop - et surtout de ne donner aucune indication de route de la main, où on nous répond invariablement oui, enfin, ce que nous interprétons parfois comme un oui, même si nous montrons la mauvaise direction. Il faut donc faire en sorte que la personne interrogée, si elle a compris ce que nous cherchions, montre d'elle même quelle est la route que nous devons emprunter. Mais si par bonheur on arrive à cette étape, il faut interpréter ce geste, parfois de la tête, du regard, parfois de la main, souvent cette mystérieuse diagonale invisible. Et si par malheur nous avons le réflexe de demander, geste à l'appui, "left ?", on nous répondra oui, même si la diagonale signifiait "right". Tout un art. Qui complique un peu notre tâche mais la rend si drôle aussi...

Dans le parc, nous avons dû faire face à un nouveau problème : les singes. A peine étions-nous arrivés et garés qu'ils sautaient tous sur le Toqcar et tentaient d'arracher les fils des panneaux solaires. Nos vélos aussi les intéressaient beaucoup et voir deux singes assis dans les sièges arrières de nos vélos, était à mourir de rire. Enfin... ça c'était au début. Parce qu'après on a compris que c'était une plaie. Trois fois j'ai trouvé un singe dans le camping-car, volant des biscuits ou tout ce qu'ils trouvaient qui pouvait ressembler à de la nourriture (et ça schlingue un singe - à prononcer à voix haute). Nos poubelles, bien que fermées et déposées dans des bennes fermées, étaient systématiquement ouvertes, déchirées et répandues partout dans le parc de l'hôtel. Du plus bel effet. Bon... les singes ne sont pas toujours malins, ils adorent léchouiller l'intérieur des couches de Gaspard...

Donc malgré le plaisir que nous avons eu à vivre au milieu d'eux, comme nous le faisons habituellement avec les pigeons, les vieux qui votent Sarko ou les crottes de caniche (à Biarritz ces deux dernières catégories semblent assez liées étrangement), nous avons dû apprendre à nous en méfier et à leur jeter des cailloux ou les menacer avec un baton (faudra qu'on évite avec les caniches et les vieux qui votent Sarko au retour) .

Mais c'est d'autres drôles d'oiseaux dont je voudrais vous parler aujourd'hui : les chauffeurs de rickshaws. Il faut donc savoir qu'en Inde les rickshaws sont absolument partout. Il y en a plusieurs types : les rickshaws à vélo : tuk-tuk (pardonnez l'orthographe), qu'ils appellent aussi hélicoptères, dont nous ne sommes pas encore férus. C'est surtout psychologique de notre part : nous faire trimballer tous les cinq par un type qui pédale comme un fou pour nous traîner, on n'arrive pas encore bien à l'accepter. Et puis ça nous oblige à beaucoup nous entasser, et ça non plus on n'est pas encore habitués, quoi qu'on commence... Nous prenons donc surtout les moto-rickshaws, triporteurs à moteur, parfois même avec deux banquettes dos à dos. Les indiens peuvent rentrer à vingt là-dedans, et parcourent parfois de sacrées distances.

Les rickshaws sont partout. C'est à dire que où que vous soyiez, vous levez la main, et cinq rickshaws s'arrêtent pour vous emmener où vous voulez et pour un prix que nous marchandons parce que nous commençons à savoir ce que nous pouvons accepter et que nous refusons de nous faire avoir, mais très très bas pour nous, gros richards d'européens. Pour 50 centimes d'euros nous traversons n'importe quelle ville (NDLR : la ville de base compte 2 millions d'habitants en Inde) tous les cinq. L'autre avantage c'est qu'un chauffeur de rickshaw peut tout nous procurer. Lorsqu'on cherche qqchose il suffit de demander "nous voudrions acheter du lait en brique, puis trouver un opticien pour réparer des lunettes, puis aller voir tel monument". On discute du prix, on finit par obtenir gain de cause parce que sinon on part, et on a un chauffeur. Une assurance, un garagiste, de l'eau de telle marque, un tissu de telle couleur, une vis de telle taille ? Un véhicule avec chauffeur pour une heure, deux, la journée ? Le tour de la ville ? Un resto, Elle en Français ou le Monde (devinez qui lit quoi ?) ? Demandez à un chauffeur de rickshaw. Tout ce que vous voulez. Et autant vous dire que rien ne leur fait peur niveau chargement et distance. Et qu'en général ils préfèrent nous attendre pour s'assurer une course avec nous au retour. C'est un des éléments qui nous facilite la vie ici, parce qu'en plus, c'est un moyen de transport très très agréable.

Mais à vrai dire aussi, pour trouver un rickshaw, il n'y a pas à lever la main, parce que le souci, c'est plutôt que tous les rickshaws nous abordent, s'arrêtent lorsqu'ils nous voient, nous attendent devant notre lieu de campement dès qu'ils l'ont repéré. Il y a aussi ceux qui veulent justement absolument nous emmener dans tel ou tel magasin, parce que vous vous doutez qu'à chaque client qu'ils amènent, ils touchent une commission. Il y a ceux qui nous collent, ceux qui nous font de belles déclarations d'amour "I love you, I love your childs, I love your couple", ceux qui nous promettent la lune quand on ne veut que le Taj Mahal. Franchement ils sont casse-pieds et on est très souvent obligés de les envoyer ballader sans nous. Mais on leur tire notre chapeau. Quasiment aucun ne sait lire, mais tous parlent anglais, tous connaissent pas mal de mots de français, nous sommes conscients que parfois, ils ne comprennent même pas l'adresse où nous voulons nous rendre, mais avancent un prix, puis se débrouillent en route pour demander, et trouver, toujours (mieux que nous en tous cas). Pour les chauffeurs de rickshaw, tout est vraiment possible.

Et enfin, quand je pense que chez nous on s'extasie face à des types qui pédalent en tenue de danseuses, suivis par une foule de médecins, photographes, admirateurs, journalistes, masseurs, diététiciens, sur des vélos plus légers que mon téléphone portable, alors qu'ici des tonnes d'indiens maigrichons en jean, de 6 à 66 ans, parcourent des distances incroyables, sur des vélos antémoussoniens portant des charges folles, pendant des heures et des heures, tous les jours, peut-être aussi drogués que nos cyclistes, mais beaucoup moins nourris, et surtout pour gagner en un mois ce que coûte un paquet de pop-corn vendu à une étape du tour de France, je me dis qu'on vit vraiment dans un monde de toqués...
Pour finir sur une note philosophique et poétique, un beau proverbe, très indien, que nous a appris un de nos chauffeurs aujourd'hui en apprenant que nous avions deux fils et une fille (jamais évident pour eux) parce que les conducteurs de rickshaws sont aussi de grands sages, et qui, sans nul doute, plaira à pas mal de nos amis, parce que même si la perfection formelle en est contestable, le message qu'il véhicule est formidable : "no son, no fun"...

mardi 27 novembre 2007

Taj Mahal

Les photos du Taj Mahal sont en ligne et elles parlent d'elles-mêmes, je crois !

PS pour grands-mères : Rachel s'était fait piquer sous l'oeil par un moustique. Et nous nous coiffons le matin ce qui vous laisse imaginer notre vrai decoiffe...

vendredi 23 novembre 2007

Amour, gloire et beauté de l'odyssée


En Inde, tout est symbole, signe, superstition.

Mais l'avantage c'est qu'on peut ruser avec les Dieux et les mauvais esprits.

Les hindous pensent, entre autres, qu'éternuer attire le mauvais sort (dans notre famille d'éternueurs allergiques chroniques on est mal barrés). Le pire étant d'éternuer au moment où l'on entreprend quelque chose.

Vous pensez donc qu'éternuer le jour d'un mariage pourrait être dramatique pour les jeunes mariés et leur vie commune qui débute. Devinez quelle solution les indiens ont trouvée pour protéger les jeunes époux d'un tel malheur ? C'est simple. Il suffisait d'y penser : les repas de noces sont accompagnés d'une musique assourdissante. Ainsi, si un malheureux laisse échapper un éternuement, on ne l'entend pas. Ouf.

