Suivez nos nouvelles aventures sur http://lestoquesperdentlenord.blogspot.com

jeudi 30 août 2007

Seuls au monde


29 août 2007 : Nous voulions le calme et la solitude, nous avons été bien inspirés.
Passant par une route qui m'a donné quelques angoisses, une route incroyable qui grimpe sur la montagne, surplombant la mer, nous sommes allé faire un tour dans le massif du Biokovo, qui s'élève au dessus de l'Adriatique. Un désert de roches. Mais ce qui est fou en Croatie, c'est que même au milieu de nulle-part, on trouve des gens, qui apparaissent, qui arrivent d'on ne sait zoù et repartent au même endroit, des gens dans des voitures de films anciens, sur de petits tracteurs improbables, ou à pieds. De fait, le "nulle-part" n'est jamais loin de la côte.
Nous avions repéré, dans un lieu qu'affectionnent les alpinistes et spéléologues, un "etno-village". Nous sommes arrivés sur le lieu-dit, avons été accueillis par une vraie grand-mère croate en fichu noir et sa fille, ou petite fille, qui ont ouvert le hameau touristique pour nous (la dernière montée nous a valu de belles suées froides et nous avons préféré ne pas nous demander comment nous redescendrions), la saison ne bat pas son plein. Nous nous sommes alors retrouvés au milieu de ces montagnes, à deux pas de la frontière bosniaque, seuls dans un hameau du XVème siècle retapé avec goût, dont on nous a confié les clés, sans rien nous demander de plus (il faut dire que les enfants sont un beau laisser-passer, et que Rachel, se jetant dans les bras de Mama pour l'embrasser, a eu un franc-succès). A notre disposition, ce hameau, les petits musées, lubbie du propriétaire : une reconstitutions d'une maison ancienne, d'un atelier, et même... un musée à la gloire du président Tito... surréaliste !!! Ulysse a trouvé de prime abord le lieu inquiétant et beaucoup trop désert, je ressentais comme lui à la fois de la fascination et un peu d'angoisse, que n'a pas arrangé la poussée de fièvre qu'a décidé de nous faire Gasp à ce moment-là, suivi de près par Ulysse l'ami des foules. Mais pour notre petite sauvage : la révélation, le bonheur absolu. Rachel a de suite pris possession des lieux, elle qui ne nous lâche pas s'agrippant à mes jupes dans la foule et en ville, nous ne l'avons pas beaucoup vue, elle a de suite décrété que vraiment cet endroit calme était le rêve, qu'il y avait trop de bruit d'habitude, qu'on avait eu de la chance de trouver ce lieu. Quand Mama et sa fille sont venues nous offrir des figues, prunes et du raisin, ça a été le summum pour notre gourmande de fruits. Nous avons pu ensuite descendre au village (après des dialogues drôles et des jeux de mimes pour se comprendre) derrière la Mama, habile comme un cabri, pour acheter son pain. Ulysse a fini, comme Rachel, par avoir envie de rester dans ce lieu inhabituel où ils pouvaient jouer librement, y compris dans "l'éco-musée". Et mes angoisses m'ont abandonnée face au plaisir des enfants à notre Rachfolle bouillonnante d'énergie nous offrant mille spectacles et inventant mille jeux, et à cette quiétude rare.
Nous avons tout de même, malgré l'insistance de notre petite brebis, préféré repartir vers Dubrovnik, la perle de l'Adriatique.ve Ac les enfants patraques (que les grand-mères se rassurent il ne s'agit que d'un gros rhume) nous aimons mieux être près d'une grande ville mais sans cela, je crois que nous aurions pu rester un peu sur notre île montagneuse, auprès de ces gens chaleureux et accueillants.
En ce jour de rentrée des classes, nous pensons bien à vous, collègues et copains (et attendons tous les potins par mail) mais n'avons pas pu nous empêcher de décréter que ce serait pour nous un jour férié. Pas d'école exceptionnellement aujourd'hui pour les Toqués !

