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dimanche 23 décembre 2007

Bons baisers de Fort Cochin


On vous l'avait raconté, il y a parfois quelques moments difficiles, quelques plans un peu foireux au cours de notre odyssée. Mais nous en sommes désormais certains : après la pluie vient le beau temps, après un ratage vient systématiquement une bonne surprise (si si c'est scientifique), même si après les cocotiers viennent encore et toujours les cocotiers.

Lorsque nous avons quitté notre petit coin de paradis de Gokarna, toujours accompagnés de Pavlo et Ivan, deux jeunes ukrainiens charmants voyageants en auto-stop, nous avons trouvé un nouveau coin très tranquille, si l'on excepte nos admirateurs plutôt nombreux à la sortie de l'école. Nouveauté toutefois pour la Toquée : la baignade habillée. En territoire musulman et hindou, inutile d'en rajouter au spectacle. Nous y avons passé une soirée sympa, dans les charmes du voyage il y a ces moments où on se retrouve dans le Toqcar à regarder des photos d'Ouzbékhistan, avec des ukrainiens, sur une plage du Sud de l'Inde.

Le lendemain nous avions l'intention de camper sur une plage qu'on nous avait indiquée dans le Kerala. Il faut tout de même dire que cette région d'Inde est splendide : une nature foisonnante verte, colorée, tropicale, des canaux - les backwaters - absolument partout, ce qui vous laisse tout de même imaginer le climat, très chaud et très humide et les bestioles, très envahissantes. Arrivés à l'endroit prévu en beaucoup plus de temps que prévu, nous avons réalisé que la plage en question était en bord de route, ce qui signifie très exposée aux passants et avons, avec l'optimisme qui nous caractérise, décidé de poursuivre notre chemin afin de trouver mieux. C'est ainsi qu'en pleine nuit, après une route un peu compliquée, que n'ont pas arrangé les vomissements d'Ulysse, la diarrhée de Gaspard ni le semi-enlisement du Toqcar dans un endroit que nous serions bien incapable de placer sur une carte d'Inde mais où en moins d'une minute nous ont rejoint plus de 60 personnes (on les a comptés), nous nous sommes posés, non loin de la mer, dans un champ, apparemment désert que son propriétaire nous prêtait. En moins d'une minute c'était 100 jeunes surexcités qui entouraient le Toqcar, frappant à la porte, aux fenêtre, riant, criant, nous obligeant à nous calfeutrer à l'intérieur. C'est là que nous apprécions l'air conditionné et nos volets. J'ai cru que j'allais péter une durite même si je ne sais pas ce que c'est, et que mon doux époux allait étrangler quelque indien et lui enseigner la non-non-violence. Nos courageux ukrainiens sont partis nous chercher un remède alcoolisé à la première ville, nous avons organisé une de nos fameuses soirées vidéo pour les enfants, et avons fini par beaucoup rire et nous coucher un peu trop tard.

De toute façon, vu que toute la nuit, les rickshaws, les motos et tous les environs ont défilé à notre porte, nous ne risquions pas beaucoup dormir. Nos jeunes invités ont quand même monté leur tente sur la plage.

A 6h30 le matin, enfants et adultes étaient déjà très nombreux autour du camping-car, et très bruyants (dans ces cas-là beaucoup ont leur brosse à dents à la bouche, ils viennent faire leur toilette en nous regardant), et nous avons vu nos amis campeurs arriver, une demie-heure plus tard, entourés d'une troupe de 50 enfants, qui leur ont fait l'honneur de leur chanter une chanson devant la tente pour les réveiller...

Nous avons pris la fuite, la route nous a conduits à un bac, moment réjouissant pour tous, et après avoir de nouveau quitté de nouveaux amis, nous avons filé dans la direction de Cochin.

C'était la pluie.

Le beau-temps le voici : après avoir visité un lieu où les cornacs chouchoutent les éléphants consacrés à des cérémonies religieuses, nous nous sommes retrouvés par le plus grand des hasards et beaucoup de culot (il en faut en matière de météo), dans un village de pêcheurs à une soixantaine de kilomètres au Nord de Cochin. En plus des paysages idylliques, les habitants ont été plutôt discrets et totalement absents de nos parrages dès la tombée de la nuit, et surtout nous y avons fait des rencontres passionnantes. Sree, lycéenne de 17 ans, qui avec sa famille nous a expliqué leur vie et la façon dont les cocotiers servent à tout : nourriture, fabrication de la corde, des murs, des nattes, des toitures, de jouets, de balais etc etc. Vraiment formidable pour nous européens empotés de voir à quel point on peut vivre en totale harmonie avec la nature et dans la plus grande simplicité (mais pour certains aussi quand même une grande pauvreté). Christophe s'est aussi fait un ami avec qui il a passé de longues soirées à bavarder et qui nous a invités à partager un petit-déjeuner chez lui, sous les portraits de Gandhi et de Marx, puisqu'il faut savoir que le Kerala est un état marxiste. Mais d'une belle mixité religieuse : les temples cotoient les églises qui jouxtent les mosquées (et tous s'en donnent à coeur joie le matin dès 5h, le bonheur).Nous avons pu découvrir la fabrication de bateaux et avons été invités à l'inauguration d'un festival de musique qui aura lieu en janvier (ils voulaient tous qu'on revienne), nous avions pour une fois une excuse pour ne pas écouter les discours des officiels, les enfants ont fait des parties endiablées de bouée de pêche sur les filets des pêcheurs, le tout sur un fond de soleil couchant avec bancs de dauphins qui passent au loin... comment vous dire... tout simplement de quoi faire rêver mon tonton Cristobal.