Et je peux vous dire qu'étant installés à deux pas d'un dîner de mariage hier - oui forcément en Inde pas de risque de pluie en hiver, donc tout a lieu en extérieur, d'ailleurs s'ils connaissaient les mariages pluvieux, peut-être auraient-ils moins peur du mauvais sort - nous avons pu constater que ça fonctionnait forcément puisque nous non plus ne risquions plus d'entendre qui que ce soit éternuer ou parler dans notre Toqcar, jamais nous n'avions imaginé qu'une telle amplitude sonore puisse être possible. Ni de tels effets de voix d'ailleurs.

Et ce matin, j'entends des bruits étranges contre le Toqcar, qui bouge aussi énormément alors qu'apparemment les enfants dorment à poings fermés. J'ouvre la fenêtre, dans la brume du petit matin indien, et je tombe, juste sous ma fenêtre, sur l'immense sourire très fier de lui d'un employé de l'hôtel voisin en train de nettoyer notre camping-car à grandes eaux.

Le pauvre... il a dû éternuer en se levant ce matin pour qu'une telle furie apparaisse des cieux et le chasse dans une langue obscure !

Sinon nous sommes toujours des stars en Inde.

Ce matin en sortant du Fort Rouge, splendide, nous sommes assaillis par l'habituelle foule de chauffeurs de rickshaws, que nous fuyons pour en trouver un, un peu plus loin, qui accepte notre prix. Son véhicule est très beau, et nous l'en félicitons. Il nous répond qu'il n'est pas aussi beau que notre camping-car qui est magnifique et embraye avec des questions qui montrent qu'il connaît parfaitement notre engin, que nous croyions bien planqué.

Tout le monde connaît les français qui logent dans un beau camion dans une ruelle pourtant discrète mais qui a dû en voir défiler du monde ce matin, dès que nous avions le dos tourné !

C'est la rançon de l'odyssée...

jeudi 22 novembre 2007

Aux jeunes toqués...

... on apprend a faire la grimace

Juste pour vous dire que nous restons en Inde encore deux mois.

Pour vous dire que les enfants ont été adorables pendant les 6 heures que nous avons passées au Foreign Regional Register Office, que les moines savent maintenant que Tchoupi doit aller sur le pot mais que Gaspard n'est toujours pas décidé, que nous nous sommes fait quelques amis supplémentaires, que sans doute, le fait que les employés avaient perdu la moitié de nos papiers nous a aidé à obtenir notre mois supplémentaire.

Pour vous dire que nous aimons l'Inde et ses palais, ses parcs, que cette lumière étonnante et brumeuse rend encore plus beaux. Et aussi ses animaux, éléphants, chameaux, dromadaires, oiseaux de toutes les couleurs, ânes, chevaux, vaches, écureuils et aujourd'hui... les singes !

Que Gaspard est pire que Zigomar et qu'il voit beaucoup plus d'animaux que nous parce que lorsque nous ne voyons que des singes, il voit des lions, des chiens, des chats, des vaches et des lapins.

Que nous sommes installés à Agra, derrière un hôtel accueillant, que donc enfin ce soir nous n'aurons plus l'unique disque de Salsa du restaurant de Dehli en musique de fond, mais que nous ne serons pas trop dépaysés, car c'est LE week-end des mariages en Inde, dans LE quartier des mariages.

Que le Taj Mahal est fermé demain mais que le moral des troupes est au beau-fixe.

Et que les indiens, même dans la plus grande pauvreté, ont un sourire presque aussi grand que celui de nos vernis de petits Toqués.

La poste n'est pas en reste


Vendredi déjà nous nous étions rendus à l'adresse de poste restante que nous avions donné aux grands-mères. Nous savions que deux paquets devaient nous parvenir. Nous avons passé environ 2heures dans ces bureaux en ruine et travaux, avons insisté, nous sommes installés, jusqu'à ce que quelques employés nous prennent en pitié et trouvent la personne qui a enfin pu nous indiquer qu'un colis n'était pas arrivé, et que l'autre était dans un autre bâtiment de la poste. Nous avons pu le récupérer (je vous fais la version courte, en fait on a dû revenir au premier bâtiment etc etc). Enfin, le Djedi s'est retrouvé à se démener courageusement dans l'armoire du préposé, et à fouiller dans tous les colis et courriers pour trouver le nôtre. Les enfants étaient fous de joie de trouver leurs revues de septembre de Bayard Presse.

Aujourd'hui, nous avons eu confirmation par l'autre grand-mère que notre collissimo était arrivé à Dehli. Nous sommes donc repartis, passant par le premier bureau (on est malins hein ?)... pour rien. Pour arriver dans notre bâtiment préféré. (les enfants ont remarqué que quelque chose avait changé dans la pièce où nous avions déjà passé un certain temps : bein oui, le plafond s'est effondré, et on a pu constater que c'est chose habituelle dans le bâtiment en question, il y a des travaux, donc ça s'effondre) Donc d'abord, comme d'habitude, on nous a dit que le colis n'était pas arrivé. C'est toujours ainsi que ça commence. Puis seconde étape : revenez demain ou après-demain. Parce que moi qui me croyais procrastinatrice en chef, ou sous-chef à égalité avec mon frère Ximun, juste après mon père, je peux vous dire qu'on est nuls à côté des indiens : c'est toujours sans ouvrir le moindre registre, ni le moindre placard, sans faire la moindre recherche qu'on vous répond « non revenez demain ». Mais toujours avec le sourire et on nous tend des chaises et tous les employés restent assis là, devant nous, sans nous demander quoi que ce soit, pinçant les joues des enfants et nous souriant.

J'ai demandé de l'aide dans un autre bureau, une femme m'a adressée à une autre femme qui m'a adressée à un autre employé, et inlassablement la personne disparaît dans le bâtiment et on attend... pour rien.

Notre super Jedi a commencé à s'énerver, on a fait tous les bureaux du bâtiment, et il est immense, expliquant que nous avions la preuve que notre paquet était arrivé à Dehli, qu'il était quelque part qu'il suffisait de nous dire où. On a nous-même ouvert des registres, des placards. Plusieurs personnes ont bien essayé de nous aider, sans succès, et nous avons, après beaucoup d'insistance trouvé le chemin du bureau du directeur. Sa secrétaire a résolu l'affaire en deux coups de fil : notre colis était bien à Dehli mais au bureau des douanes. Avec un numéro et un rickshaw nous pouvions aller le chercher.

Ouf.

Arrivés dans le bâtiment, on nous indique un bureau, dans lequel un employé, au bout d'un long moment où, comme d'habitude, ne bougeant pas, écoutant notre histoire l'air perplexe jouant à peine avec nos nerfs, a fini par ouvrir un registre et tomber sur le récépissé de notre collissimo.

« Votre paquet est bien arrivé dans nos services. Revenez après-demain, ou demain »

Non.

A vrai dire, je crois que les indiens ont très peur de nous quand nous nous énervons. Ou alors ils pensent qu'on est très malades pour entrer dans cet état inconnu d'eux et ont pitié, parce qu'ils restent toujours courtois alors que nous sommes à deux doigts de sortir de nos gongs et de les leur faire bouffer avec ou sans épices. Mais il faut dire aussi que nos énervements sont très modérés dans cette atmosphère, parce que tout cela ne ressemble même pas à de la mauvaise volonté. Juste à un mode de vie.

Mais là non. Nous leur avons dit clairement que nous ne reviendrions pas. Du coup on nous a amené dans le bureau du responsable, toujours aussi charmant. On y a passé un peu de temps, visiblement à méditer. Puis c'est reparti : quelques bureaux, quelques photocopies, quelques signatures, et le tout toujours avec le sourire. Et nous sommes ressortis, quelques heures plus tard, vainqueurs, notre colis de 7 kilos de livres sous le bras ! Alleluia, Vive Allah, Longue vie à Boudha, Are Krishna, Vishnou et tous les dieux hindous.