Voir Split et mourir

28 août 2007
Nous avons eu un coup de foudre pour Split.
Cette ville (ou plutôt la vieille ville) est incroyable.
A l'origine, l'Empereur Dioclétien, s'est construit dans ce petit port un petit palais de 38500m2, en 295 ap JC, afin d'y prendre sa retraite, puisqu'il était natif d'une ville non loin de là. Fait exceptionnel d'ailleurs puisque la plupart des Empereurs romains finissaient, normalement, assassinés. Le palais a ensuite servi de camp militaire aux divers barbares qui sont passés par là. Mais surtout, après la destruction de leur ville par des hordes d'Avars (me demandez pas qui c'était mais ils avaient pas l'air très gentil), les habitants de Salona, rivale de Split, sont venus se réfugier dans ce palais. Ils l'ont bonnement et simplement squatté, se construisant leurs habitations à l'intérieur.
Mais c'est là qu'a commencé la magie : tous ceux qui ont ensuite vécu dans cette ville de squatteurs n'ont pas démoli les vestiges du palais et des civilisations précédentes ! De vrais gens civilisés en somme. Ils ont utilisé les bâtiments qui existaient, les voûtes, les colonnes, les sols, et ont ajouté leurs édifices et ce, jusqu'à aujourd'hui ! Je vous jure que c'est magique à voir... une ville dans un palais qui laisse apparaître toutes les strates de l'histoire de la ville (et dieu sait que ce pays en a subi des influences des invasions), toutes les architectures, les rues sont pavées des sols superbes du palais, dans les sous-bassements, utilisés longtemps comme dépotoirs, ce sont des boutiques, on déjeune dans des ruines antiques, on prend le café face à un sphinx d'origine, dans le péristyle du palais et devant une cathédrale construite sur le mausolée de l'Empereur. Ironie que j'adore d'ailleurs : cet empereur a été célèbre surtout pour le zèle qu'il a mis dans la persécution des chrétiens. Et la cathédrale construite sur son tombeau, célèbre deux martyrs qui ont péri sous son règne.
C'est indescriptible.
Voir Split ne donne pas envie de mourir, mais bel et bien d'y revenir.
Nous avons également fait, juste avant, un tour par la charmante Trogir qui du coup semble un peu évincée. Nous avons trouvé une place de camping sympathique chez l'habitant, les pieds dans l'eau, mais nous nous échappons un peu vers les montagnes car la côte et son tourisme de masse, auquel, veinards que nous sommes, nous ne sommes pas du tout rompus; nous fatigue. Même si ça fait partie du voyage et des découvertes.
Les enfants, eux, sont toujours heureux. Gaspard d'autant plus qu'on prend le bus (souvenez-vous de ses trois passions : bateau, bus, oiseaux). Rachel d'autant plus qu'elle a vue sur la mer et qu'elle passe son temps à espionner le voisinage, le soir, avec ses jumelles depuis sa tour de contrôle. Ulysse... parce qu'il est toujours heureux, tel le bon toqué de base.

Enfin, si un jour vous devez m'offrir une ville, n'hésitez pas, c'est Split qu'il me faut.

Photos toujours ici

dimanche 26 août 2007

les joies informatiques du voyage

Les nouveaux articles sont plus bas : allez voir !

Nath de B.

------------------------------------------------------------------------

Je vous avais ecrit des tartines et je ne parviens pas a les copier ici
Vous patienterez donc mais pourrez en attendant voir quelques photos
et si je vous dis . čćsdfsdf đžđšćđ vous devinez ou, pas d´accent possible, nous sommes ?

bises a tous

TT

C9

jeudi 23 août 2007

Ma vie, cet enfer



Les photos sont toujours au même endroit.

Jeudi 25 nous avons filé en Slovénie.

