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vendredi 9 novembre 2007

Chapitre 6 - The Rolling Toqs et les escort-boys

Le 5 novembre au matin, alors que nous redéménageons nos affaires de notre somptueuse chambre vers notre cher Toqcar, tout en préparant rapidement petit déj et tout pour la route, nos militaires arrivent, comme convenu. Il nous faut quand même retirer de l'argent, nous n'avons même pas une roupie pakistanaise, trouver du gazoil, du pain, du lait, de l'eau et de quoi manger pour les quelques jours à venir. Penny prépare une liste de courses pour leur expliquer ce que nous voulons : "pain, lait, eau, viande, riz, tomates, bananes, quality-street..." Nos pauvres escort-boys n'y comprennent rien, dieu merci. Xtophe part dans la voiture du chef, toutes sirènes hurlantes, pour le distributeur automatique. Penny part, accompagnée de 4 gaillards, faire les courses pour nous 7 (+ les chiens). S'il n'y avait un peu de tension dans l'air, la situation deviendraient presque confortable pour moi qui n'ai plus qu'à attendre livraison tandis que les enfants jouent sous la surveillance d'un garde armé...

Forcément, tout va beaucoup plus vite dans ces conditions, d'autant que les militaires sont visiblement pressés de nous faire quitter la ville, et nous nous retrouvons en un rien de temps, de nouveau sur la route. Les passages de relais entre nos escort-boys pakistanais se font alors très rapidement, la voiture qui nous précède se rabat sur la gauche, l'équipe nous fait signe de la main, nous la dépassons pour nous retrouver derrière une nouvelle équipe.

Assez étrange tout de même de voyager ainsi, parce que nous avons face à nous des militaires armés, assis à l'arrière du pick-up (nath, ortho ?) et qui ne nous lâchent pas des yeux... sauf quand il s'agit d'une moto. Et là... nous allons beaucoup plus lentement. Au point que de nouveau nous perdons patience et que Xtophe est très souvent sur le point d'aggraver la situation politique du pays en commettant quelques actes de rebellion. D'ailleurs nous semons quelques unes de nos escortes. La première fois, totalement involontairement : ils se sont mis derrière nous avec leur pétrolette et nous avons tracé. Pour réaliser dans une certaine hilarité que nous les avions perdus en route. D'autres fois beaucoup plus volontairement, parce que s'il est fort pour certains coups politiques, leur président ne leur offre pas de véhicules très efficaces (mais toutes ces vieilles bagnoles sont décorées de gommettes, c'est plus fort qu'eux et Rachel et moi on adore ça). Mais à chaque fois nous étions de nouveau accrochés par l'escorte suivante.

Heureusement les paysages étaient magnifiques. Entre les canyons, le désert, les villages, les animaux, les gens, nous en prenions plein les yeux. Heureusement aussi les enfants étaient adorables, nous les avions achetés à grand renfort d'autorisations honteuses de game-boy et de dessins animés. J'ai pris l'habitude de faire rapidement, lors des passages de relais un peu longs, quelques trucs à manger, du café pour nous, pas toujours simple, d'abord parce qu'il y a toujours une foule innombrable de badauds qui se plantent devant nous et nous regardent fixement (et ils suivent de près tous nos faits et gestes, voir Xtophe aller vider nos toilettes, avec derrière lui 15 mecs qui n'en perdent pas une crotte est un régal...) et parce que lorsque l'escorte est prête, on repart sans crier gare.

Nous pensions arriver à Sukkure, mais la nuit nous oblige à nous arrêter à Jakobabad, ville pétro-chimique poussiéreuse et malodorante. Dans les petites rues, nous nous faisons heurter par une moto, qui abîme notre pare-chocs. Nous nous garons devant la caserne des policiers, et sommes vite envahis par les enfants du village, fans de Gaspard. La scène de remplissage du registre est mémorable, nous sommes épuisés, le préposé ne comprend rien, il transcrit phonétiquement nos noms en urdu, je suis tentée de lui dicter n'importe quoi mais reste raisonnable. Nous nous offrons un bon dîner dans le Toqcar et dormons rapidement et malgré les moustiques et le bruit de la caserne et de nos gardes, installés sur des chaises juste devant nos véhicules.

L'avantage au Pakistan, c'est que les muezzins s'en donnent à coeur joie et qu'il n'est donc pas difficile de sortir du lit à l'aube. Nous repartons en trombe à peine notre café avalé et nos game-boys rechargées.

Le 6 au soir, nous voulons dormir à Multan. Nous n'y serons pas. Nous le comprenons assez vite lorsque nous voyons certains militaires pousser leur véhicule pour le faire démarrer (et comme en plus les militaires semblent être les mieux nourris des pakistanais, la scène est caucasse), ou passant à la station-service pour éviter la panne. Et puis les routes pakistanaises ne sont pas toujours toujours faciles, même pour des rolling-Toqs avertis. Nous avions repéré un motel à la description sympa un peu avant sur la route, nous nous arrêtons à ce moment-là pour demander à nos escorts-boys de nous y conduire. Ils ne comprennent visiblement rien à rien, et quand le chef de cette patrouille de choc prend notre Lonely-planet et se colle les yeux sur la page pour y lire l'adresse, visiblement quasiment aveugle, le fou-rire n'est pas loin. Il se décide finalement à arrêter des voitures sur l'autoroute pour trouver quelqu'un qui parle anglais et nous pouvons ainsi être conduits à un motel de rêve. Un endroit calme et verdoyant où les enfants et les chiens vont pouvoir courir dans tous les sens (je pense qu'on en parle encore dans le coin), où nous allons profiter de la salle de bain de nos anglais, heureux de pouvoir dormir dans une chambre (sinon ils dorment dans leur 4x4). Xtophe aperçoit un journal, en première page des images d'affrontements sanglants à Lahore, difficile d'en savoir plus. Des hommes armés sont encore postés devant notre Toqcar toute la nuit, et cette présence commence à nous peser sérieusement. Au cours de la nuit, lorsque nous sommes réveillés par des bruits de tirs, des cris, des sirènes, des klaxons, nous décidons de faire tout notre possible pour passer la frontière indienne le lendemain. Les nuits sanglantes portent conseil...

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