Puisqu'on n'est plus à ça près, que je vous raconte une autre anecdote dont les enfants rient encore. Pour nous féliciter de notre victoire sur la poste, nous nous sommes offert un Macdo (« ça pique » comme dit Gaspard et c'est vrai), puis une ballade dans Main Bazar Street. Nous avions repéré les coordonnées d'un agent de voyage français que nous voulions rencontrer pour parler de notre future traversée vers la Malaisie. Bien sûr on a commencé à nous pipoter, nous conduisant à une adresse fermée (comme par hasard...) et nous proposant une autre adresse (comme le hasard fait bien les choses !). Pas totalement débiles, nous avons appelé notre agent en question, qui nous a dit qu'il nous envoyait un employé. Nous sommes restés plantés un petit moment dans une rue, devant un cinéma, dans un quartier touristique. Et là, on nous a proposé plein de tours en rickshaw, plein de visites de la ville, plein d'agences de voyage ou de magasins, bref, l'overdose de propositions et de questions. Un très jeune homme se présente à son tour, commence un speech en anglais et le Jedi et moi nous lançons dans un grand numéro (et en anglais s'il vous plaît) : nous lui coupons la parole et lui demandons « Que pouvons-nous pour vous ? Vous avez besoin de quelque chose ? D'où venez-vous ? Voulez-vous visiter la ville ? Montez donc dans notre rickshaw - lui indiquant notre poussette - mon mari est le meilleur guide de Dehli; Vous voulez du shit ? Vous voulez des tissus indiens ? Vous voulez du thé ? Vous voulez que nos enfants dansent ? Dansez les enfants ! Vous voulez notre carte de visite? C'est votre première fois en Inde ?.. » quand enfin le pauvre jeune-homme - vive la placidité indienne - réussit à l'ouvrir, nous comprenons que c'est l'émissaire de notre agent de voyage...

Les enfants en rigolent encore, mais lui sans doute davantage. Je crois que les Toqués sont démasqués !

En tous cas, malgré notre popularité et notre manque de patience, nous nous sentons bien pour le moment dans ce pays. L'arrivée progressive, par la terre, en Toqcar et poussette, nous a sans doute évité le choc dont parlent beaucoup de ceux qui descendent de l'avion.

Pourvu que ça dure.

Bon hiver à tous ! (c'est mesquin mais c'est bon...)

lundi 19 novembre 2007

De patientia




Certains d'entre vous s'en doutent, d'autres le savent, un tour du monde, c'est un très grand casse-tête administratif. Et là ceux qui me connaissent un peu sourient déjà. Nous allions, dans notre équipe de Toqués, quelques qualités nécessaires pour venir à bout de cette épreuve : l'anticipation, le sens de l'humour, l'organisation, l'efficacité, le sens de l'humour, l'optimisme, le goût de la lecture et le sens de l'humour. Une seule d'entre nous toutefois possède la qualité primordiale : la patience. Et ce n'est pas moi.
Nous avons préféré partir avec un maximum de visas, pour éviter ce que nous préssentions comme des complications possibles. Le premier visa nécessaire était l'iranien. Or pour avoir l'iranien on nous demandait le pakistanais. Et pour obtenir le pakistanais, on nous réclamait l'indien. La plus dégourdite de la bande (et ce n'est pas ma fille) s'en est chargée avant le départ.
Nous avons été bien inspirés vu que visiblement les voyageurs que nous croisons ont, en ce moment, bien du mal à obtenir leur visa pour le Pakistan ou l'Inde en Iran. Nous aurions été un peu coincés. Donc pas de regrets.
Mais voilà.
La plupart des visas sont valables un certain temps, pendant lequel on peut entrer dans le pays. Puis, à partir de cette date d'entrée, ils sont valables pour une durée variable en général de 1 à 6 mois. (il est fou d'ailleurs de constater les différences de formalités administratives, de durées de visas et de traitement général des voyageurs en fonction de leur nationalité) Cette règle est valable pour tous les visas... sauf pour l'indien. Valable 6 mois, dès la date d'émission. Nous y voilà. Le nôtre expire donc le 19 décembre, et nous ne l'avons compris qu'en Turquie, même si nous avions un petit doute.
Nous demandons donc une extension de ce visa, sachant que les extensions ne sont quasiment jamais accordées, sauf pour raison vraiment grave à justifier très précisément. Nous tentons donc le coup, pesant ce que nous devons demander et comment, n'étant pas trop gourmands nous contentant de demander un petit mois supplémentaire, jouant les nouilles franches, sans attendre la date d'expiration mais dès notre arrivée dans le pays.
Vendredi à Dehli nous nous sommes rendus dans un premier bureau, truc des home affairs. Après avoir fait la queue à l'extérieur, nous avons fait la queue dans une cour, pour attendre dans une salle d'attente afin de remplir un premier registre, pour faire la queue dans un escalier pour attendre dans une salle d'attente qu'on nous donne des formulaires à remplir, photocopies à faire, pour attendre qu'on nous reçoive pour plaider notre cause et remettre nos papiers. Nous avons franchi cette première étape sans trop de dégats, et avons été reconvoqués le même jour à 17h. Nous sommes donc revenus, avons attendus dans la salle d'attente qu'on nous remette une enveloppe cachetée, à porter ce matin dans un autre bâtiment, machin des foreigners affairs. Donc ce matin nous sommes vaillamment repartis, les petits princes et la princesse sous le bras, faire la queue devant un nouveau bâtiment, puis dans une nouvelle salle, afin qu'on nous donne de nouveaux formulaires à remplir et photocopies à faire, pour attendre de nouveau devant un guichet (quand c'est la pause-thé pour les employés, l'attente peut être très longue), puis un troisième guichet. Nous devons revenir mercredi matin.
Nous sommes chanceux, puisqu'il semble que nous réussissons avec succès à franchir les premiers barrages (faut dire que ça devient un peu notre spécialité), et à chaque fois en moins de 4h.
Mais pour le moment, rien n'est joué.
Si nous en sortons bredouilles, notre itinéraire indien en aura encore été amoindri (sans parler du fait qu'il nous faut aussi trouver dare-dare une liaison maritime pour partir d'Inde) mais nous aurons appris la patience au pays de la non-violence.
Et puis nous sommes bien sur notre parking : nous logeons à deux pas de la dernière demeure de l'idole d'Ulysse ex-aequo avec Léonard de Vinci : Gandhi, nous avons l'eau-chaude au coin de la rue, offerte par le Claridge (j'adore ces miracles indiens), un peu trop d'ombre pour nos panneaux solaires, et des voisins chauffeurs et gardiens de cars très sympas. Il est très facile de se déplacer en ville et de faire les courses grâce aux nombreux rickshaws, sans parler du fait que nous adorons ce moyen de transport qu'on exporterait volontiers. Et puis camper en Inde est vraiment agréable en fait, car ici, il est naturel de vivre dans la rue, donc hormis notre véhicule et notre teint peu communs, nous n'étonnons personne.

Donc d'ici mercredi, nous comptons sur vos prières, vos grigris, vos invocations, vos voeux, vos ondes en tous genres afin que nous obtenions enfin ce fichu tampon sur nos fichus visas et nous vous le rendrons au centuple lors des nombreuses visites de temples que nous pourrons nous offrir si vous avez été productifs.

samedi 17 novembre 2007

Dehli de Toqués


Nous avons finalement quitté notre coin de paradis qui nous a permis une bonne première approche de l'Inde. En douceur.

Au fait, saviez-vous que tous les Sikhs ont le même nom de famille : Singh ? Une histoire de fou, je dirais même plus une folle histoire, qui fait assez rire les enfants et doit compliquer pas mal de tâches administratives. D'où sans doute la recherche de prénoms originaux, y compris celui de Christophe... Maintenant j'y pense, Ulysse avait d'abord proposé à ces gens (voir deux posts avant pour ceux qui n'ont pas suivi) de donner à leur fils le prénom de son meilleur ami : Léo. Ils l'ont trouvé trop court et heureusement puisque Singh signifie Lion.

