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jeudi 13 septembre 2007

Toquades en cascade près d'Ithaque


On ne va pas vous raconter la Grèce, beaucoup d'entre vous connaissent. Ne vous réjouissez pas trop vite, vous aurez qd même droit à des déferlantes de photos des enfants se baignant dans des eaux claires, de pierres blanches et de ciel bleu et de votre prof de français préférée à moitié-nue sur des plages de sable fin, une oeuvre littéraire majeure dans les mains. Ou un bon polar. Ou un magazine débile. (Qu'est-ce qu'on ferait pas pour édifier les foules et amener la belle-jeunesse aux belles-lettres).
La nouveauté malheureusement cette année en Grèce, ce sont les paysages rouge et noir. Le Péloponèse a flambé. Ce qui est incroyable, c'est que toute la campagne a brûlé, mais qu'au milieu de champs cramés, de moignons d'arbres calcinés, la plupart des maisons semble avoir été préservée.
Il y a maintenant un peu plus d'un mois que nous sommes partis et pour le moment, tout se passe encore mieux que je ne l'avais imaginé.
D'abord, c'est la première fois que je pars hors vacances scolaires, et chers amis profs et/ou parents, sachez-le, ça change vraiment tout ! Là par exemple, nous sommes dans un camping à Olympie, où il n'y a qu'un autre campeur. Camping immense avec immense piscine qui donne sur l'immense campagne... on aurait presque la trouille.
Les amis, je crois qu'on va se régaler à la retraite.
On va se régaler doublement en fait parce que la vie sans travail, c'est quand même beaucoup plus léger et facile. Je me demandais pourquoi mes soirées étaient si agréables, outre le fait d'avoir un mari avec moi ce qui n'est pas mal déjà, mais tout simplement je n'ai rien à faire, pas de copies à corriger ni cours à préparer ni discussions pédagogico-psychologico-politico-amicales, ni courriers à rédiger, ni problèmes à éclaircir, ni situations à débloquer, ni soucis, déceptions, projets, angoisses, et comme par hasard je n'ai jamais aussi bien dormi de ma vie.
On va se régaler triplement quand j'y pense à la retraite, parce qu'il y a d'autres choses que je n'ai pas à faire le soir en ce moment : je n'ai pas à préparer les cartables, appeler les baby-mamies-voisines-amies sitter pour faire le point, à préparer les tickets de cantine, les cartes de garderie, les cahiers de solfège, les affaires de piscines, les sous pour la sortie, cadeau pour l'anniversaire de Toto, carnets de santé pour la visite médicale récite-moi ta poésie, comment ça tu n'as déjà plus de colle, non tu n'apportes pas tes cartes machins yoh à l'école, mais pourquoi ne m'as-tu pas dit avant que tes chaussures étaient trouées ? Vous avez enregistré le planning ? Voyons, rappelle-moi qui vient te chercher quand avec qui où ?... Rien de tout ça. Et puis être en tenue-coiffure-maquillage de vacances tous les jours, ne pas avoir à se demander si c'est trop court/long/coloré/stricte/décontracté, ni ce que voient des troupeaux de rugbymen quand on écrit au tableau, ça détend.
Il y a une dernière chose qui est beaucoup plus facile pour moi en ce moment : cet élément de ma vie que j'essaie d'occulter mais qui, je dois le reconnaître, occupe forcément une (trop) grande partie de mon temps dans ma vie (trop) normale de (trop) bonne-femme normale : les tâches (trop) ménagères. Parce que ranger et nettoyer un 15 m2, et à deux qui plus est, j'aime autant vous dire que ça paraîtrait presque amusant. ça me rappelle un peu ma jeunesse étudiante. Sauf qu'on était vachement moins de toqués dans les 15m2.
Moralité : pour passer une retraite heureuse il nous faudra beaucoup voyager en dehors des vacances scolaires, s'assurer que les enfants sont bel et bien partis (moi j'ai calculé large, y'aura aucun problème pour ça) et vivre dans un studio ou un camping-car. Ainsi on a le temps de lire, de parler, d'écrire, de lire, et de regarder enfin les saisons de séries intellectuelles et littéraires que les copines nous ont préparées avant notre départ (DHW en ce moment). J'avoue qu'il est jouissif de regarder Desperate House Wife dans une capucine de camping-car au milieu de la pampa albanaise ou grecque.
J'ai un peu moins le temps de lire que je ne l'aurais espéré. Mais il faut dire que c'est toujours le même principe : j'ai toujours beaucoup plus lu dans les périodes où j'ai beaucoup de travail, d'ailleurs c'est l'année des concours que j'ai dévoré la moitié des polars français. Face au devoir, rien de tel que la fuite et quelle meilleure fuite que les livres ? (question rhétorique merci de ne pas répondre). Quand en plus je peux y trouver une vague justification professionnelle ou intellectuelle, j'en abuse : courage, fuyons ! Je dois dire aussi que je savoure ce temps de lecture et ces livres qui m'attendent. Et aussi que j'ai qd même trois petits trucs qui occupent une partie de mon temps. La dernière fois que je suis venue en Grèce, j'avais 14 ou 15 ans, 2 petits frères, des parents qui me gonflaient, forcément, des amoureux éperdus que je venais de rencontrer et ne reverrais jamais mais je ne le savais pas dieu-merci, et j'ai lu en moyenne 3 livres par jour. Désormais mes petits frères sont grands et vivent loin (en tout cas ne dorment plus à côté de moi sous une tente), mes parents ne me gonflent plus, ou si peu, je n'ai plus qu'un amoureux (déclaré au moins), je ne sais pas s'il est éperdu mais je le retrouve chaque jour, seulement je ne lis plus que 3 livres par semaine. Les voyages forment la jeunesse mais aussi les profs de français finalement.
Par ailleurs merci aussi papa et maman de m'avoir laissé choisir allemand première langue. Je l'ai souvent regretté puisque ça m'a empêché d'apprendre l'espagnol et qu'ayant passé plus de temps en Allemagne qu'en Angleterre, j'ai un accent basque terrible quand je m'emploie à parler la langue de Shakespeare. N'empêche, quand on voyage en Mediterranée, on ne regrette plus du tout de pratiquer celle de Goethe.
Toutefois pour être totalement honnête, je dois dire que le meilleur dans cette odyssée, ce sont tout de même notre Ulysse et nos deux autre petits toqués. Voir le plaisir du grand au mille ruses face aux guides, aux cartes, l'entendre raconter Olympie à sa soeur avant même de l'avoir visitée et trépigner d'impatience face au site dont il rêve depuis longtemps, les voir s'extasier face à tout ou trouver naturel ce qui nous étonne, se réjouir de chaque endroit, de chaque départ et de chaque arrivée, les voir adopter avec tant de naturel cette vie de nomades et se faire si facilement une habitude du changement, voilà le vrai bonheur.
En vérité je vous le dis, c'est ici et aujourd'hui qu'on se régale.
La sagesse n'attend pas le nombre des années, ni les Toqués.