Enfin, filé, façon de parler.
Il nous fallait un réservoir d'eau supplémentaire, que nous espérons trouver dans une Marina. Donc nous avons fait quelques marinas, sans succès. Et sous la pluie (la chance nous sourit nous avons eu un jour de beau temps pour visiter Venise, juste entre deux jours de pluie continue). Et dans les embouteillages. Heureusement que nous avons une année devant nous et donc une réserve de patience toute nouvelle et bien appréciable.
En approchant de la Slovénie, le paysage change tout à coup. Devient rocailleux, montagneux et il faut dire que cette arrivée sous la pluie était magnifique : la route longe l'Adriatique (à ce sujet nous avons un débat, mon mari persistant à me dire que l'Adriatique n'est qu'une partie de la Mediterranée, vrai ou faux ?), à gauche la falaise, à droite l'Adriatique, plate, grise. Christophe a vu des pingouins, nous avons décidé de le croire et un moment nous nous sommes demandés si, comme Zigomar, nous ne nous étions pas un peu trompé de continent...
Nous voulions nous installer sauvagement dans un village... impossible, en tout cas sur notre route, les 40 kms de littoral Slovène entre l'Italie et la Croatie. Les villes sont organisées en parkings payants archi-contrôlés. Nous avons fini dans un camping, pas du tout du tout adapté à la pluie sur un terrain qui s'était transformé en gigantesque bourbier... dans lequel nous nous sommes embourbés. Nous nous sommes donc retrouvés en pleine nuit, avec des enfants affamés et peinturlurés (Rachel refuse d'arrêter de se dessiner dessus, c'est très beau et tribal mais impossible de lui faire comprendre que le dessin corporel n'est pas au programme de CP, et donc son petit frère l'imite très sérieusement), embourbés dans un terrain en pente, terrain non éclairé, et vous vous doutez que vu l'ensoleillement du jour, nos panneaux solaires n'avaient pas vraiment rechargé nos batteries. Vous imaginez l'état de nos chaussures, de nos pieds, de nos fesses (ça glisse beaucoup la boue) Heureusement il est toujours possible d'abandonner se velléités écolos pour un peu d'électricité nucléaire. Heureusement les télétubbies sont là et ont pu faire patienter l'impatient. Heureusement nous sommes en vacances pour longtemps et la boue, ça se nettoie. Et puis un vent d'Est soufflait sur ce lieu, qui ressemblait un peu à un camping russe ou à l'idée qu'on peut s'en faire.
Et surtout heureusement, le lendemain matin, tout avait déjà bien séché et en un tour de roue, notre super chauffeur nous a tirés de ce mauvais pas.
Et nous avons filé vers le soleil de Croatie.
Premier pays dont nous ne comprenons pas la langue, dont l'alphabet comporte des lettres rigolotes, premier pays inconnu pour nous. Un pays qui était encore en guerre il y a peu, dont les maisons portent encore les marques des balles, dont les paysages laeissent paraître quelques ruines, mais un pays qui a connu un développement fou, avec des autoroutes toutes neuves, des tunnels brillants comme des sapins de Noël, et un pays organisé depuis quelques années pour le tourisme. Un pays méditerranéen dont les habitants nous semblent plutôt slaves. D'ailleurs, c'est bien la première fois que j'utilise autant mon allemand, et les enfants sont béats d'admiration face à mon anglais ォ et surtout quel super accent tu as maman ! サ... je sais vraiment pourquoi je les ai faits ceux-là finalement. Du coup ils sont très avides d'apprendre, à la fois l'anglais, mais aussi tout ce qu'ils peuvent dans la langue du pays. Et y'a pas à dire... ils sont bien plus doués que nous !
En Croatie, j'ai pu faire preuve de mon sens de la géographie et de la cartographie. J'avais étudié les guides et les cartes, et repéré notre itinéraire et un camping idéal pour nous, tranquille, en retrait de la Côte dalmatienne et de sa foule. Mais nous avons mis environ deux heures de plus que nécessaire pour y parvenir par un tour de magie dont moi seule ai le secret (voir notre itinéraire sur la photo, mon mari a gentiment noté notre boucle – d'ailleurs à ce propos, il manque notre première étape sur cette photo, que nous appellerons étape zéro).
Mais finalement nous avons pu admirer des paysages incroyables. Des déserts de roches, puis la côte Croate et ses îles. On comprend facilement le succès de ce pays.
Et nous avons trouvé un camping idéal : à quelques kilomètres de la mer, au bord d'un immense lac, dans une réserve naturelle. Camping pépère de pêcheurs, papis et petites familles... allemandes et croates. Parfait. Nous nous sommes équipés d'une canne à pêche (pas pour moi, je suis devenue patiente mais pas fêlée !), de chaussures pour se baigner (les plages ne sont pas de sable fin), d'une nouvelle selle de vélo moelleuse pour moi, je vais réviser la géo avec Ulysse et nous allons passer quelques jours dans le coin.
Le matin, depuis la fenêtre de notre capucine, une fois que toute la troupe nous a rejoints nous pouvons admirer les oiseaux avant d'admirer les bateaux, Gaspard est heureux. Ulysse et Rachel adorent m'accompagner dans mes supers activités : la vaiselle, lessive à la main, ils n'en reviennent pas et trouvent ça merveilleux. (Mes co-lessiveuses allemandes et pas très drôles ni causantes de plus de 60 ans aussi quand elles voient ma technique d'essorage : j'essore le linge sur mes épaules et sur ma tête. Ben oui, quand il fait plus de 30 degrés, je vais pas gâcher !)
Nous allons décoller de plus en plus tôt le matin parce que la vraie chaleur est là. Et nous calfeutrer à l'intérieur le soir de plus en plus tôt aussi parce que la nuit tombe vite et que les moustiques nous aiment beaucoup.
La vie est toujours douce. Notre Rachouille (qui, en passant soit-dit pour ses intimes, a troqué son collier porte-bonheur qu'elle n'avait pas enlevé depuis deux ans, pour un joli pendentif vénitien) dit déjà ォ la maison サ pour le camping-car. L'école se fait généralement un peu le matin après le petit déj. Puis un peu le soir, et aussi, pour ce qui est lecture et maths, en route. Un seul problème avec Rachel : elle est convaincue que tous ses exercices de maths (trucs à relier etc) aboutissent à un dessin. Elle se dépêche de les faire pour découvrir le dessin, et je vous promets qu'elle en découvre un à chaque fois : ォ tiens c'est un bateau, oh non un loup allez, je lui fais le nez サ, ォ ce coup-ci c'est un tee-shirt ! サ. Et certains exercices peuvent prendre du temps : quand il s'agit de colorier le bon nombre d'oeufs et qu'elle les décore de toutes les couleurs avec des frises incroyables comme des oeufs de pâques allemands, et qu'il s'agit d'en colorier 11, forcément... Mais elle découvre beaucoup de choses : hier soir, rentrant du restaurant où nous avions dîné en amoureux (les enfants jouant dans le parc juste sous notre nez, mais Ulysse trouve qu'on abuse des dîners en amoureux...), nous admirions la lune se reflétant dans le lac, et Rachel s'est exclamée : ォ Oh ! Ici en Croatie elle est ronde la lune ! サ
Nous comptons passer une quinzaine de jours en Croatie, essentiellement en Dalmatie, alternant repos, baignades, visites, randos. Nous continuons à nous rôder nous équiper et à profiter de ce que nous n'avions pas eu depuis des années : plusieurs semaines de vacances d'affilée tous ensemble.