Notre Christophe s'est bien adapté à la conduite indienne, très bien même. Le problème c'est la diversité des véhicules, encore plus grande qu'au Pakistan. Il faut également savoir qu'en Inde, il n'y a plus du tout de rétroviseurs aux véhicules, et pour cause : ils seraient broyés vu que la distance visiblement normale entre les véhicules est nulle. Enfin, si au Pakistan le maniement du clignotant était inversé: permettant visiblement de montrer la place qu'on va laisser libre (donc clignotant à gauche pour passer à droite), ici il n'y a plus non plus de clignotant : on klaxonne klaxonne et klaxonne. C'est d'ailleurs indiqué à l'arrière de tous les camions : "please blow horn or use the dippers at night". Et comme toujours depuis l'Iran, l'arrêt au feu rouge semble optionnel. Pourtant ici on trouve au milieu des carrefours des policiers, avec casque colonial et tout, sur un piédestal, et des fois, quand même pour leur faire plaisir et parce qu'on est polis, on respecte leurs indications. Mais on est bien les seuls.

En Inde tout est possible sur la route et en tout. Il en va de même des indiens. Par exemple au péage des "autoroutes", un coup on essaie de nous arnaquer en nous demandant un prix qui n'est pas affiché, ce que nous savons très bien refuser maintenant, le coup d'après on nous fait passer gratuitement.

Mais bon, dans l'ensemble, même si nous sommes assez durs en affaires, nous savons que nous en sommes une, d'affaire, et qu'en général nous payons tout au moins deux fois le prix normal. Au moins. C'est de bonne guerre tant que ce n'est pas abusif. Je commence à devenir forte au jeu du marchandage, et surtout nous commençons à avoir quelques repères au niveau des prix, nous savons donc ce que nous pouvons accepter ou pas. C'est tout de même pas facile, parce que forcément, ce qui nous frappe en premier en arrivant en Inde, c'est la pauvreté. Cette misère extrême qui est partout. Et pour nous le plus troublant ce ne sont pas les bidonvilles ou équivalents, non, c'est le fait que les plus nantis cotoient les plus démunis, naturellement. Forcément la religion hindoue et tout le système indien sont basés sur une hiérarchie sociale très stricte et totalement acceptée mais pour nous c'est une claque de chaque instant. Même si nous aussi, nous sommes obligés d'accepter cette pauvreté et de vivre, dans notre luxe, à côté. D'ailleurs, nos enfants ne sont pas choqués. Il y a juste qu'Ulysse n'aime pas, mais nous non plus, les mendiants qui exhibent leurs handicaps parfois abominhorriblaffreux.

Sinon l'Inde c'est comme dans les livres. Plein de couleurs, d'odeurs, pas toujours délicieuses mais souvent intéressantes, de sourires, d'animaux, on a croisé notre premier éléphant sur la route, notre premier singe en ville, je ne parle même pas des écureuils qui courent partout, des oiseaux qui nous cassent les oreilles, des chiens galeux et de tous ceux qui partagent les poubelles avec eux.

C'est assez agréable aussi de se retrouver dans un pays anglophone, même si j'ai beaucoup de mal à comprendre l'accent indien, car les indiens parlent à toute vitesse une sorte d'anglais phonétique. Heureusement mon Jedi les comprend mieux que moi ( je devrais me rattraper aux USA, les séries intellectuelles télévisées m'ayant appris l'accent des cow-boys). Nous avons aussi quelques beaux fou-rires durant ce voyage parce que tous les gestes, toutes les mimiques, les expressions sont différentes à l'étranger. Ainsi, le oui se fait d'une petite bascule de la tête sur le côté, non se fait souvent d'une espèce de oui, en gros très souvent donc on ne sait pas si la réponse est oui ou non, mais le mieux c'est encore pour les indications de route, les gestes de la main ne semblent pas du tout indiquer la même direction que chez nous, les indiens semblent toujours indiquer une espèce de diagonale inexistante et puis il y a cet espèce de geste de salut depuis l'Iran, un peu comme celui de la reine d'angleterre ou du pape, en plus vif, qui pourrait, chez nous, signifier "je m'en tape", et qui ici a mille significations, presque toutes obscures encore à nos yeux...

A Dehli, nous sommes bien installés, devant l'entrée du restau du Claridge, quartier des ambassades, très calme, même si nous sommes en bord de route et si le resto en question aime beaucoup la salsa. Xtophe a des tonnes d'amis autour, le marchand de lait est en face, celui d'eau minérale passe tous les jours, nous profitons du centre culturel de l'ambassade de France qui est à deux pas pour nous connecter à moindre frais, bouquiner pour les enfants, et rencontrer des étudiants indiens aussi ravis d'échanger avec nous que nous avec eux. Nous avons quelques formalités administratives en cours et visitons la ville, en rickshaw et à pieds. D'ailleurs, on nous prend pour des fous à tant marcher.

Il faut savoir que de toute manière, lorsqu'on voyage, on est toujours le toqué de quelqu'un d'autre.

lundi 12 novembre 2007

Au pays des fous les Toqués sont rois !


Devinez ce que nos enfants, amis des animaux, ont vu avec émerveillement tout à l'heure dans la rue ?...

... une licorne !!!


Ils étaient si heureux. C'était la première de leur vie.

Certes elle se dispute les tas d'ordures avec les cochons, chèvres, écureuils et autres, mais on sait tous que l'or naît souvent de la boue, surtout chez nous.


Bêtement plus terre à terre, bien que sans fil et magique pour moi, sachez que pour nos quelques mois indiens, nous avons un numéro de téléphone auquel vous pouvez nous joindre, sans que ça ne nous coûte rien (et ce qui vous coûtera sans doute à vous le prix d'une licorne). Pour les sms, continuez sur celui de Xtophe, c'est toujours aussi peu cher pour tous.

Avant de sauter sur votre appareil, n'oubliez pas, d'abord de vous renseigner sur le cours de la licorne, puis de faire un bref calcul : nous avons 4h30 d'avance sur vous et si nous ne parvenons toujours pas à nous lever tôt le matin malgré toutes nos résolutions, nous nous couchons avec les licornes. (Il faut dire qu'en plus de notre épopée pakistanaise qui nous a volé quelques heures de sommeil, Diwali, ici, c'est le bouquet final du 15 août, toute la nuit, pendant trois nuits. Sans parler des processions religieuses très chantantes, dansantes et musicales, de 5h à 7h tous les matins. De quoi regretter le temps des muezzins...)


+91 98 78 76 86 45


Nous continuons à prendre nos marques en Inde, profitant de cette pause Pendjabique ou -ienne pour effectuer quelques démarches : assurance, remplissage de bouteille de gaz, descente du sac de linge sale, recherche du bateau pour notre traversée entre l'Inde et la Malaisie et autres réjouissances. Nous travaillons aussi sur notre itinéraire indien ce qui est compliqué car dans notre nouvel espace-temps féérique, 2 mois pour visiter ce pays immense, c'est très très peu et il nous faut faire des choix.

Je vous jure, la vie est dure parfois au pays des merveilles toquées...

samedi 10 novembre 2007

Les Toqués et le Temple d'Or


On connaissait les Cités d'Or, le Temple du Soleil, ce matin nous nous sommes extasiés face au Temple d'Or, lieu de culte des Sikhs, incroyable ville sainte dans la ville.

Les indiens, eux, se sont extasiés face à nous et nos enfants qu'ils trouvent incroyablement beaux. Ils sont bien ces gens...


C'est ici que nous avons eu une pensée particulière pour notre voyageur qu'était Oncle Jacques, et pour toute la famille. Nous sommes loin, c'est un peu dur aujourd'hui, mais nous pensons fort à vous.

vendredi 9 novembre 2007

Les Toqués s'exportent


Enfin, surtout Christophe le Toq.