8 commentaires:

ximun a dit…

Zoupère !

C'est top... Je pense que j'avais grosso modo l'âge d'Ulysse quand on y était. Et les souvenirs sont encore vivaces. Profitez !

Sinon c'est moi où ils grandissent mes neuneuveux et ninièce ? Gaspard fait grand garçon comme tout !

Allez, bisou de la ville lumière et sa splendide fac en désamiantage perpétuel depuis mon bureau qui vibre au rythme des marteaux piqueurs et scies à béton.

nelly a dit…

Pourquoi attendre la retraite ? Vous pourriez intégré un groupe de nomades non ? Merci pour la recette de la retraite heureuse, reste plus qu'à espérer arriver un jour à la retraite . Merci pour ce blog TT, on vous suit ! Bonne route, bises.

Anonyme a dit…

La belle vie! Tu es prête pour devenir la retraitée américaine type qui se ballade partout dans son mobil-home!
Raconte-nous aussi les occupations de ton cher mari: à part faire des photos, conduire et pousser la poussette dans les moments où madame est fatiguée, as-t-il lui aussi le temps de se livrer à la contemplation et à la méditation?
Bises
Ps: Les dernières photos montrent un Gaspard qui n'est plus un petit bébé.

Anonyme a dit…

WAOUOUH, alors là, je suis scotchée par ton récit, c'est génial, ca fait du bien, c'est bien écrit, ca donne envie.... Je me rends compte que tu ne regrettes pas ton quotidien qui ressemble étrangement à beaucoup d'entre nous.... et tout te semble plus simple, moins compliqué, plus accessible, plus beau, un régal. merci 1000 fois, ca redonne des forces ces récits-là. merci encore.

Anonyme a dit…

Photos superbes... qui reveillent les souvenirs.
Gaspard devant les colonnes d'Olympie est déjà en fond d'écran, succédant à la tête d'ange de Samuel.
Nous sommes, nous, dans ce rythme infernal, contre-la-montre permanent que vous vous réjouïssez tant d'avoir laissé à Biarritz! Profitez !
Je trouve déjà les enfants grandis,je vous jure.

Anonyme a dit…

Gaspard remplace Samuel sur le fond d'écran d'amatxi.... Le voilà le scandale!
Bon je vais quand même aller voir sur les photos si je trouve que c'est excusable...

Anonyme a dit…

Super récit !!

et alors ... VIVE LA RETRAITE ^^ (futur)

bisous le stoqués

Janelle Steele a dit…

Nice blog you havee