Nous sommes repartis totalement réconciliés avec les indiens et l'Inde, qui est vraiment comme ses saisons, sans nuance aucune, capable du pire et du meilleur.

Nous aurions beaucoup à vous raconter sur tout ce que nous avons appris, découvert sur l'Inde, sur nous, sur les réactions des enfants, le succès de Babar qui parle Mayalaram et est propre (dieu merci car les couches indiennes sont trop petites pour lui), sur Ulysse et Rachel qui parlent de mieux en mieux anglais, mais nous avons un nouvel objectif : nous mettre enfin dans le bain de Noel. Nous sommes chez nos amis anglais rencontrés en Iran, à Fort Cochin. C'est beau, c'est reposant. Nous allons décorer la maison, faire quelques courses top-secrètes, demain soir nous dînons au restaurant en bord de mer, puis messe de minuit à la basilique et le 25 nous mijotons tous ensemble un festin anglo-franco-indien et qui sait... peut-être le Père Noel nous aura-t-il trouvés. Mais avant de partir il devra se découvrir, dehors il fait très très chaud.

Joyeux Noël à tous !

9 commentaires:

Na a dit…

Moi, je crois que je l'aurais pété(e), la durite/le câble/les plombs !!
Mais vous avez été très forts et très zen, bravo !! (ça, c'est sans doute grâce à l'épisode de la poste à Delhi, non ?! Plus rien ne vous étonne maintenant et vous avez acquis une patience à toute épreuve !)
J'ai beaucoup aimé le passage des Indiens qui viennent vous observer en se brossant les dents ;-))

Chers bloggueurs, courez voir les photos, il y en a plein de nouvelles !

Bonne déco de Noël, les amis !

Anonyme a dit…

Merci merci merci de nous faire vivre cette folle aventure avec toi Thérèse !

Les photos sont superbes, tellement émouvantes pour certaines...

Joyeux Noêl à toute la famille de toquée !

Anonyme a dit…

super récit du bout du monde!
Cette série de photos est superbe, les fonds d'écran valsent...Les paysages, les rues et boutiques commencent à ressembler à l'Asie du Sud-Est que l'on connait un peu...
Passez un beau Noël, vous ne l'oublierez jamais celui-là!
On pensera à vous quand on se blottira devant la cheminée, et on vous enverra les photos nous aussi.

Anonyme a dit…

Jusqu'à présent, vous visitiez des endroits que j'ai toujours rêvé de visiter.
Maintenant, vous me fournissez de nouveaux rêves en me parlant d'endroits que je connaissais même pas.
Un vrai cadeau de Noel! merci!
Toute la famille parle beaucoup de vous, et pense à vous!
très joyeux Noel à tous les 5!
et j'attends un compte rendu complet de la messe de minuit!

Anonyme a dit…

Que du rêcve , c'est bon de vous lire !!

Joyeux noel les toqués !!!!!

bisous

Choukette

ximun a dit…

Et vous n'imaginez pas, en plus, comment vous êtes pratiques comme sujet de conversation quand on n'a rien à se dire dans les cocktails mondains !

Allez, gros bisous à vous deux et aux loustics, moi je file à Biarritz, JOYEUX NOEL !

Anonyme a dit…

C'est vrai, ça! Dans les cocktails mondains, il est IN-TA-RI-SSA-BLE
sur votre folle équipée!

Lehhandro a dit…

Bonjour! L'ami de ces compagnons de route accidentels (Ivan et Pavel) de l'Ukraine que s'est rencontré à vous en Inde vous écrit et vous leur accordiez bienveillantement l'aide. Merci immense de leurs amis. Des chemins faciles, les impressions vives... P.S. Excusez pour probablement les paroles incorrectes, je me sers simplement on-line de l'interprète.
Respectueusement Alexander Molchanov

Emman a dit…

J'ai enfin compris comment écrire un petit mot. Ton blog est absolument MAGIQUE ! Tes récits si passionnants, ce que vous vivez actuellement est sans comparaison.

J'imagine et espère que vous venez de vivre l'un des plus beaux Noël de votre jolie existence.

Merci infiniment pour ce voyage que tu partages avec nous si généreusement, si joliment.

Gros bisous.
Emman.