Hier, c'est d'une supérette, non loin de la propriété dans laquelle nous campons, que j'ai pu enfin me connecter à internet. Avant de réaliser aujourd'hui que c'est possible dans notre hôtel-camping, mais nous ne sommes plus habitués à la simplicité.

Donc pendant que je tentais d'envoyer mes tartines à Nathalie tout en conversant avec le charmant directeur du magasin, le Jedi, toujour d'attaque, surveillait les enfants et nos courses sur le trottoir devant la vitrine. Au bout d'un moment je le vois très occupé, tout un attroupement s'était formé autour de lui, et ne semblait plus s'intéresser à nos enfants mais à mon époux. Une fois n'est pas coutume.

En fait, il y avait depuis un moment, une femme, très très jolie, qui s'était assise à côté d'eux devant ce magasin, pour allaiter son bébé. Le père de l'enfant est venu voir Xtophe en lui disant : "Mon bébé a trois mois, il lui faut un prénom, je voudrais que ce soit vous qui le choisissiez." Mon pauvre mari un peu héberlué, et peu habitué à choisir un prénom d'enfant sans moi, lui propose alors celui de notre fils aîné. Mais l'homme le trouve un peu féminin (le prénom et le fils avec ses cheveux longs je pense). Il insiste alors auprès de mon tendre époux qu'il devait trouver, pour le coup, très à son goût : "nonon je veux lui donner votre prénom". Christophe lui a donc écrit son prénom sur un papier, le leur a bien prononcé, et ce couple indien, d'Amristar est reparti, à la veille de Diwali, avec leur petit Christophe dans les bras.


Alors tonton Cristobal, ça te fait pas rêver ça aussi ?

Chapitre 7 - The Rolling Toqs stones

Nos amis anglais doivent aller à Islamabad pour prendre leurs visas indiens. Nous voulons passer la frontière avant sa fermeture à 15h30. Nous expliquons la situation à chaque nouvelle escorte pour éviter le gag ultime. A Lahore, nos routes se séparent, Ulysse pleure, nous nous donnons rendez-vous en Inde.

Malgré l'efficacité rare de cette escorte qui nous fait traverser cette ville qui semble magnifique en un rien de temps, nous parvenons un petit quart d'heure trop tard à la frontière. Toutefois, un douanier nous dit que nous pouvons passer la nuit là, devant le beau jardin de la caserne, et aller assister à la fameuse fermeture de la frontière. Nous comprenons alors que la foule que nous voyons se presser vers la frontière, vient assister au spectacle. Des centaines de pakistanais, beaucoup de lycéens, qui se séparent ensuite hommes d'un côté, femmes de l'autre, sur d'immense gradins face à la grille et à l'Inde. Côté indien, la même chose, face à nous. Et nous nous retrouvons au beau milieu, aux premières loges, sur de petites tribunes réservées aux VIP et étrangers... très discret. Des hauts-parleurs diffusent à grand renfort de décibels des musiques disco-anglo-pakistanaises archi entraînantes, des chauffeurs de salle brandissent des drapeaux pakistanais et font hurler à la foule des slogans nationalistes.

Foi de Toqué... nous n'avions jamais vu ça. Un show immense et ridicule. A peine descendus de notre Toqcar, à la fin d'une semaine harrassante au cours de laquelle les militaires, la police, dans un pays en état d'urgence et en pleine crise politique majeure, ne nous avaient pas lâché d'une tong, les voir défiler et se produire ainsi était extraordinaire. Les militaires des deux pays viennent baisser le drapeau, se toisant, claquant des pieds, dans un spectacle qui ferait passer la relève de la garde anglaise pour une chorégraphie village-people.

A la fin de ce grand moment surréaliste, ce sont nos enfants, et surtout Gaspard qui ont eu leur moment de gloire auprès des jeunes pakistanais et surtout pakistanaises. Gaspard a terminé dans nos bras, hurlant "non!" à ces jeunes-filles si belles qui lui souriaient, et se tenant les joues. Car là-bas comme en Inde, on pince les joues des enfants, pour leur souhaiter longue vie. Je peux vous dire que les nôtres ont peu de chances de pouvoir se réincarner à ce rythme effréné de pincements...

La nuit a été très paisible et nous étions largement, et pour une fois très calmement prêts pour passer la frontière quasiment les premiers le lendemain matin. Quasiment seuls, nous avons pu remplir les formalités sans aucune inquiétude, Gaspard serrant la main, comme un pro, de tous ceux qu'il rencontre, et nous, commençant à être aguerris dans l'art pas toujours simple de franchir une ligne.

Nous ne garderons pas un mauvais souvenir du Pakistan, au contraire, nous en avons de franchement bons et drôles, mais nous n'aurons pas eu le temps de connaître ce pays. Nous espérons que la situation politique va s'arranger, que des élections sérieuses vont pouvoir se dérouler, car beaucoup de pakistanais, y compris les militaires mettent tout leur espoir dans cet espoir de démocratie.

Toutefois il fallait bien quelques passages toqués dans notre Odyssée trop sage.
Nous nous reposons à Amristar, où nous sommes arrivés juste pour la plus grande fête hindoue : Diwali.
Aux dernières nouvelles et malgré notre arrivée, l'Inde n'a pas encore déclaré l'état d'urgence.

Chapitre 6 - The Rolling Toqs et les escort-boys

Le 5 novembre au matin, alors que nous redéménageons nos affaires de notre somptueuse chambre vers notre cher Toqcar, tout en préparant rapidement petit déj et tout pour la route, nos militaires arrivent, comme convenu. Il nous faut quand même retirer de l'argent, nous n'avons même pas une roupie pakistanaise, trouver du gazoil, du pain, du lait, de l'eau et de quoi manger pour les quelques jours à venir. Penny prépare une liste de courses pour leur expliquer ce que nous voulons : "pain, lait, eau, viande, riz, tomates, bananes, quality-street..." Nos pauvres escort-boys n'y comprennent rien, dieu merci. Xtophe part dans la voiture du chef, toutes sirènes hurlantes, pour le distributeur automatique. Penny part, accompagnée de 4 gaillards, faire les courses pour nous 7 (+ les chiens). S'il n'y avait un peu de tension dans l'air, la situation deviendraient presque confortable pour moi qui n'ai plus qu'à attendre livraison tandis que les enfants jouent sous la surveillance d'un garde armé...

Forcément, tout va beaucoup plus vite dans ces conditions, d'autant que les militaires sont visiblement pressés de nous faire quitter la ville, et nous nous retrouvons en un rien de temps, de nouveau sur la route. Les passages de relais entre nos escort-boys pakistanais se font alors très rapidement, la voiture qui nous précède se rabat sur la gauche, l'équipe nous fait signe de la main, nous la dépassons pour nous retrouver derrière une nouvelle équipe.

Assez étrange tout de même de voyager ainsi, parce que nous avons face à nous des militaires armés, assis à l'arrière du pick-up (nath, ortho ?) et qui ne nous lâchent pas des yeux... sauf quand il s'agit d'une moto. Et là... nous allons beaucoup plus lentement. Au point que de nouveau nous perdons patience et que Xtophe est très souvent sur le point d'aggraver la situation politique du pays en commettant quelques actes de rebellion. D'ailleurs nous semons quelques unes de nos escortes. La première fois, totalement involontairement : ils se sont mis derrière nous avec leur pétrolette et nous avons tracé. Pour réaliser dans une certaine hilarité que nous les avions perdus en route. D'autres fois beaucoup plus volontairement, parce que s'il est fort pour certains coups politiques, leur président ne leur offre pas de véhicules très efficaces (mais toutes ces vieilles bagnoles sont décorées de gommettes, c'est plus fort qu'eux et Rachel et moi on adore ça). Mais à chaque fois nous étions de nouveau accrochés par l'escorte suivante.