Bon j'avoue ?
J'avoue.
Je l'ai quand même fait mon cauchemar terrible concernant le boulot, une réunion à laquelle je devais absolument participer, une culpabilité affreuse et l'angoisse de ne pouvoir y être... mais j'avoue aussi que le réveil et le retour à la réalité a été merveilleux !

C'est pas triste Venise


Mercredi 22 août 2007

Parmi les choses que notre Gasparov adore dans la vie, il y a les bateaux et les pigeons qu'il appelle communément « oiseaux ».
Aujourd'hui était pour lui une journée merveilleuse puisque nous avons visité celle qu'il faut avoir vu avant de mourir : Venise. Et entre les touristes, on peut apercevoir quelques bateaux et pas mal de pigeons.
Nous étions excités comme des puces à l'idée de visiter cette cité merveilleuse. Et ce qui en ressort pour nous, c'est que Venise est une ville totalement paradoxale. Ulysse vous parlerait de ce paradoxe fou qui fait que les bateaux circulent partout dans les rues, mais que du coup, le port est constitué par un quai et des bateaux à sec. Rachel vous parlerait des bateaux-camions-poubelles, il est fou de voir les gens sortir de chez eux par une fenêtre pour sauter dans un bateau, prendre le bateau comme taxi ou bus (difficile d'expliquer à Gaspard que sa troisième passion : les bus, était ici fondue avec sa première), c'est génial.
Venise est merveilleuse. Ces canaux, ces petites rues, ces palais somptueux, cette beauté architecturale et historique elle est telle qu'on l'imaginait... et à la fois elle est horrible. Parce que jamais ailleurs nous n'avions vu une telle foule de touristes. Le peu d'espace terrestre explique sans doute cette impression d'étouffement. Du coup c'est Las-Vegas. Et on s'y ruine à peu près autant. Nous ne regrettons pas la ballade en gondole, nous avons en plus eu la chance de tomber sur notre gondolier au détour d'une place charmante et la promenade était enchanteresse, au point que Rachel s'est assoupie. Mais la décence m'empêche de vous en donner le prix, juste une indication : le pipi ordinaire dans les toilettes publiques coûte 1 euro à Venise... Quant aux pigeons, si l'on sait que j'y suis allergique, que je les déteste, et qu'ils grouillent à Saint-Marc, que le film « Les Oiseaux » m'a traumatisée, vous imaginez vite que j'ai failli me sentir mal.
Alors oui nous sommes heureux d'avoir vu Venise, nous pouvons mourir tranquilles, mais nous irons plutôt mourir ailleurs. Un peu plus loin.

lundi 20 août 2007

La sauce a pris


Quel régal Bologne !