Heureusement les paysages étaient magnifiques. Entre les canyons, le désert, les villages, les animaux, les gens, nous en prenions plein les yeux. Heureusement aussi les enfants étaient adorables, nous les avions achetés à grand renfort d'autorisations honteuses de game-boy et de dessins animés. J'ai pris l'habitude de faire rapidement, lors des passages de relais un peu longs, quelques trucs à manger, du café pour nous, pas toujours simple, d'abord parce qu'il y a toujours une foule innombrable de badauds qui se plantent devant nous et nous regardent fixement (et ils suivent de près tous nos faits et gestes, voir Xtophe aller vider nos toilettes, avec derrière lui 15 mecs qui n'en perdent pas une crotte est un régal...) et parce que lorsque l'escorte est prête, on repart sans crier gare.

Nous pensions arriver à Sukkure, mais la nuit nous oblige à nous arrêter à Jakobabad, ville pétro-chimique poussiéreuse et malodorante. Dans les petites rues, nous nous faisons heurter par une moto, qui abîme notre pare-chocs. Nous nous garons devant la caserne des policiers, et sommes vite envahis par les enfants du village, fans de Gaspard. La scène de remplissage du registre est mémorable, nous sommes épuisés, le préposé ne comprend rien, il transcrit phonétiquement nos noms en urdu, je suis tentée de lui dicter n'importe quoi mais reste raisonnable. Nous nous offrons un bon dîner dans le Toqcar et dormons rapidement et malgré les moustiques et le bruit de la caserne et de nos gardes, installés sur des chaises juste devant nos véhicules.

L'avantage au Pakistan, c'est que les muezzins s'en donnent à coeur joie et qu'il n'est donc pas difficile de sortir du lit à l'aube. Nous repartons en trombe à peine notre café avalé et nos game-boys rechargées.

Le 6 au soir, nous voulons dormir à Multan. Nous n'y serons pas. Nous le comprenons assez vite lorsque nous voyons certains militaires pousser leur véhicule pour le faire démarrer (et comme en plus les militaires semblent être les mieux nourris des pakistanais, la scène est caucasse), ou passant à la station-service pour éviter la panne. Et puis les routes pakistanaises ne sont pas toujours toujours faciles, même pour des rolling-Toqs avertis. Nous avions repéré un motel à la description sympa un peu avant sur la route, nous nous arrêtons à ce moment-là pour demander à nos escorts-boys de nous y conduire. Ils ne comprennent visiblement rien à rien, et quand le chef de cette patrouille de choc prend notre Lonely-planet et se colle les yeux sur la page pour y lire l'adresse, visiblement quasiment aveugle, le fou-rire n'est pas loin. Il se décide finalement à arrêter des voitures sur l'autoroute pour trouver quelqu'un qui parle anglais et nous pouvons ainsi être conduits à un motel de rêve. Un endroit calme et verdoyant où les enfants et les chiens vont pouvoir courir dans tous les sens (je pense qu'on en parle encore dans le coin), où nous allons profiter de la salle de bain de nos anglais, heureux de pouvoir dormir dans une chambre (sinon ils dorment dans leur 4x4). Xtophe aperçoit un journal, en première page des images d'affrontements sanglants à Lahore, difficile d'en savoir plus. Des hommes armés sont encore postés devant notre Toqcar toute la nuit, et cette présence commence à nous peser sérieusement. Au cours de la nuit, lorsque nous sommes réveillés par des bruits de tirs, des cris, des sirènes, des klaxons, nous décidons de faire tout notre possible pour passer la frontière indienne le lendemain. Les nuits sanglantes portent conseil...

Chapitre 5 - The Rolling Toqs et le Pakistan en état d'urgence

Ayant passé la frontière irano-pakistanaise plus vite que prévu, nous avons pu rouler assez longuement, et sans escorte (oui, les deux sont liés) pour parvenir à la petite ville de ?????? . Les paysages étaient déjà différents : plus déserts, et surtout si les femmes en noir avaient disparu, c'est surtout parce que les femmes en général avaient disparu. En revanche les hommes, dans ce costume que j'adore et qui a l'air si confortable, étaient omni-présents et très curieux.

Un officier des douanes nous avait conseillé de dormir au "custom office" et nous avons réalisé qu'il paraissait naturel aux militaires pakistanais de loger les touristes dans l'enceinte de leurs bâtiment. Nous nous sommes donc arrêtés, épuisés mais ravis, dans une jolie et paisible forteresse de terre, au milieu du désert balouchistan côté Pakistan. Accueillis comme des rois, nous avons pu prendre le thé et discuter un peu avec nos hôtes, qui nous ont aussi invités à dîner à la cantine de la caserne.

Nous nous sommes retrouvés assis parterre, entourés d'hommes en armes vêtus de ce costume pakistanais que j'adore (je l'ai déjà dit ?), à observer et imiter leur façon de manger, de la main droite, sans couverts, et à essayer de communiquer. Nos enfants étaient parfaits, grimaçant à peine à cause des épices (mais nous avons un truc secret : nous les nourrissons avant les repas désormais), même notre Babar national se tenait bien, l'ambiance était parfaite. Un officier est alors arrivé, l'oreille collée à son poste de radio grésillant, tentant de nous expliquer une histoire d'état d'urgence, de président, de gouvernement, de liesse populaire, de militaires réquisitionnés... Nous ne comprenions pas grand chose mais devions avoir l'air suffisamment affolé puisqu'il n'a ensuite cessé de nous rassurer "no problem no problem"... Nous ne captons rien à la radio, et ne parvenons pas à trouver le moindre réseau téléphonique, nous pensons alors que nous sommes dans une région trop désertique, et puis que c'est toujours la même histoire au Pakistan... Nous dormons très très bien, parce que nous avions enfin passé cette région du Balouchistan iranien qui nous inquiétait tant. Aux innocents les nuits pleines.

Réveil à l'aube le lendemain, pour rejoindre Quetta. Nous n'avons pas de roupies pakistanaises, plus beaucoup de nourriture - je parle pour les autres, moi je suis très dégourdite et je dégotte toujours ce qu'il faut pour mes mini-toqués - mais assez d'eau et de bidons de diesel iranien, (d'ailleurs notre odorat a dû en prendre un coup vu l'odeur dans le Toqcar). Voilà notre folle équipe repartie dans le désert du Balouchistan, pakistanais cette fois-ci. Et quel spectacle !!! Malgré la difficulté de la route pour notre Toqcar pas du tout 4x4 mais au conducteur tout-terrain, nous en prenons plein les yeux. Et là encore, la présence de nos accolytes nous permet de profiter du paysage malgré les dromadaires, camions, dos d'ânes, passages sablonneux et frayeurs.

Nous ne sommes toujours pas escortés, mais nous devons nous arrêter, très/trop régulièrement, à des chek-points militaires. Gentiment, au début, nous remplissons des registres, avec nos numéros de visas, noms et tout le toutim, assez long pour notre véhicule.

Entre temps, nous récupérons une liaison téléphonique et recevons alors des sms assez mystérieux : "savons que les communications sont coupées, patientons" nous dit ma mère. " As-tu reçu mon mail, sinon en cas de gros pb au Pakistan, appelle-moi" me dit une amie bien informée... Nous commençons à nous dire qu'il doit y avoir piballe sous cailloux, ou dromadaire sous dune, ou militaire sous palmier. Nous profitons de ce moment de réception pour demander des infos et apprenons que le pays est en effet en état d'urgence et que le président mal-nommé tente un nouveau coup d'état.

Puis de nouveau notre téléphone est sourd et muet. Il faut dire que nous étions alors très près de l'Afghanistan et que nous avons dû profiter de l'aubaine (qui eût cru qu'un jour nous dirions cela ?) pour choper un réseau qui passait par là.

Nous poursuivons notre route, un peu moins sereins, jusqu'au moment où j'ai décidé de couper court aux remplissages inutiles de registres qui nous faisaient perdre une bonne demie-heure à chaque check-point (Nath, correcteur orthographique anglais stp). La malpolitesse a ses raisons que les militaires ignorent...

Arrivés au énième barrage militaire, je suis descendue, ai serré les mains des militaires en prenant mon air le plus Alliot-Mariesque possible (Dieu et l'éducation nationale et mes parents et mes amis et mes convictions me le pardonnent mais l'état d'urgence exige quelques retournements de tchador imprévisibles), me suis emparrée du dit-fucking-registre, ai griffoné dessus quelques vagues plaques d'immatriculation, une signature magistrale, ai intimé l'ordre à tous de ranger les passeports, de remonter en voiture, et nous sommes repartis, malgré la tasse de thé qui nous était, une fois de plus offerte et l'affolement de nos allemands pas du tout convaincus que ce soit correct et bien et courtois.

Les radios ont-elles bien fonctionné ensuite ? L'armée a-t-elle reçu l'ordre de chasser au plus vite cette diablesse occidentale du pays ? Toujours est-il qu'à chaque barrage, nous avons pu passer avec un rapide coucou et un numéro de plaque d'immatriculation. Et heureusement parce que les derniers kilomètres pour arriver à Quetta sont constitués par une route nommée "Lak-pass", qui n'est en fait pas une route mais un chemin cabossé et très raide, au point qu'un système de remonte-pente permet aux camions archi-chargés d'être hissés en haut par des tracteurs qui font la navette. Nombreux sont les camions et bus arrêtés sur le bord de la route, en panne ou immobilisés, le trafic y est impressionnant. Mais notre Toqué en chef s'en est tiré comme un pro.

A l'origine, nous pensions que Quetta serait la fin de la partie dangereuse de la route, or, en raison de l'état d'urgence, c'est à partir de ce moment-là que les militaires pakistanais nous ont accrochés, pour ne plus nous laisser.

Nous n'avons pas été mécontents d'être guidés pour traverser la ville et sa circulation dingue, hétéroclite et colorée. Les escortes se succédaient à chaque quartier, nous faisant passer des barrages policiers très nombreux, ce qui nous a permis de comprendre que visiblement la situation était assez sérieuse... Nous avons eu quelques péripéties avec un patron d'hôtel et avons fini par être obligés (par l'armée et l'hôtel) de dormir dans une immense chambre d'un grand hôtel. Les enfants étaient fous de joie, et nous... nous nous demandions comment dormir et se laver dans cette endroit archi crasseux. Les serviettes de toilette nous ont servi de tapis pour éviter les fourmis, la baignoire était percée mais les enfants ont pu s'y baigner longuement, Xtophe a un peu réparé les toilettes dont nous nous sommes servis le moins possible, nous avons tiré un canapé dans la chambre parce que nous voulions être tous dans la même pièce (c'était une suite messieurs-dames !) et que la porte ne fermait pas, nous avons dormi plus ou moins habillés et dans nos sacs de couchage, parce qu'il faisait froid mais vu que les rideaux avaient déjà commencé à brûler à cause de l'espèce de chauffage à gaz antémusharafien, mais nous avions pris un bon dîner que Penny et Brian avaient fait livrer dans notre suite et avions bien ri de la situation.

La nuit a été courte mais, contrairement à nos coéquipiers allemands trop fatigués, nous étions décidés à repartir à l'aube parce que même si les communications étaient rétablies les nouvelles que nous avons reçues par notre indic journaleux préféré (que nous remercions par la même occasion) confirmaient l'idée que nous ne devions pas traîner dans le coin.

jeudi 8 novembre 2007

A vos diaporamas !

Les photos nouvelles sont arrivées ! Elles sont ici.

Chapitre 4 - The Rolling Toqs au Pakistan


Le 3 novembre, nous étions aux premières loges pour passer la frontière, au point même que nous avons dû rebrousser chemin pour nous enregistrer à l'entrée, franchie la veille après la fermeture, grâce à notre escorte.


La sortie de l'Iran s'est faite très facilement, et nous devons dire qu'à plusieurs c'est aussi beaucoup plus agréable : nous sommes moins perdus, plus tranquilles, ceux qui restent au véhicule se sentent moins seuls face à la foule de curieux (surtout quand la masse de curieux est déviée grâce aux chiens des voisins), on est moins vulnérables face à tous ceux qui nous assaillent pour changer de l'argent, pour nous aider (ben voyons) ou nous enquiquinner, et surtout, ce qui peut être inquiétant lorsqu'on est seuls, devient carrément hilarant (Ximun correcteur orthographique stp, j'ai perdu mon gaulois dans le balouchistan je crois. Mais promis Monsieur le Proviseur, je le chercherai d'ici septembre) à plusieurs.


Si l'entrée dans le No man's land pakistanais a de quoi surprendre, les formalités se révèlent d'une simplicité étonnante et en un rien de temps, nous nous retrouvons, tous un peu stupéfaits, libres, comme mes cheveux, d'aller où bon nous semble.


Je ne peux résister au plaisir de vous raconter notre visite au "Tourism Information" installé judicieusement à la frontière. Les trois femmes de l'équipe, puisque comme tout le monde le sait, la culture et la connaissance passent par nous, nous précipitons toutes heureuses vers l'espoir d'une mine d'informations sur ce pays mystérieux. Nous nous retrouvons dans une immense pièce décrépie ornée de quelques très vieux posters de paysages pakistanais dans laquelle nous accueillent chaleureusement deux charmants jeunes hommes, l'un assis derrière un bureau, crasseux à souhait, sur lequel un présentoir offre quelques plans jaunis et poussiéreux... de Karachi. Uniquement. L'autre nous offre un verre d'eau. Nous demandons s'ils ont des cartes du Pakistan, ou d'autres villes, ils nous répondent par la négative. Nous cherchons toutes trois ce que nous allons bien pouvoir demander ou trouver ici. Notre anglaise toujours polie se sert un verre d'eau. Celui qui semble être le chef nous dit alors qu'il est chrétien. Penny qui ne se dégonfle jamais lui demande alors s'il n'aurait pas une carte chrétienne du Pakistan ou quelques informations chrétiennes sur le Pakistan. Il nous précise alors qu'il ne parle ni anglais, ni français, ni allemand. Juste Urdu. Nous étouffant dans notre verre d'eau, nous prenons alors congé en les remerciant, et avec la ferme certitude que nous venions d'entrer dans un nouveau pays un peu toqué...


La suite allait une fois de plus nous prouver que nous avions raison...

Chapitre 3 - The Rolling Toqs on the border-line


Nous comptions dormir à la ville frontière de l'Iran et du Pakistan, mais la route était longue. En sortant de Bam, d'abord nous avons été frappés par le paysage de désolation : cette cité somptueuse a été détruite en 2004 par un tremblement de terre énorme, qui a fait des dizaines de milliers de morts. Nous avons aussi compris que les escortes policières se relayaient au fur et à mesure de leurs districts. La première a fait 200mètres avec nous, et en sortant de la ville, nous en étions déjà à 3 ou 4 escortes... Il faut aussi imaginer que les passages de relais entre les escortes sont loin d'être au point en Iran. En général, nous avons donc dû attendre, au milieu du désert, l'arrivée de la patrouille suivante, et ce jusqu'à 15 fois dans la journée. Et comme les militaires iraniens sont très chaleureux et polis, d'abord tous ces gaillards armés jusqu'aux dents commencent par se faire de gros bisous, puis ils viennent nous saluer, puis noter nos immatriculations au moins, puis nous expliquer le déroulement des choses quand ils peuvent parler deux mots d'anglais, rarement, ce qui complique un peu nos échanges et les rend assez comiques. Et ce qui surtout double largement notre temps de trajet...