Après avoir quitté nos premiers copains de route avec qui nous avons passé une excellente soirée à Pavie à refaire le monde avant même de l'avoir examiné et qui nous ont délesté de quelques livres (d'ailleurs, avis aux copains d'Ulysse : il a adoré « Le Royaume de la fantaisie » de Jeronimo Stilton, le premier livre qui pue et qui sent bon, ça devrait en convaincre quelques-uns, merci super Mymy ! Je ne vous parle pas encore de mes lectures puisque pour le moment je descends les derniers polars et best-sellers que j'avais manqués, très reposants mais pas de quoi en faire un roman), nous sommes partis pour Bologne. Le camping est beaucoup moins séduisant que le précédent, mais il est grand et pratique et a une immense piscine. Pour le moment, nous privilégions les camping, d'abord parce que le camping sauvage est interdit, mais surtout parce qu'ainsi nous nous reposons, ne nous posons aucune question, apprenons sereinement à vivre en camping-car, et les enfants profitent de la liberté qu'offrent les installations.
Cette nuit, nous avons essuyé notre première averse (j'adore cette expression ). Après nous êtres endormis avec la clim pour la première fois aussi. Certains savent combien il est bon d'entendre la pluie quand on est bien au chaud sous sa tente... ben là c'est encore mieux. Parce que le matin, après une nuit à ne pas se demander toutes les trois secondes si les sardines vont tenir, si le double-toit aussi, on n'est pas obligé de sortir dans la bouillasse pour essayer de faire chauffer une casserole mouillée sous la tente sans y mettre le feu, puis de faire boire sans qu'ils le renversent, leur petit déjeuner à des enfants surexcités par la situation, pas obligé de tout plier (et le tout en question est trempé) sous la pluie, parce qu'en plus ce ne sont pas ceux qui ont failli mettre le feu à la tente et qui ont renversé leur bol sur les duvets qui vous aident, ils sont bien au chaud dans la voiture eux... Non là la seule question à se poser le matin, en buvant tranquillement son petit déjeuner copieux au chaud et presque dans le calme (parce que qd même la cuisine et la salle à manger ne sont pas loin des chambres...) c'est « qu'est-ce qu'on fait ? ».
Nous avons décidé de ne pas nous priver de Bologne, d'enfiler nos K-Way et de prendre le bus au lieu de nos vélos (youpi!!!). Grand bien nous en a pris (on dit vraiment comme ça en Français ? Scusi, je ne sais plus) il a fait un temps idéal et surtout... quelle ville... C'est somptueux. Les rues sont pavées rouges ocres et charmantes. Les églises sont plus riches et chargées et pleines de peintures de dorures d'anges de détails insolites. Les enfants s'y tiennent d'ailleurs très bien et jouent à repérer les boîtes à reliques, les tombeaux avec ouverture, les momies et autres bondieuseries bizarroides et un peu gores bien à leur goût. Ce qui nous a frappés dans toute cette beauté, c'est la folie de l'homme et sa créativité. Ces églises pleines de trésors, mais aussi ces tours (souvent penchées) élevées par des familles rivales. Cette fontaine de Neptune un peu olé-olé, tellement qu'un temps le dieu avait été affublé d'un pantalon en bronze afin de respecter la bienséance. Cette statue du pape à laquelle on avait vite donné une crosse d'évêque afin que les ennemis ne reconnaissants pas leur cible ne la fondent pas comme les autres effigies du prélat, le rayon de soleil qui à une heure précise traverse la cathédrale dessinant une ligne qui mesure je ne sais quelle proportion absurde et passionnante (genre un 600000ième du périphérique exact de la terre) et qui dessine un coeur, promettant mariage à toute célibataire qui le voit (manque de bol ou blague de l'église : le monument est fermé à l'heure-dite). J'ai adoré une « visitation des mages » admirée à San Stefano, et je pourrais bien, pour l'avoir sous mon sapin, me faire archéologue à la manière de Rachel (« pour ramener des trésors à la maison ») Et puis j'ai été bêtement émue par les monuments aux morts : des murs entiers des portraits de ceux qui sont morts à cause de l'autre versant de la folie des hommes : leur bêtise et leur cruauté. Les listes de noms c'est déjà prenant, mais tous ces visages, ça vous remue réellement les tripes.
Nous avons parcouru des kilomètres, nous sommes aussi régalé les papilles (Nelly, le 15 est chiuso per ferie, et la médiathèque l'était aussi mais merci pour les Sette chiese que nous aurions loupé sans vous), avons même trouvé une connection internet dans une cour somptueuse et silencieuse sur la piazza majore, moment incroyable auquel nous avons vite dû mettre fin car Gaspard se baignait dans les flaques formées par les pavés, que Rachel dessinait sur le sol grâce à l'eau de ces flaques et qu'Ulysse cherchait à trucider les habituellement paisibles pigeons à l'aide de son K-Way.

Les photos sont toujours au même endroit.
Toujours en vrac.
Je vous préviens de suite : elles n'ont pas toutes un intérêt évident et culturel, mais ce blog est aussi un moyen pour nous de conserver nos souvenirs, et de montrer à certaines grand-mères que leurs petits enfants sont toujours beaux et en bonne santé, à défaut d'être toujours sages... D'ailleurs à l'heure où je vous écris, après une partie de cache-cache endiablé dans le camping-car (je vous jure que ça ne leur pose aucun pb, à nous un peu à vrai-dire), Gaspacho est couché et les grands essaient d'accrocher une immense carte de la France au plafond au dessus de leur couchette. Finalement un mélange de nos préoccupations actuelles entre la géographie, les cartes routières et les fresques de Michel Ange et autres splendeurs.

Amis sédentaires, nous pensons à vous et vous embrassons tous !

samedi 18 août 2007

Bella ciao


16 août 2007
« J'oublie toujours qu'on est autour du monde- ou au tour du monde comme le tour de France, je ne sais trop ce qu'elle entend vraiment mais c'est son expression - on se croirait presque en vacances !!! » s'est exclamée Rachel alors que nous montions courageusement à vélo vers la Sacra di San Michele. Ou plutôt pendant qu'elle admirait le paysage et cueillait des fleurs et philosophait et que ses pauvres parents et son vaillant grand-frère pédalaient ou poussaient les vélos.
Impressionnante cette Sacra. On imagine tout à fait une ambiance digne du Nom de la Rose et je peux vous dire que face à ces monuments épousant la falaise et surplombant toute la vallée, on se sent humble et un peu flageolant.
Ah oui parce que j'ai oublié de vous le dire : nous sommes en Italie !
Nous avons (enfin selon les enfants) quitté notre bonne vieille France et ce qui est bien avec l'Italie c'est qu'on n'est jamais déçus, dès les premiers mètres, on sait qu'on y est. C'est tout de même fou ce qu'une histoire, une culture, un peuple imprègne un lieu, parce qu 'une frontière c'est bien peu de chose matériellement si l'on y pense. Et encore, lorsqu'on traverse un tunnel, on a un peu une impression de transition. D'ailleurs notre poète toquée, sur la route, au milieu du tunnel du Fréjus se réjouissait déjà : « Oh ! Mais ça semble très très beau l'Italie ! ».

18 août 2007
Au programme à Pavia : visites et ballades à vélo dans une ville charmante et qui semble bien vide, fantomatique même dans certains quartiers, comme toutes les villes universitaires l'été, dégustation de glaces, de pâtes fraîches, de sauces au basilic, de laitages très lactés, de fromages, de pizza, nous mettons un point d'honneur à ne manger que des produits locaux et vous vous doutez que la cuisine italienne plaît aux enfants qui dévorent. Nous y restons une troisième nuit puisque nous avons trouvé un camping charmant qui nous ravit tous : très joli endroit, très calme et familial, avec une piscine de taille parfaite, sur une fausse plage, hier soir nous y étions seuls, à siroter, après un petit tour dans l'hydro-massage (j'en rêvais et là il me tendait les bras) notre apéro de fin de première semaine (l'enfer je vous dis). Et la particularité de ce lieu est le cours d'aquagym en milieu de journée : tout d'un coup, des bonnes-femmes affluent et sortent d'on ne sait zoù, la musique techno se met en route, à fond les ballons et pendant une heure, notre paradis désert se transforme presque en piscine d'Ibiza... stupéfiant !
Nous profitons de cette quiétude quasi parfaite pour peaufiner nos installations et nous débarrasser de quelques livres. Le Gaspacho fait du charme à toutes ces dames qu'il salue de “ciao” irrésistibles, Ulysse se fait des tonnes d'amis.
Et pour ne pas décevoir les admirateurs de notre princesse intersidérale : une petite Rachelade. J'ai la chance de n'être pas seule sur mon vélo, mais d'avoir ma fille derrière moi. Et donc l'animation sonore et les encouragements. Alors qu'elle s'étonnait d'entendre un feu tricolore sonner, je lui explique la raison de la chose, profitant comme toujours, de cette occasion pour faire une petite ouverture sur le handicap etc etc. Elle me demande alors comment font les aveugles pour se repérer dans la rue, je lui parle de mémoire et puis de leur canne blanche. Et là elle s'exclame : “Ah oui ! C'est comme les morts-vivants !” Face à mon silence interloqué (et n'oubliez pas que je pédale aussi pendant tous ces échanges surréalistes), elle précise : “Ben oui, les aveugles font avec leur canne comme les morts-vivants avec leurs mains...”. Logique.
Viva Rachel et viva Italia !