Les dernières escortes sont uniquement constituées d'un militaire qui s'incruste dans le Toqcar, j'en ai d'ailleurs viré un qui touchait à tout et était désagréable, à ce sujet je suis sans doute fichée en Iran comme le diable, et mon homme comme un Saint, parce que je fais beaucoup rire les iraniens quand je réagis vivement (notamment à la frontière turco-iranienne, alors que nous venions de rencontrer ces belges, que nous ne cessions de repousser tous les parasites qui nous demandaient des bakchichs, j'ai refusé de donner nos papiers à celui qui nous les demandait et dont l'uniforme n'était pas évident - il faut vous dire qu'il y a aux frontières, des tonnes de types dont on ne sait ce qu'ils font ni qui ils sont et qu'on a beaucoup de mal à comprendre ce qu'on doit faire-, il a dû appeler son supérieur, qui s'est bien marré quand il a compris qu'il avait à faire à une furie méfiante). Bref, je commençais à m'échauffer sérieusement de la situation...


Le 2 novembre, nous parvenons tout de même, en pleine nuit, à la ville frontière. On nous conduit d'abord, en plein coeur de cette cité assez glauque de ????????? dans ce qui semble être une espèce de parc devant un bâtiment désaffecté, vite envahi par tous les enfants de la ville, attirés par notre convoi, nos enfants, et les trois dalmatiens anglais, bâtiment qu'on nous présente comme un hôtel, sans chambres ni sanitaires ni nourriture ni portes ni rien, dont on ne comprend pas s'il sera gardé la nuit ou pas. Nous essayons de faire comprendre que nous voulons une autre option, et suivons aveuglément notre escorte qui nous conduit à l'intérieur même de l'enceinte de la frontière, à l'hôtel-resto destiné aux routiers ou/et aux douaniers, on n'a pas trop compris. Parfait pour nous en tous cas qui pouvons, en plus de dormir sur nos vingt-quatre oreilles, dans une chambre pour les plus mal lotis d'entre nous (nous sommes les seuls à avoir lits ET sanitaires dans notre véhicule) prendre un très bon dîner, et inutile de vous dire que dans ces circonstances toquées, lorsque la pression retombe, les bêtises et les fou-rires embrayent...

Chapitre 2 - The Rolling Toqs dans le Balouchistan iranien


Le premier soir de notre arrivée en Iran, à Tabriz, nous étions tombés sur Thomas et Verena, un couple allemand, avec qui nous avons décidé d'échanger nos infos et de faire convoi pour traverser cette zone dangereuse, en nous retrouvant à Yazd. Puis à Isfahan, nous avons recroisé Penny and Brian, anglais avec qui nous avions sympathisé à Dogubayazit, et leur avons donné rendez-vous également à Yazd. Entre temps, Thomas et Verena ont rencontré Marco et Yugini, suisse et allemande. Nous passerons sur les échanges de sms et mails ultra compliqués, sur les rendez-vous manqués et les quiproquo (ou proqui ou proqua j'en perds mon latin), mais nous nous sommes donc retrouvés, tant bien que mal, le 31 octobre au matin, sur le parking devant les Tours du silence, lieu de sépulture des Zoroastriens, à 7h30, pour nous rendre à Kerman. Les enfants étaient ravis, nous n'étions pas sereins...

A Kerman, nous avons campé sur le parking du Tourist-Inn, qui nous a fait payé une somme exhorbitante et a quand même daigné mettre à notre disposition une salle de bain dans une de ses suites luxueuses. A Kerman, nous avons aussi compris que nous avions une jambe de bois dans l'équipe, puisque Marco le suisse qui connaît si bien ce coin pour avoir fait cette route une dizaine de fois, a décidé de nous planter, sur un coup de tête, et sous un prétexte débile de chiens débiles. Inutile de vous dire que la nouille que je suis a pleuré comme une tarte, que les nerfs ont été mis à rude épreuve mais qu'au moins, nous avons mis sur pied une équipe solide et soudée.



Le 1er novembre nous avons donc poursuivi notre route dans le désert à trois véhicules, véritable famille Adams de voyageurs avec nos allemands, nos anglais, nos enfants nos chiens et nos trois bolides bizarroides. Quelques kilomètres après la route de Rayen, nous étions arrêtés par l'armée qui allait nous escorter jusqu'à Kerman. Les militaires étaient charmants, et nous assez rassurés de voir enfin cette escorte dont on nous avait tant parlé. Ils nous ont conduit dans un hôtel à Bam, et nous ont demandé de ne pas dormir dans nos véhicules, mais de prendre des chambres, bradées pour l'hôtel à cette occasion. Vraiment pas l'idéal pour nous, mais les enfants étaient fous de joie en découvrant l'immense chambre, l'immense baignoire, et l'immense lit (ils n'avaient pas encore compris qu'ils dormiraient parterre...)Nous avons pu nous reposer l'après-midi, les policiers nous ayant demandé de ne pas sortir, nous avons profité de la baignoire pour laver tout notre linge, avons pu tenir notre conseil de convoi dans un hall splendide, voyant arriver quelques autres voyageurs escortés par l'armée, et avons pu constater... qu'il est vraiment impossible de dormir avec un enfant de 2 ans.



A 6h le lendemain, quand nous sommes descendus pour reprendre la route, il faut dire que trouver nos militaires endormis, leurs mitraillettes dans les bras, sur les canapés du hall, avait quelque chose de surréaliste. Pour nous. Parce que les enfants s'étaient déjà habitués à la situation eux. Les enfants toqués sont comme tous les enfants du monde, en deux jours ils font d'une situation exceptionnelle la norme.



Et c'est ce jour-là que les grands Toqués ont appris qu'il leur faudrait apprendre la patience...

Chapitre 1 - The Rolling Toqs in the starting-blocks



Tout a commencé à la frontière entre la Turquie et l'Iran, le 15 octobre.



Alors que le Toqué en chef se démenait dans des tâches administratives obscures et que je tâchais d'occuper les petits toqués tout en assurant le spectacle pour la foule qui se presse toujours autour de nous, un couple européen est venu frapper à notre porte. S'ensuivent les politesses d'usage, en anglais, comme de coutume, puis nous réalisons qu'ils sont belges et que nous pouvons poursuivre en Français, scène qui fait encore rire les enfants. Ils rentrent dans le Toqcar, les dits-enfants sont ravis d'entendre parler français. Je leur demande comment était l'Iran : "merveilleux, très beau, les gens formidables, mais... nous avons été kidnappés dans le Balouchistan." De suite j'étais beaucoup moins heureuse que les enfants puissent les comprendre et les dits-enfants riaient beaucoup moins... Ils me rassurent, ne nous déconseillent pas du tout d'y passer, mais juste de respecter les règles qu'ils n'ont pas suivies, voyager en groupe dès Yazd et ne pas se promener seuls, surtout pas la nuit. Ils sont en vie, ne sont pas vraiment traumatisés, mais leur voyage a tourné court, leur voiture a été démolie et criblée de balles et ils ne savent comment la ramener en Europe (pour les non-initiés, nous perdons une fortune si nous revenons sans notre véhicule, quel que soit son état, une histoire un peu compliquée de carnet de passage en douane).



Cette entrée en matière a été un peu particulière... Nous avions entendu parler de ce couple, mais le rencontrer ainsi c'était assez surréaliste... Nous repartons avec leurs coordonnées, leurs conseils, et la ferme intention de récolter un maximum d'informations sur la traversée du Balouchistan, à cheval sur l'Iran et le Pakistan. Nous remercions Jean-François, notre indic de Voyage-Forum pour ses recherches, ses conseils et toutes les infos qu'il a récoltées pour nous à cette période. Parce qu'à partir de ce moment, nous avons bien étudié la question, avons envisagé toutes les possibilités, notre indic a même demandé des devis à des compagnies maritimes, nous avons pesé les risques et surtout pris mille avis auprès de voyageurs avertis ou non.



Nous avons beaucoup cogité durant notre séjour iranien, qui en a été un peu entâché. Nous en avons conclu qu'en voyageant en convoi, sans traîner et en acceptant la protection militaire lorsqu'elle se présentait, nous ne prenions pas un risque fou.



La suite vous prouvera que nous avions raison, mais nous avons eu, dès lors, quelques nuits un peu courtes et journées très très longues.

Hello India!

Bonjour à tous,
texto de Marie ce matin : les Toqués ont passé la frontière !
Youpi !

N de B