Les photos se trouvent ici

mardi 14 août 2007

Le monde des grands est bien trop petit !

13 août 2007, Villard de Lans,

Ce qui est drôle avec notre « Tour du monde », c'est qu'alors que nous avons fait nos adieux à tout le monde, alors qu'on nous a donné mille recommandations, prédit mille soucis, que le pays entier tremble parce que nous allons traverser des contrées lointaines qui semblent à tous affreusement hostiles et périlleuses et faire courir mille dangers à nos pauvres enfants innocents et fragiles, que nous risquons à la fois les enlèvements, les maladies les pires, le divorce, que tout le monde s'inquiète de notre rapatriement sanitaire et de la couleur de mon voile, notre première nuit, nous l'avons passée... à Cahors ! La seconde à Mende et la troisième à Villard de Lans.
Et le dépaysement est déjà là.
Nous nous sommes régalés à St Cirq Lapopie (poil au nez), les gorges du Tarn nous ont semblé magnifiques malgré la foule, l'arrivée à Villard de Lans par les routes de montagne splendide (et effrayante surtout pour la copilote qui, elle, est au bord du précipice – mais oui je sais bande de mauvaises langues, j'en verrai d'autres !), nous avons eu la chance de ne tomber que sur des campings familiaux, sympas et tranquilles. Bref... les vacances dans les vacances c'est pas mal !
Nous dormons tous comme des bébés, comme le dit Ulysse, on se sent finalement plus en sécurité dans le camping-car qu'à la maison, et j'avoue que malgré la nécessité de tout ranger tout le temps, vivre dans un petit espace a beaucoup de bon (et certaines reines du sacrifice et du dévouement me comprendront).
Nous profitons de cette période d'essai pour nous rôder tous, pour penser à vider la boîte à caca avant qu'elle ne déborde (je ne parle pas de Gaspard), pour nous habituer à tout bien caler sinon gare au chambardement dans les virages. Nous procédons à des aménagements, à des arrangements, et nous ne déchantons pas, bien au contraire !
L'école a commencé pour les grands, histoire de voir, de s'organiser et de pouvoir prendre le temps plus tard. Pour le moment, la maîtresse occasionnelle admire surtout la patience de ceux qui font ça tous les jours avec une classe pleine et toute la journée... L'avantage c'est que la maîtresse-buissonnière a des élèves plutôt rapides, une élève de CP qui lit comme un livre et adore travailler, et un élève de CE2 plutôt rétif quand il s'agit d'orthographe et de Français mais avec qui elle a passé le marché suivant : « si tu lis une heure de plus chaque jour, on pourra faire plus de maths d'histoire et de géo » et que de toute évidence une ou deux heures par jour suffiront largement. Pour le reste, il s'apprendra en direct. Première leçon hier pour Rachouille amie des bêtes : nous sommes installés royalement face au massif des écrins, en face de nous, dans les pâturages : un grand troupeau de belles vaches. Rachel les voyant s'écrie : « Oh oh oh regardez !!! Regardez ces... » « Mais Rachel qu'est-ce que c'est ? » « Ben je sais pas moi... ». Donc leçon n°1 : les vaches. Une heure plus tard, à table, Rachel s'écrie : « Oh les moutons sont partis ! » « Mais Rachel ce sont des vaches on t'a dit », « Oui mais des vaches qui ressemblent qd même vachement à des moutons ! »... Heureusement, elle lit très bien...
Quant à l'élève de 22 mois, sa grande soeur très raisonnable profite des trajets pour lui apprendre à chanter (le répertoire n'est pas totalement agréé par l'Education Nationale), à dessiner (le support n'est pas non plus dans le référentiel, puisqu'il s'agit essentiellement de dessin sur mains/pieds/joues) et il peaufine sa technique en rugby-course-foot-rigolade.
Point de vue aventure, Rachel est tombée la tête la première dans un ruisseau glacé, et point de vue rencontre : en faisant nos courses à Carrefour-Grenoble, je suis tombée sur ma vieille amie d'études parisiennes C, pas vue depuis 7 ans !!! Le monde est petit...
Comme on sait que toute histoire dépend surtout de la façon dont elle commence, moi je dis que celle-ci promet d'être plutôt réussie !

lundi 13 août 2007

...Télégramme...Télégramme...Télégramme...

Tout va bien. stop. Indigènes sympas. Stop. Turista presque vaincue (sauf pour le grand Toqué) poil au nez. Stop. Routes sinueuses étroites et peu fréquentées. Stop. Nourriture locale délicieuse. Stop. Animaux locaux impressionnants. Stop. Soleil parfait. Stop. Nuits fraîches. Stop. On poursuit notre route demain. Stop. Pour Grenoble. Stop.
Photos et vrais textes suivront. Stop. Bled trop paumé pour vraie connection. Stop. Plaise à dieu que ce message vous parvienne. Stop.

Bises à tous des Toqués from far away (Villard de Lans)

vendredi 10 août 2007

Nous y voilà.

L'essentiel est prêt. Les médocs, les vêtements, les livres, les outils, les papiers sont en place, reste à charger la nourriture, à faire quelques bidouilles informatiques, à récupérer un réservoir d'eau (ça "on" vient de me l'annoncer)et on pourra mettre les voiles.
On a dit au-revoir à tous les amis (la dernière vient de partir). Certains seront là pour agiter des mouchoirs demain.
Amatxi a été très forte et nous a fait un repas de rois. Mamie est là, qui a fait l'aller-retour pour l'occasion.
Les grands étaient patraques ce soir... en fait inquiets pour leurs grands-parents, surtout notre grand si sensible. Ils ont été rassurés par notre sermon version "nos enfants ne sont pas nos enfants et quand vous vous partirez etc etc etc..." Du coup, rentrés à la maison c'était l'excitation : "demain c'est le grand jour" répété en boucle. Quand ils ont entamé "Staying alive" en sautant sur les lits les autorités ont tout de même mis fin à l'agitation se rappelant intérieurement le sermon, rassurant pour nous aussi parfois : "nos enfants ne sont pas nos enfants etc etc etc...".

Mais ce qui est fou dans cette histoire, c'est que nous, on a encore une semaine en France, et un bon mois en Europe ! Et pour le moment on veut dormir, lire, dormir et dormir. Et lire. Et dormir.
Et demain soir, si tout va bien, nous serons probablement... du côté d'Agen !

Bonne nuit à tous... Jour J, nous voilà !

mardi 7 août 2007

J-3



Bon.
Il nous reste juste un milliard de choses à faire.
Les enfants ont décidé de tester nos compétences de voyageurs et s'offrent une tourista pré-odyssesque.
Certains de leurs réveils nocturnes sont sans doute liés aussi au départ, les miens le sont tous.
Nos armoires sont quasiment vides, la maison n'a jamais été aussi bien rangée, le moindre tiroir a été passé au Pliz, la moindre trousse a été lessivée.
Nous envisageons de créer un audio-guide pour notre camping-car qui reçoit des tonnes de visites.
Le Jedi a mis la clé sous la porte de son entreprise.
Nous allons bientôt laisser celles de notre maison.
Si tout se passe bien, nous recevons nos derniers vaccins mercredi, notre dernier document important jeudi et nous pouvons partir comme prévu vendredi dans la matinée, direction l'Italie, via le tunnel de Fréjus. A nous les Nationales, les petites routes pour nous offrir quelques jours de rôdage et de repos. Quelques jours... ou une année plutôt ! Sauf pour les enfants qui prennent le chemin des vacoles dès vendredi...

Vous nous manquez déjà un peu mais nous n'avons jamais été si impatients de partir !